Indécence
L’Assemblée nationale maintient l’intégralité des jours de congés pour ses députés
La suppression de deux jours fériés semble avoir été actée par François Bayrou. Parallèlement à cette annonce, l’Assemblée nationale vient de publier son calendrier pour l’année 2025-2026. Il comporte 18 semaines de congés. L’intégralité des jours fériés a par ailleurs été maintenue.
L’Assemblée nationale a publié le 8 juillet le calendrier des députés pour la session ordinaire 2025-2026. Il débutera le 1er octobre, soit un mois après la rentrée des classes, et s’achèvera le 30 juin :
- la période de Noël correspond aux congés scolaires, ni plus ni moins ;
- les congés d’été couvriront les mois de juillet, d’août et de septembre ;
- un mois de vacances est planifié entre début mars et fin avril ;
- l’ensemble des jours fériés est conservé.
Cette publication intervient alors qu’il est désormais notoire que le Premier ministre envisage de supprimer deux jours dans l’arsenal des jours fériés dont bénéficie actuellement l’ensemble des salariés du privé et du public. La proposition a été soulevée le 16 juillet et ciblait deux des dates les plus symboliques pour la nation française : le 8 mai, jour de la victoire contre le nazisme, et le lundi de Pâques, également appelé « Jour de l’Ange » dans les Évangiles. Une date hautement symbolique pour les chrétiens, mais dont François Bayrou, présenté comme un fidèle pratiquant, affirmait le 16 juillet qu’il n’a « aucune signification religieuse » :
Il faut que toute la nation travaille plus pour produire et pour que l’activité du pays dans son ensemble soit plus importante dans l’année et pour que la situation de la France s’améliore. Je propose donc que deux jours fériés soient supprimés pour tout le pays.
Je cite comme exemple, mais je suis prêt à accepter d’autres idées, le lundi de Pâques, qui, n’a aucune signification religieuse et le 8 mai, dans un mois de mai devenu un véritable gruyère où l’on saute de pont en viaduc de congé et qui est en avance de phase comme on dit un mois qui porte vers les vacances.
Ce sont des propositions. Je suis prêt à en accepter ou en examiner d’autres. Si d’autres idées surgissent, bienvenue. Et nous pourrons voir. […]
Au passage, cette modification de notre calendrier des jours fériés rapportera plusieurs milliards au budget de l’État simplement parce que les entreprises, les commerces, la fonction publique, la nation travaillera et que notre production sera améliorée.
Le 21 juillet dernier, le Huffington Post précisait que les députés ne sont pas pour autant inactifs durant les trois mois d’été où ils ne siègent pas dans l’Hémicycle. Nous sommes donc soulagés. Y aurait-il d’autres pistes que François Bayrou n’aurait pas examinées, ou la suppression de ces jours fériés est-elle inéluctable pour tenter de réduire le déficit vertigineux qu’Emmanuel Macron et Bruno Le Maire ont creusé de plus de 1 000 milliards en sept ans ?
En 2024, le prédécesseur de François Bayrou, Michel Barnier, avait demandé « un effort aux anciens ministres et aux anciens Premiers ministres » afin de réduire le train de vie l’État. Il estimait en particulier que la mise à disposition d’un véhicule avec chauffeur ou d’un garde du corps, financée sur les deniers publics, pouvait être jugée indécente par les Français en période de difficultés budgétaires.
Elisabeth Borne, aujourd’hui ministre de l’Éducation nationale, s’était insurgée contre une telle proposition, invoquant un problème de sécurité pour les anciens ministres en cas de suppression (du financement) de ce dispositif. Elle avait confirmé être inquiète pour la sienne compte des mesures impopulaires prises sous son mandat. Pensait-elle également à la vaccination, aux confinements et au passe sanitaire, ou uniquement aux 23 (un par mois en moyenne) 49,3 qu’elle a utilisés pour tenir à bout de bras un ministère pour lequel elle n’était visiblement pas capée ?
La fraude fiscale, dont le manque à gagner pour l’État est aujourd’hui évalué entre 70 et 100 milliards d’euros, soit 2 à 3 fois la somme qui fait aujourd’hui défaut, et 20 à 30 fois le montant des économies escomptées par la suppression de deux jours fériés, n’est apparemment pas envisagée comme un butin prioritaire à reconquérir. Trop compliquée ou dangereuse à récupérer, le président de la République estimant que toute mesure « stigmatisante » à l’égard des entreprises serait un frein à la croissance.
Gageons qu’il ne s’agit que d’un malentendu et que le calendrier des députés, publié le 8 juillet, n’a pas encore été mis à jour pour s’aligner sur celui des Français.
