CritiqueGuerre biologique
L’USAID a-t-elle financé la création du COVID-19 ?
Un audit de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) relance la polémique autour du financement de la création du COVID-19 par le gouvernement américain.
Le scandale qui secoue aujourd’hui l’USAID a débuté le 2 février dernier avec une déclaration fracassante d’Elon Musk, le patron du nouveau département d’État chargé d’auditer l’administration américaine (DOGE) :
Saviez-vous qu’avec l’argent du contribuable, l’USAID a financé des recherches sur les armes biologiques, dont le Covid-19, qui a tué des millions de personnes ?
La presse exige des preuves
La presse, qui n’a relayé en deux ans aucun des développements de l’enquête américaine sur les origines du COVID, a dénoncé des accusations dénuées de tout fondement. La CIA a pourtant confirmé il y a quelques jours que la thèse d’une origine artificielle du virus et de sa libération accidentelle était « la seule soutenue par la science et les renseignements disponibles ». En mai dernier, l’auteur de la loi américaine sur les armes biologiques avait déclaré sous serment que le COVID-19 répond à cette définition, autrement dit, qu’il résulterait d’expériences de « gain de fonction » (GOF).
La question du financement de ces recherches a été posée publiquement par le sénateur Rand Paul (R-KY), en avril 2023 et en avril 2024, à l’administratrice de l’agence, Samantha Power. Elle a affirmé à deux reprises que l’USAID n’avait jamais autorisé ni subventionné d’expériences de type GOF, ce qui est contredit par plusieurs documents, notamment trois études publiées en 2015[1], 2016[2] et 2021[3].
Celle de 2015, produite par l’Institut de virologie de Wuhan (WIV) et cosignée par le Dr Ralph Baric (Université de Nord Caroline), décrit une expérience de type GOF réalisée sur un coronavirus. L’étude indique que l’expérience a été réalisée par EcoHealth Alliance, dont le président, Peter Dazac, est également le collaborateur historique du Dr Ralph Baric, et financée par l’USAID dans le cadre du projet PREDICT[4].
Ce qu’a déjà révélé l’enquête sénatoriale américaine
L’enquête du Congrès américain sur les origines de la pandémie a confirmé en décembre 2024[5] que le SARS-CoV-2 provient bien des recherches conduites par Peter Daszak à l’Institut de virologie de Wuhan et subventionnées par le NIAID (R01AI110964). La preuve de l’implication de Daszac a été révélée lors de la déclassification de la réponse d’EcoHealth à un appel à projets lancé par l’Agence américaine des projets de défense avancée (DARPA).
La proposition d’EcoHealth (Projet DEFUSE) décrit de manière détaillée des expériences qui auraient pu directement donner naissance au virus SARS-CoV-2. Celles-ci incluaient notamment l’insertion d’un site de clivage de la furine spécifique à l’homme dans des coronavirus de chauves-souris, ce qui est en quelque sorte l’empreinte digitale qui incrimine formellement EcoHealth[6].
Le projet DEFUSE a été officiellement rejeté par la DARPA en raison de la dangerosité de ces expériences, mais plusieurs éléments suggèrent qu’il a été mis en œuvre secrètement et qu’il a couvert la création du virus, notamment un email déclassifié en avril dernier, adressé à Ralph Baric par l’un des chercheurs d’EcoHealth.
Lors de l’audition de Samantha Power en 2024, le sénateur Rand Paul a notamment mentionné le fait que l’USAID était présente lors de la réunion où le projet DEFUSE a été présenté à la DARPA :
Le projet DEFUSE consistait à créer un coronavirus avec un site de clivage de la furine, qui n’existe pas dans la nature, mais qui le rend incroyablement plus infectieux chez l’homme. Il y a eu une réunion d’information avec 15 agences, dont l’USAID. Il y a eu une réunion d’information sur ce projet DEFUSE. Mais personne au sein de l’USAID ni des 15 agences n’a jamais parlé de ce projet à qui que ce soit. Cela a été caché pendant des années et des années et n’a été révélé que par un courageux lieutenant-colonel des Marines travaillant à la DARPA, qui a révélé cela alors que tout le monde l’avait caché. Et ma question est la suivante : l’USAID a-t-elle participé à ce briefing sur un projet de recherche qui présentait un danger incroyable pour notre pays et qui n’a finalement pas été financé ?
Les partenaires officiels du projet PREDICT, outre l’USAID et EcoHealth Alliance, incluent l’institut One Health de l’Université de Californie à Davis (Davis One Health Institute)[7], la Société de conservation de la faune sauvage (Wildlife Conservation Society), le laboratoire Metabiota financé par le fils du président sortant démocrate, Hunter Biden, et l’institut Smithsonian (Smithsonian Institution).
La fondation Gates semble également impliquée dans ce projet : son site mentionne une subvention de 500 000 $ attribuée en novembre 2018 au WIV, et une subvention de 1 499 414 $ accordée à EcoHealth en août 2020, qui s’ajoutent à plus de 35 millions de dollars déversés dans les caisses de l’USAID en 20 ans.
Selon le lanceur d’alerte Clandestine, le financement de Metabiota par l’USAID a commencé seulement en 2014, après le coup d’État de Maidan en Ukraine, financé par l’USAID et la CIA. Metabiota a alors obtenu des contrats financés par l’USAID et le Pentagone pour rechercher des coronavirus de chauves-souris et exploiter des laboratoires en Ukraine, via le projet PREDICT (voir notre précédent article, qui explique pourquoi la grâce accordée à Hunter Biden par son père couvre des crimes commis potentiellement en 2014).
Ce que révèlent les subventions fédérales
Le journal The Intercept a établi en 2021 qu’EcoHealth avait perçu 118 millions de dollars de financements fédéraux entre 2004 et 2022, dont 53 millions provenant de l’USAID. L’article indique également que l’agence aurait investi 210 millions de dollars entre 2009 et 2019 dans le programme PREDICT.
Le Bureau américain de la responsabilité du Gouvernement (GAO) sur les fonds fédéraux a confirmé, en juin 2023, que l’USAID a financé des travaux dans deux laboratoires chinois, dont le WIV, entre 2014 et 2021, ce qu’a refusé de confirmer l’agence lors d’une conférence de presse en octobre 2023.
Financement fédéral fourni directement par les agences aux trois entités chinoises sélectionnées (2014-2021)
Bourses et sous-subventions décentrées à trois entités chinoises sélectionnées (2014-2021)
Le document ne précise pas le montant du financement dont aurait bénéficié EcoHealth via l’université de Californie Davis, mais une réponse à une demande d’accès à l’information publiée en 2023 prouve que des expériences GOF ont été subventionnées par le NIAID et l’USAID à l’Institut de virologie de Wuhan, pour un montant d’au moins 41 millions de dollars, dont 38 millions provenant de l’USAID. Le document déclassifié confirme que l’agence a financé EcoHealth dans le cadre du projet PREDICT-2 entre janvier 2014 et septembre 2019, via l’université de Californie Davis.
L’organisation qui a obtenu ce document (White Coat Watse) mentionne également un rapport basé sur une source gouvernementale américaine selon laquelle le patient zéro serait l’un des membres du personnel du laboratoire de Wuhan, Ben Hu, qui aurait contracté le COVID-19 en novembre 2019.
L’ancien directeur des CDC, Robert Redfield, débarqué au début de la pandémie après avoir émis des réserves sur l’origine naturelle du SARS-CoV-2, avait quant à lui soutenu en juillet 2023 n’avoir aucun doute sur le financement du virus par l’administration américaine.
L’enquête du DOGE n’a pas apporté à ce stade de nouveaux éléments, la principale information médiatisée par Elon Musk ainsi que la subvention de l’USAID reliant l’Agence au patient zéro présumé ayant été divulgées respectivement en décembre 2021 et en juin 2023. Mais le démantèlement de l’agence provoqué par l’audit du DOGE leur donne enfin une visibilité en braquant les projecteurs sur l’implication de l’agence et de l’ancien directeur du NIH, Anthony Fauci, dans la création du virus.
Références
[1] Menachery VD, Yount BL Jr, Sims AC, Debbink K, Agnihothram SS, […], Baric RS, et al. A SARS-like cluster of circulating bat coronaviruses shows potential for human emergence. Nat Med. 2015 Dec;21(12):1508-13. https://doi.org/10.1038/nm.3985.
[2] Menachery VD, Yount BL Jr, Sims AC, Debbink K, Agnihothram SS, […], Baric RS, et al. SARS-like WIV1-CoV poised for human emergence. Proc Natl Acad Sci U S A. 2016 Mar 15;113(11):3048-53. https://doi.org/10.1073/pnas.1517719113.
[3] Xie X, Lokugamage KG, Zhang X, Vu MN, Muruato AE, Menachery VD, Shi PY.Engineering SARS-CoV-2 using a reverse genetic system. Nat Protoc. 2021 Mar;16(3):1761-1784. 8. https://doi.org/10.1038/s41596-021-00491-8.
[4] L’USAID a stoppé en 2023 un programme similaire (Discovery and Exploration of Emerging Pathogens-Viral Zoonoses – DEEP VZN) focalisé sur l’étude de nouveaux agents pathogènes présents dans la faune sauvage et susceptibles d’infecter l’homme. L’agence n’a pas motivé cette décision. On ne sait donc pas si elle est en lien avec la pandémie de COVID-19. https://thevaccinereaction.org/2023/09/u-s-shuts-down-risky-novel-animal-virus-research-program/#_edn1
[5] Select Subcommittee on the Coronavirus Pandemic. After action review of the covid-19 pandemic: The lessons learned and a path forward. U.S. House of Representatives; 2024 Dec 4. https://oversight.house.gov/wp-content/uploads/2024/12/2024.12.04-SSCP-FINAL-REPORT-ANS.pdf
[6] Lettre de convocation à l’audience du 1er mai 2024 adressée par le Select Subcommittee le 4 avril 2024 : https://oversight.house.gov/wp-content/uploads/2024/04/2024.04.04-SSCP-Oversight-EC-Letter-to-Daszak.pdf
[7] L’institut One Healht héberge le Projet mondial sur le virus (Global Virome Project – GVP), une initiative de recherche internationale lancée par PeterDaszak, deux chercheurs de Metabiota, et l’ancien directeur des CDC chinois, George F. Gao, visant à identifier de nouvelles menaces virales et à fournir des données permettant d’anticiper les futures pandémies.
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