Ingérence étrangère
Le gouvernement allemand prévoit de verser 630 millions d’euros à la fondation Gates d’ici 2027
Le Parlement allemand confirme la ponction de plusieurs centaines millions de dollars sur le budget fédéral afin de soutenir des projets portés par ONG américaines. Parmi les acteurs de ce soft power qui ne dit pas son nom figure la fondation Gates, qui devrait bénéficier d’une aide de 630 millions d’euros à l'horizon 2027 pour financer son oxymorique philanthropie.
L’information, publiée vendredi dans le Berliner Zeitung, a été révélée mardi par le Parlement allemand en réponse à une question adressée au Gouvernement par le pari d’opposition AFD concernant le financement des ONG américaines actives dans le pays. Le Bundestag confirme que la fondation Gates figure parmi les bénéficiaires des subventions fédérales qui incluent une aide de 630 millions d’euros destinée à la fondation du « milliardaire philanthrope ». Les sommes couvrent la période 2021-2027. Elles sont destinées à financer des initiatives en lien avec la nutrition, la numérisation et la santé, dont le Projet mondial « Sécurité alimentaire et renforcement de la résilience », auquel une enveloppe 290 millions d’euros est allouée. Selon l’Agence de coopération internationale (GIZ) chargée d’administrer l’aide fédérale au développement économique, elles visent à améliorer la sécurité alimentaire et la résilience dans en Éthiopie, au Malawi et Madagascar.
Une autre partie de ces sommes est dédiée au Projet mondial de transformation numérique, dont l’objectif serait de réorienter la numérisation mondiale « de manière à soutenir les objectifs politiques du gouvernement fédéral, par exemple dans le contexte de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine ». Autrement dit, faire appel à un acteur privé pour mettre en œuvre des projets technologiques ayant un impact politique dans un contexte de conflit international.
L’une des questions soulevées par l’AFD portait sur l’existence éventuelle de dons accordés à plusieurs institutions américaines. Dans sa réponse, le gouvernement fédéral mentionne l’affectation de 883 940 euros et un peu plus d’un million d’euros, pour la seule année 2025, à l’Institut Aspen, affilié à la Fondation Rockfeller, et au Centre libéral pour la modernité (Zentrum Liberale Moderne) – un think-thank écologiste –, dans le but d’« enrichir les relations transatlantiques au-delà de la coopération bilatérale et multilatérale entre les États » :
L’entretien et la promotion des relations transatlantiques sont au cœur des préoccupations du gouvernement fédéral. Le travail des fondations et des organisations non gouvernementales complète et enrichit les relations transatlantiques au-delà de la coopération bilatérale et multilatérale entre les États. Leur valeur ajoutée ne se limite souvent pas à la promotion des relations transatlantiques, mais englobe également les autres objectifs globaux du gouvernement fédéral, tels que la sécurité alimentaire, la promotion des droits de l’homme, le dialogue avec le Sud global ou la promotion de la démocratie.
Le rapport révèle également 165 000 euros de subventions octroyées au réseau de fondations de l’Open Society, fondé par le milliardaire George Soros, dans le cadre d’un « Partenariat mondial sur les politiques de drogues et le développement », 15 145 euros à la Fondation Ford au titre d’un « Partenariat pour la prévention de la violence fondée sur le sexe en Afrique australe », et 2 000 000 dollars alloués entre 2021 et 2025 au Fonds Marshall allemand des États-Unis (GMF), cofinancé par l’Open Society Foundations, dont l’une des principales actions concerne le financement de la livraison d’armes à l’Ukraine :
L’ancien directeur des programmes d’Asie et de géopolitique au GMF, Julienne Smith, est devenu le représentant permanent des États-Unis à l’alliance de l’OTAN sous l’administration Biden. Elle a appelé à une implication croissante des États-Unis et de l’Europe dans le conflit russo-ukrainien qui a commencé en 2022. Parallèlement, elle a affirmé que les livraisons d’armes à destination de l’armée ukrainienne avaient épuisé les stocks de l’OTAN, et elle a indiqué qu’elle et d’autres représentants de l’alliance rencontreraient des entreprises de défense pour négocier une nouvelle production.
https://www.influencewatch.org/non-profit/german-marshall-fund-of-the-united-states/#easy-footnote-bottom-10-2975
Cette réponse suscite des préoccupations quant au manque de légitimité démocratique de tels choix budgétaires, la décision de transférer des centaines de millions d’euros à des fondations privées américaines au fonctionnement éminemment opaque ayant été prise sans débat public ni contrôle parlementaire, personne ne sachant véritablement ce que recouvrent ces projets.
Elle soulève également des interrogations quant aux priorités du gouvernement allemand, le pays étant confronté à des difficultés structurelles, avec un délabrement des infrastructures publiques, une pauvreté croissante dont le niveau est qualifié aujourd’hui de « risque pour la démocratie » et une économie en récession.
Ce dispositif opaque rappelle étrangement celui mis en évidence par le Département pour l’efficacité gouvernementale (DOGE) d’Elon Musk en début d’année, qui avait révélé des milliards de dollars alloués par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) – que Donald Trump a fait fermer le 23 février – à des fondations ou acteurs privés, parmi lesquels l’Alliance GAVI (5 milliards de dollars entre 2021 et 2025 via deux subventions – 7200GH21IO00002 et 7200GH22IO00006), l’Open Society Foundations (260 millions de dollars d’aides indirectes) et la Rockfeller Foundation (300 millions de dollars dissimulés derrière un montage financier).
L’enquête conduite par le DOGE avait notamment divulgué des dizaines de subventions aux montants pharaoniques accordées par l’administration démocrate pour financer des actions d’ingérence ou des initiatives visant à promouvoir et étendre l’idéologique woke dans des pays étrangers : « 2 millions de dollars attribués au changement de sexe au Guatemala ; 6 millions pour financer le tourisme en Égypte ; 20 millions pour un Sesame Street show en Irak ; 4,5 millions pour combattre la désinformation au Kazakhstan, etc. ». Elle avait également mis à jour un système de caisses noires ayant permis d’inonder de millions de dollars l’administration ukrainienne.
Enfin, elle avait permis d’identifier le rôle particulièrement trouble des États-Unis dans la création ou, a minima, la gestion de la pandémie, à travers le financement d’expériences sur des coronavirus de chauve-souris conduites par EcoHealth et le laboratoire de Wuhan et une généreuse subvention accordée à l’agence Reuters, pour organiser un programme de « défense active de l’ingénierie sociale (ASED) », intitulé « Tromperie sociale à grande échelle (LSD) », d’un montant de 9 147 532 dollars, en lien avec le Pentagone.
La malfaisance et l’étendue des actions menées par l’USAID pendant des dizaines d’années, à l’insu des Américains, ont valu à cette pieuvre d’être qualifiée d’« incarnation du Diable » par certains analystes, ou plus prosaïquement de bras armé de l’État profond américain.