Mise au pas
Pays-Bas, Hongrie, les nouvelles cibles de la Commission européenne ?
Le Département d'État américain vient de publier un rapport démentant une intervention de la Russie dans l’élection présidentielle roumaine de 2024. Cette fausse information continue pourtant de nourrir le narratif européen. Après la Géorgie, la Pologne et la Moldavie, deux autres pays sont désormais dans le viseur de la présidente de la Commission, les Pays-Bas et la Hongrie.

Les États-Unis ont établi, il y a quelques semaines, que l’ingérence de Moscou dans l’élection présidentielle américaine de 2016 était une fiction imaginée par Barack Obama pour faire échouer la candidature de Donald Trump. Cette fakenews a ensuite été utilisée par l’administration démocrate pour tenter d’obtenir la destitution de Trump. Le Département d’État américain vient de confirmer que l’État roumain avait fabriqué de toutes pièces un narratif similaire pour faire annuler le premier tour de l’élection présidentielle et dissimuler sa propre manipulation du scrutin.
La Moldavie surfe sur la même théorie depuis des mois, sans apporter de preuves concrètes d’une implication du Kremlin dans la campagne législative, qui doit se conclure en septembre par un vote décisif pour l’intégration de la Moldavie dans l’Union européenne, actée par référendum en octobre dernier. Elle invoque aujourd’hui « une campagne de désinformation sans précédent », organisée par un candidat affilié à Călin Georgescu et à son remplaçant, George Simion, basé sur les mêmes méthodes que celles utilisées lors de l’élection roumaine :
Les méthodes de désinformation actuellement utilisées en République de Moldova sont similaires à celles appliquées en Roumanie lors des dernières élections présidentielles. […]
Rédaction de Libertatea. Le réseau Georgescu-Simion bouleverse les élections moldaves avec une campagne de propagande. 2025 Aug 15. https://www.libertatea.ro/stiri/reteaua-georgescu-simion-zguduie-cu-ajutorul-unei-campanii-de-propaganda-alegerile-din-rep-moldova-5416307.
Certaines des vidéos diffusées sur TikTok en République de Moldavie auraient été développées et promues par des partisans d’un ancien candidat à l’élection présidentielle en Roumanie. […]
Auparavant, George Simion avait été soutenu lors des élections présidentielles par le réseau coordonné depuis Moscou par l’oligarque fugitif Ilan Shor, condamné à 15 ans de prison pour le détournement de fonds de trois banques moldaves.
La Russie soupçonne de son côté les autorités moldaves d’organiser « la falsification des votes de la diaspora », ou a minima de se servir de ce levier comme elles l’ont fait lors du référendum sur l’UE, où elles n’avaient mis que deux bureaux de vote à disposition de ses ressortissants implantés en Russie. Ces inquiétudes ont été publiquement soulevées par le chef du Conseil de sécurité russe, Sergei Shoigu. Toutefois, si l’adhésion de la Moldavie à l’Union européenne représente un enjeu crucial pour la sécurité des frontières de la Russie, on comprend mal pourquoi le Kremlin n’aurait pas tenté de manipuler activement les élections présidentielles en Roumanie, dont il est prévu qu’elle accueille la plus grande base militaire de l’OTAN.
Le même scénario d’une ingérence russe a été invoqué en décembre dernier en Géorgie et plus récemment en Pologne. Les deux prochaines cibles sont les Pays-Bas, où l’Union européenne a convoqué l’ensemble des plateformes en ligne (TikTok, Facebook, X…) pour une « table ronde sur la lutte contre la désinformation et les contenus illégaux » organisée le 15 septembre en vue des éléections législatives anticipées d’octobre, et la Hongrie.
Selon les services de renseignement russes (SVR), la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, étudierait en effet « sérieusement les scénarios d’un changement de régime » en Hongrie, où l’actuel président, Viktor Orban est considéré comme un obstacle de plus en plus grave à une « Europe unie » après son refus de voter le nouveau budget de l’UE, essentiellement axé sur la militarisation de l’Europe et la préparation d’un conflit avec la Russie.
[Ursula von der Leyen] voit en Péter Magyar, le leader du parti d’opposition Respect et Liberté, fidèle aux élites mondialistes, le principal candidat au poste de chef du gouvernement. Le calcul est de le porter au pouvoir lors des élections législatives du printemps 2026, « et peut-être même avant ». D’importantes ressources matérielles, administratives, médiatiques et de lobbying ont déjà été mobilisées pour soutenir Magyar. Les fondations du parti allemand, un certain nombre d’ONG norvégiennes de défense des droits de l’homme et le Parti populaire européen sont prêts à fournir des fonds.
http://svr.gov.ru/smi/2025/08/evrokomissiya-natselena-na-smenu-vlasti-v-vengrii.htm
La Russie n’est pas désignée à ce stade comme le bouc émissaire que l’UE pourrait utiliser pour organiser ce coup d’État, mais elle a le profil idéal.
Qu’il s’agisse de la Roumanie, de l’Allemagne, de la Pologne ou de la Géorgie, la question de la guerre en Ukraine est systématiquement pointée par les gouvernements en place. La Cour constitutionnelle de Roumanie l’a écrit noir sur blanc dans ses motivations à exclure Călin Georgescu. L’intervention de l’Europe dans le cours des élections pour faire échouer un scénario de paix voulu par une partie des peuples européens démontre que ce désir est infiniment puissant que l’UE ne veut bien l’admettre. A contrario, elle démontre que la guerre constitue un intérêt vital pour les instances européennes et les gouvernements nationaux en place, sans oser répondre frontalement à cette question : de quoi cette obsession antidémocratique pour la guerre est-elle le nom ? S’agit-il d’un nouvel impérialisme qui ne s’assume pas ?
Pour l’heure, il est choquant de constater que les artifices permettant à l’Union européenne de maintenir à bout de bras ce projet sont la désinformation, le mensonge, la fraude et la violence, au service d’une « mise au pas » de la pensée et des opinions. Il l’est encore plus en vertu des pouvoirs délirants dont elle ne cesse de se doter – qui incluent désormais l’emprisonnement, l’espionnage et le fichage de l’ensemble des médias –, pour éteindre chaque voix discordante, s’exprimant dans la sphère publique comme privée.
Quand la survie d’une entité dépend de valeurs aussi sombres et historiquement datées, nous sommes tous en danger, y compris ceux qui ne s’expriment pas sur les réseaux sociaux.