Ingénierie sociale

Équipe Le Point Critique | 23 février 2025

USAID, la fabrique de l’opinon

Aux États-Unis, l'enquête sur les financements fédéraux révèle comment le gouvernement américain a utilisé des fonds destinés à préserver la liberté de la presse pour manipuler l’opinion américaine. Des millions de dollars ont notamment été investis dans une campagne visant à inciter les Américains à recevoir les vaccins COVID et dans un mystérieux programme de « tromperie sociale à grande échelle » financé par le Pentagone .

Logo de l'USAID sur une pile de journaux
© anil_shakya19

Aux États-Unis, l’enquête du Département pour l’efficacité gouvernementale (DOGE) a braqué les projecteurs sur l’Agence américaine de développement international (USAID), révélant un financement massif des médias par le gouvernement américain.

Mission officielle de l’USAID

Le gouvernement américain est le premier pourvoyeur d’aide publique au monde à destination des médias indépendants. Ce soutien s’effectue par le biais de quatre entités : le Département d’État des États-Unis (DOS), l’Agence américaine de développement international (USAID), le Pentagone (DOD) et le National Endowment for Democracy (NED), lui-même financé par le DOS et l’USAID.

La contribution de l’USAID, dont la vocation est de financer l’aide humanitaire américaine, est justifiée officiellement par les menaces qui pèsent sur la presse indépendante et mettent en péril la démocratie, notamment dans les pays en guerre. Son rapport financier annuel de 2024 indique que l’Agence a déboursé 152 M$ en 2024 (p. 51) pour « soutenir les médias indépendants et la libre circulation de l’information ». Le budget 2025 prévoyait près du double.

USAID, rapport annuel 2024

Selon Reporters sans frontières (RSF), 268,376 millions avaient été alloués par l’USAID aux médias pour l’année 2025 avant que Donald Trump ne gèle le financement de l’Agence en début de mois. Toujours selon RSF, l’USAID a financé, aidé ou appuyé 6 200 journalistes, 707 organes d’information non étatiques et 279 organisations de la société civile du secteur des médias.

Comment ce soutien s’organise-t-il concrètement ?

Le Centre pour l’assistance des médias internationaux (CIMA) décrit de manière détaillée le type d’actions promues par l’USAID dans le cadre de sa mission de soutien aux médias. Un article de février 2024 produit par l’USAID, détaille les dernières initiatives de l’Agence, notamment l’Accélérateur de viabilité des médias (MVA) et le Fonds international pour les médias d’intérêt public (IFMIM). Il ne précise pas comment ce financement s’organise, mais la base USAspending.gov permet de le flécher.

L’IFMIM a été créé par l’USAID en 2021 grâce à une subvention de 20 millions de dollars accordée àla Rockefeller Philanthropy Advisors (7200AA22GR00001), financée à 60 % par l’USAID (51,79 millions de dollars). Une sorte de philanthropie subventionnée par les contribuables américains.

Le MVA est cofinancé par l’USAID, Microsoft et l’ONG Internews Network. Le programme a notamment bénéficié d’un financement de 10,562 millions de l’USAID (7200AA23CA00014) via Internews, l’USAID étant répertoriée comme l’agence d’attribution, et Internews comme le bénéficiaire de la subvention.

Le rapport financier annuel 2024 mentionne également le programme Greater Internet Freedom (22,2 millions de dollars), financé lui aussi par l’USAID via Internews Network.

Financement de la philanthropie et de l’agenda mondialiste

Internews Network se présente comme une ONG internationale soutenant les médias indépendants par des actions de formation et l’apport d’une expertise commerciale. Selon WikiLeaks :

L’organisation collabore avec 4 291 stations de radio et de télévision et des publications imprimées dans le monde entier, tout en formant plus de 9 000 professionnels des médias par an. L’année dernière, Internews a produit ou facilité la création de 4 799 heures de programmes de télévision et de radio, atteignant environ 396 millions d’auditeurs de radio et 382 millions de téléspectateurs.
En Ukraine, le financement de l’USAID a été particulièrement important, soutenant « neuf des dix » médias du pays, et leur travail a été d’amplifier les récits pro-OTAN et proguerre.

Internews est présente dans 138 pays, avec 159 projets actifs en 2024 selon son étude d’impact de 2024. Au total, l’ONG a bénéficié depuis sa création de 418,18 M$ de la part de l’USAID (88 % de son budget fédéral), mais elle est également soutenue par de nombreux donateurs privés, en particulier la Rockefeller Foundation (300 000 $ en 2022), dont le président, Rajiv J. Shah est un ancien administrateur de l’USAID, et l’Open Society Foundations (447 220 $ entre 2016 et 2021), qui a bénéficié de 266,53 millions de dollars de l’USAID via l’East West Management Institute. Près de 100 entités sont référencées par Internews, incluant Google et Facebook. L’argent du contribuable américain est-il légitime pour soutenir une entité aussi puissante ?

La question se pose avec d’autant plus d’acuité lorsqu’on découvre les projets financés par l’USAID via Internews, répertoriés par USAspending et recensés par WikiLeaks :

  • 22 millions pour améliorer la sécurité d’internet au Nigéria ;
  • 22 millions pour aider la création d’un espace civique en République centrale d’Arique ;
  • 19,5 millions de dollars pour aider « la société jordanienne à plaider efficacement en faveur d’intérêts impulsés par les citoyens » ;
  • 11 millions de dollars pour le programme « Les médias au service de la démocratie » en République de Moldavie ;
  • 10,7 millions de dollars pour soutenir le « journalisme responsable de haute qualité » au Libéria.

WikiLeaks décrit Internews comme une émanation de la CIA et de l’OTAN, dont la vocation a toujours été de « soutenir les récits alignés sur » les objectifs de l’Alliance et d’utiliser les médias locaux pour « améliorer la transformation sociale et politique ». Autrement dit : façonner la rhétorique utilisée pour favoriser des changements de régime lors des révolutions « de couleur » (Géorgie, Ukraine). Selon le site Justthenews, c’est la même stratégie qui a été utilisée par l’USAID à travers le financement de l’East-West Management Institute pour faire progresser les négociations d’adhésion de la Serbie avec l’Union européenne.

Lutte contre la désinformation

Le journaliste Michael Shellenberger a confirmé cette analyse devant la commission de la Sécurité intérieure des et affaires gouvernementales (Homeland Security and Governmental Affairs), en expliquant comment l’USAID organise concrètement cette ingérence au prétexte de lutter contre les fakenews. Les grandes lignes de son action sont décrites dans son Abécédaire de la désinformation publié en 2021 :

À une époque où la désinformation est si répandue, le progrès et l’ordre démocratiques sont menacés par des informations erronées – complots, mensonges, demi-vérités, distorsions et propagande.

USAID, Abécédaire de la désinformation, 2021
https://cnxus.org/wp-content/uploads/2021/11/usaid-disinformation-primer.pdf

L’agence fait notamment l’apologie du « prébunking » (p. 47), une « stratégie offensive » mais controversée, consistant à anticiper la désinformation et à la contrecarrer en utilisant le « fact-checking ». C’est notamment cette technique qui a été utilisée par le FBI en 2020 pour étouffer l’affaire de l’ordinateur portable de Hunter Biden, et imputer la divulgation de son contenu à une opération de désinformation pilotée par la Russie (p. 14 et 30 notamment du rapport sénatorial d’octobre 2024).

Selon Michael Shellenberger, le programme Countering Disinformation, mis en place à partir d’octobre 2020 par l’USAID (3,88 millions de dollars) afin de « contrer la désinformation dans le Caucase », aurait permis de financer des campagnes de censure dans le monde entier en s’appuyant sur des partenaires stratégiques, dont l’Atlantic Council, le Zinc Network (9,82 millions de l’USAID) et le Consortium pour les élections et le renforcement des processus politiques (CEPPS), un groupement d’ONG dont l’objectif déclaré est de faire progresser la démocratie dans le monde (19,53 millions de dollars de l’USAID).

Il aurait servi notamment à financer des fact-checkers au Brésil durant la campagne présidentielle de 2018 (agence Lupa) et à aider l’Atlantic Council à « mettre en œuvre un atelier à Paris pour partager les meilleures pratiques en matière de lutte contre l’influence malveillante et la désinformation de la Chine et de la Russie » (SFR63019CA0118).

Ingénierie sociale, une manipulation planifiée de l’opinion publique

L’enquête du DOGE révèle des sommes vertigineuses consacrées par le gouvernement américain au financement des médias mainstreams, notamment des agences de presse internationale supposées fournir une information neutre et factuelle à l’ensemble des médias :

  • 120,3 millions à l’agence Reuters, dont 104,3 millions depuis 2019 (87 %) ;
  • 37,6 millions à The Associated Press, la plus grande agence de presse américaine, dont 25,7 millions depuis 2019 (68 %) ;
  • 33,8 millions à Politico, dont 30 depuis 2019 (89 %) ;
  • 9,5 millions à l’Agence France-Presse, dont 6,4 depuis 2019 (67 %).

À quoi ont servi ces fonds fédéraux attribués aux plus puissantes agences de presse ?

Une partie de cette aide est distribuée par l’USAGM, l’Agence des États-Unis pour les médias mondiaux (United States Agency for Global Media, ex.-Broadcasting Board of Governor) chargée de contrôler les radios et les télévisions internationales. Elle a ainsi attribué 45,24 millions de dollars à Reuters, 35,56 millions à The Associated Press, ou encore 9,14 millions à l’Agence France-Presse.

La mission revendiquée par l’Agence est « d’informer, d’engager et de connecter les gens dans le monde entier en faveur de la liberté et de la démocratie », en s’appuyant notamment sur plusieurs médias, dont les stations Radio Free Asia et Radio Free Europe/Radio Liberty, qui ont chacune été fondées par la CIA. Il est donc permis de s’interroger sur la contrepartie exigée des médias qu’elle subventionne.

Le cas Reuters

Dans sa Charte de confiance, Reuters revendique une indépendance et une impartialité totales. En pratique, les choses semblent un peu plus ambiguës.

USAspending recense 15 contrats conclus avec le Pentagone (DOD) pour un montant de 60,21 millions de dollars. Trois font partie des dépenses COVID-19 prélevées sur le Fonds d’urgence pour les catastrophes (DEFC), dont un contrat (FA865018C7886) portant sur la période 2018-2022. La commande porte sur un programme de « défense active de l’ingénierie sociale (ASED) », intitulé : « Tromperie sociale à grande échelle (LSD) », d’un montant de 9 147 532 dollars.

Pourquoi le Pentagone a-t-il fait appel, un an avant le début de la pandémie, à Reuters, dont le directeur général de l’époque, James C. Smith, siège depuis 2014 au conseil d’administration de Pfizer, de l’Atlantic Council et du « Partenariat contre la corruption » – ça ne s’invente pas ! – du Forum économique mondial (WEF) ? On sait aujourd’hui que les laboratoires n’ont pas développé les vaccins, mais qu’ils ont été engagés par le Pentagone pour enflaconner les « vaccins » afin qu’ils soient estampillés comme produits médicaux. Le WEF, qui a joué un rôle décisif dans le financement et la production des vaccins, s’est soucié très précocement de la manière dont ils seraient acceptés par la population.

Est-ce sur ce point que portait ce projet de « tromperie sociale à grande échelle » ?

Pfizer est le deuxième plus gros bénéficiaire de l’USAID, avec qui elle a conclu un contrat de 4,150 milliards de dollars en juillet 2021. En retour, l’agence est le troisième pourvoyeur de fonds fédéraux (26,35 millions), derrière le ministère de la Santé américain (HHS, 17,64 milliards) et le Pentagone (31,88 milliards).

Le HHS a versé de son côté 911 174 285 $ au cabinet de recherche sur le changement de comportement Fors Marsh pour la campagne publicitaire multimédia We can do this entre août 2020 et juin 2023. Cette information est issue de l’étude évaluant l’impact de cette campagne, qui mentionne trois subventions : 75N98020F00001 (300 023 797 $), 75N98021F00001 (188 302 373 $) et 75N98022F00001 (422 846 946 $).

Enfin, dans son Abécédaire de la désinformation, l’USAID fait également l’apologie de la méthode « debunking and discrediting » (démentir et discréditer) et de la méthode de redirection, une méthode utilisée pour cibler les individus susceptibles d’être radicalisés par ISIS via des mesures de recrutement », dont elle explique qu’elle a été « utilisée dans plusieurs pays pour lutter contre l’hésitation vaccinale et les discours de haine ».

C’est beaucoup d’argent investi pour forcer la population à accepter de recevoir un produit sûr et efficace, mais c’est probablement peu si, comme le suggèrent des documents classifiés, l’USAID a joué un rôle décisif dans le financement des expériences ayant conduit à la création du virus.

Conclusion

Le financement de la presse par le contribuable américain, en particulier la couverture de la pandémie et de la campagne de vaccination, n’est que la partie émergée de l’iceberg débusquée par le DOGE, mais c’est probablement la plus choquante. La subvention accordée à Reuters pour mentir activement à la population confirme le cynisme absolu de cette manipulation si l’on se souvient que l’ultime argument opposé aux lanceurs d’alerte durant cette période était la convergence totale des discours médiatiques. Le scandale de l’USAID démontre a contrario qu’il est parfaitement possible, lorsqu’on y met le prix, d’organiser un mensonge planétaire.

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