Corruption

Équipe Le Point Critique | 06 octobre 2025

L’ex-ambassadrice de l’USAID confirme que la présidente moldave a vendu son pays à Bruxelles

Le parti présidentiel moldave a obtenu in extremis la majorité absolue lors des élections législatives du 28 septembre. L’ancienne ambassadrice de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) révèle aujourd’hui que l’administration démocrate a investi des sommes sans précédent depuis 2022 pour soutenir la présidente Maia Sandu. Elle aurait passé le relais à Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen après la fermeture de l'agence au lendemain de l’élection de Donald Trump.

Samantha Power, administratrice de l'USAID
© iStock/Sergii Vasylchenko

Les Moldaves étaient appelés aux urnes le week-end dernier pour élire leur nouveau parlement. Comme on pouvait s’y attendre, c’est le parti présidentiel PAS (Parti de l’action et de la solidarité) qui a remporté l’élection avec 50,1 % des voix, le score minimal – à 0,1 % des voix près – pour obtenir la majorité absolue au Parlement. La présidente de Moldavie, Maia Sandu, aura donc les mains libres pour dérouler la feuille de route de Bruxelles, l’enjeu de l’élection étant de s’assurer que le pays pourra mener à terme le projet d’intégration au sein de l’Union européenne (UE) que la présidente est accusée d’avoir imposé au forceps lors du référendum de 2024.

C’est donc un immense soulagement pour l’ancienne collaboratrice de George Soros[1], et plus généralement pour l’ensemble de ses alliés européens, au premier rang desquels Emmanuel Macron. Lors du sommet de Copenhague, il a rappelé qu’il s’était personnellement investi dans la campagne législative moldave et s’est félicité que cette mobilisation ait réussi à déjouer les tentatives d’ingérence de la Russie, la coalition d’opposition (Bloc patriotique) n’ayant obtenu que 24,2 % des suffrages.

La victoire du parti présidentiel permet donc à la Moldavie de poursuivre sa trajectoire européenne, auquel l’élection a donné un coup d’accélérateur hors norme, sans avoir à procéder à une nouvelle élection, comme Maia Sandu avait menacé de le faire en cours de vote, en cas de victoire de l’opposition :

Si les faits qui nous sont rapportés sont confirmés, il est de notre devoir de protéger l’intégrité du vote et de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l’annulation du scrutin.

https://www.bseanmediatv.fr/post/moldavie-la-pr%C3%A9sidente-maia-sandu-%C3%A9voque-une-possible-annulation-des-%C3%A9lections-parlementaires

Des techniques de manipulation du scrutin inédites

Plusieurs comptes X décrivent aujourd’hui l’arsenal des tactiques mises en place par la présidence moldave pour contrer la défaite qu’elle redoutait.

Neutralisation de l’opposition

L’élection a été émaillée par l’interdiction de plusieurs formations issues du Bloc patriotique, en particulier deux partis, Moldova Mare (Grande Moldavie) et Inima Moldovei (cœur de la Moldavie), exclus 48 heures avant le vote. Au total, ce sont 37 candidatures qui ont été invalidées, notamment celle de Stela Vlas (Notre Parti) disqualifiée pour avoir précédemment soutenu un parti affilié à l’oligarque Ilan Șor, aujourd’hui exclu en raison de sa proximité avec la Russie. La motivation de cette décision est d’autant plus inaudible que le parti PAS s’est en partie constitué à partir de maires élus sous étiquette de l’opposition.

Ces mesures d’éviction font suite à une vague d’arrestations et d’emprisonnements ciblant des figures de l’opposition ou des sympathisants prorusses, dont la plus spectaculaire a visé Evgenia Guțul, la gouverneure de la région autonome de Gagaouzie, russophone à 80 %. Arrêtée début mars, elle a été condamnée en août en première instance à 7 ans de prison pour des allégations de blanchiment d’argent et de corruption électorale. Son avocat, Me William Jullié, estime qu’elle a été de fait destituée par le gouvernement moldave pour avoir annoncé, peu avant son arrestation, son intention d’organiser un référendum sur l’adhésion de la Moldavie à l’UE.

Entraves physiques au vote

L’un des faits les plus spectaculaires a été le blocage de plusieurs ponts rattachant la Transnitrie, russophone à 90 %, à la Moldavie, officiellement en raison de travaux de réparation programmés. Selon Mediapart, citant une source indépendante, il semble en réalité que ces chantiers aient été « planifiés » juste avant le vote. Une alerte à la bombe, dont on imagine difficilement qu’elle ait pu être provoquée par la Russie aurait également entraîné la fermeture d’un des ponts surplombant le Dniestr.

Exclusion de 500 000 voix issues de la diaspora

La diaspora moldave, qui avait joué un rôle déterminant lors des précédents scrutins n’a représenté que 278 000 suffrages sur les 1,6 million de suffrages exprimés. Le gouvernement avait mis à sa disposition 301 bureaux de vote répartis dans 45 pays, majoritairement en Italie (75 bureaux), l’Allemagne (36), la France (26), le Royaume-Uni (24), la Roumanie (23), les États-Unis (22), l’Espagne (15) ou l’Irlande.

Comme lors des précédentes élections, seuls deux bureaux ont été ouverts en Russie pour une population officielle estimée entre 200 000 et 500 000 Moldaves, soit 20 à 400 moins de bureaux par rapport aux pays ayant bénéficié du dispositif le plus étendu (France, Italie, Espagne, États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni). À titre de comparaison, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni ont accueilli au total 72 bureaux de vote pour une population estimée respectivement à moins de 30 000, 20 000 et 15 000 ressortissants.

Comme l’ont confirmé les autorités moldaves, cette limitation drastique du nombre de bureaux en Russie a permis de gonfler artificiellement le score du parti présidentiel, seules 4 000 voix ayant pu s’exprimer, dont les deux tiers environ étaient en faveur du Bloc patriotique. A contrario, l’Irlande recense 7 523 suffrages exprimés, alors qu’elle compte 200 fois moins de citoyens expatriés.

Concernant le cas particulier de la Transnitrie, seuls 23 500 bulletins avaient été prévus par le gouvernement sur les quelque 268 636 électeurs de la région, ce qui représente près de 250 000 citoyens privés de vote.

En imaginant que ces voix n’aient pas été censurées et qu’elles se soient massivement portées sur le Bloc patriotique, comme le suggère le score qu’il a obtenu en Russie, le résultat du scrutin aurait été très probablement inversé, l’écart de voix dont a bénéficié le PAS n’étant que de 415 098.

La presse allemande dénonce l’ingérence de l’Union européenne

Le Berliner Zeitung est l’un des rares médias à avoir pris ses distances vis-à-vis du récit présentant l’élection moldave comme une victoire contre la « désinformation russe », qu’il qualifie d’« arme sacrée contre les défaites électorales ». Il voit au contraire dans cette farce démocratique la répétition du modus operandi expérimenté il y a quelques mois en Roumanie, qui s’était concrétisé par l’annulation de l’élection présidentielle et l’éviction du candidat souverainiste Călin Georgescu après sa victoire au premier tour.

Il rappelle à ce propos que les preuves d’une ingérence de la Russie dans le scrutin roumain font toujours défaut aujourd’hui, comme celles qui ont conduit à l’éviction des candidats moldaves deux jours avant le vote.

Cette menace subjective justifie-t-elle l’implication agressive de l’Europe dans un scrutin supposé déterminer si le peuple moldave souhaite ou non cette mise sous tutelle de son pays ? Selon le Berliner Zeitung, si « le souhait de Bruxelles est sans équivoque » – « L’Europe est la Moldavie. La Moldavie est l’Europe », les méthodes employées par l’UE le sont également.

Il évoque le versement de 200 millions d’euros au titre de l’« aide à la défense » contre la Russie et le conditionnement d’un plan de croissance d’une valeur de 1,9 milliard d’euros, dont une première enveloppe (18,9 millions) a été versée début septembre, au respect par le gouvernement moldave des conditions fixées par l’UE. Une arme de chantage assumée, puisque les mesures de représailles en cas de vote non conforme aux plans de Bruxelles ont déjà été définies:

Il ne s’agit plus d’un partenariat, mais d’un véritable chantage électoral. Bruxelles pousse les Moldaves à voter dans la peur : soit Maia Sandu et son parti, soit le froid, la famine et l’isolement. Une démocratie guidée par des menaces n’est pas une démocratie, mais un nouveau type de colonisation politique.

https://4media.info/comisia-europeana-ameninta-cu-taierea-fondurilor-pentru-r-moldova-daca-nu-iese-cine-trebuie-la-alegeri/

Le Berliner Zeitung pointe également le financement massif des ONG et des médias par l’UE, dont on sait qu’il est le levier traditionnel utilisé, notamment par l’Open Society Foundations, pour organiser des révolutions de couleur dans les pays d’Europe de l’Est.

Il cite plus particulièrement deux projets, financés par l’Europe : le programme EU4IM (EU4Independent Media) mis en place pour lutter contre la désinformation en Ukraine, en Arménie, en Azerbaïdjan, en Géorgie, en Biélorussie et en Moldavie, et le portail d’information Nordnews, qui a été le premier à soulever les allégations d’« ingérence russe » dans les élections parlementaires en Moldavie, provoquant le dépêchement d’une « équipe d’experts » au chevet de la démocratie moldave.

L’aveu de Samantha Power

Est-il licite, comme le fait le Berliner Zeitung, d’évoquer une ingérence étrangère orchestrée par l’Europe ? La réponse à cette question a été donnée il y a quelques jours par Samantha Power, l’ancienne administratrice de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) démantelée en début d’année par l’administration Trump à la suite d’un audit ayant démontré qu’elle avait financé la plupart des changements de régime organisés par l’administration démocrate.

Lors d’un échange avec les deux comédiens russes Vovan et Lexus, Samantha Power a récemment confirmé, en pensant s’adresser à Volodymyr Zelensky, que l’agence avait investi des centaines de millions de dollars en Moldavie depuis le début de la guerre en Ukraine pour soutenir sa présidente, Maia Sandu. Elle a également souligné le rôle central joué par Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, confirmant les soupçons que nous avions rapportés début août ainsi que le parallèle entre les élections moldave et roumaine, où le nom du président de la République était déjà cité :

Samantha Power : Nous avons créé un programme USAID sans précédent et réalisé des investissements sans précédent. L’USAID n’avait pas une présence importante dans ce pays, juste une présence mineure. Nous l’avons considérablement développée, tant pour l’Ukraine que, bien sûr, pour la Moldavie. Et ce fut un moment fort pour la démocratie avec la présidente Sandu, diplômée de la Kennedy School, une véritable réformatrice, vous savez. Et la dernière fois, elle s’en est sortie de justesse. Mais oui, je suis également très inquiète pour la Moldavie.

Vovan & Lexus : Oui, j’espère que vous avez déjà investi de l’argent pour contrer l’influence russe ?

SP : Nous avons investi, nous avons augmenté les ressources. Je ne me souviens pas des chiffres exacts pour l’instant, mais les fonds supplémentaires destinés à l’Ukraine se chiffraient toujours en dizaines de millions, y compris pour la Moldavie. Cet argent, excusez le jargon bancaire, était programmé pour la Moldavie à « long terme », pour une durée plus longue qu’en Ukraine. C’est un si petit pays. Mais tout cet afflux d’argent a été interrompu lorsque Trump est arrivé au pouvoir. Tous ces investissements ! Mais les gens ne pensent pas au soutien occidental. Ils pensent aux armes, et peut-être pensent-ils à Victoria Nuland et à l’ingérence. Ils ne pensent pas à ces formes de soutien plus subtiles, plus discrètes. L’Ukraine sera le méchant dans le discours de Trump, dans l’esprit de Trump. Et alors, tout ce discours sur les sanctions et ainsi de suite ne se concrétisera pas. […]

V&L : Je pense que c’est la dernière chance pour la Moldavie.

SP : Je suis très inquiète. Je suis moi-même très inquiète J’aimerais que nous soyons tous les deux encore au pouvoir, à nos postes, et capables de faire quelque chose à ce sujet. C’est incroyablement frustrant de tirer la sonnette d’alarme et d’avoir l’impression que personne ne nous entend ou ne nous écoute là où il le faudrait. Mais Macron et les gens comme lui sont très importants. Von der Leyen est très importante. Tant que Trump ne s’immisce pas en Moldavie, l’Europe devient beaucoup plus importante.

Dans une autre séquence, elle indique qu’à partir de 2022, l’USAID a « transféré à l’Ukraine 1,5 milliard de dollars en espèces », et que ces sommes n’ont jamais été mentionnées au Congrès.

Pour rappel, Maia Sandu s’était elle-même fait piéger il y a quelques mois par Vovan et Lexus, auxquels elle avait proposé, en les confondant également avec Volodomyr Zelensky, de céder une partie du territoire moldave à l’Ukraine.

Peut-on douter de l’authenticité de cette vidéo ? L’une des dernières missions de Samantha Power, en 2023, concernait la Hongrie où l’USAID est soupçonnée d’avoir cherché à organiser une révolution de couleur ciblant Victor Orban, dont Bruxelles avoue aujourd’hui qu’il représente un énorme caillou dans sa chaussure. Samantha Power s’était exprimée depuis la capitale hongroise, sur son compte X où elle décrit les mêmes méthodes que celles utilisées en Roumanie et en Moldavie.


Référence

[1] Le rapport annuel 2007 du réseau de l’Open Society Foundations mentionne Maia Sandu, à la page 163, comme administratrice de la Soros Foundation–Moldova. https://www.opensocietyfoundations.org/uploads/3d4ebf2b-918b-4621-a226-dc7a886d8faf/a_complete_4.pdf.

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