Hérésie sanitaire

Équipe Le Point Critique | 05 décembre 2025

DNC : le massacre injustifié des bovins continue, pour le plus grand bonheur de la Cour des comptes

Les abattages massifs de bovins se multiplient en France depuis l’apparition du premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans l’Hexagone en juin dernier. Au total, 2 700 animaux, pour l’essentiel en parfaite santé, auraient été exterminés en moins de six mois. Selon plusieurs scientifiques, cette mesure présentée comme indispensable par les autorités est pourtant totalement injustifiée sur le plan sanitaire.

Élevage de Prats-de-Mollo-la-Preste, 3/12/2025
Élevage de Prats-de-Mollo-la-Preste, 3/12/2025 | © Made in Perpignan

Mardi, le préfet du Doubs, Rémi Bastille, a fait procéder à l’euthanasie de 83 vaches et veaux en parfaite santé, à l’exception d’une bête atteinte par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). La mobilisation héroïque des éleveurs n’aura pas suffi face aux 200 gendarmes dépêchés au petit matin sur les lieux, aux grenades lacrymogènes et aux LBD utilisés pour mater la colère et le désespoir suscités par un tel niveau de barbarie. Un recours avait été déposé en justice pour tenter de suspendre l’opération. Les services vétérinaires étaient déjà sur place pour procéder à l’abattage alors que le tribunal n’avait pas encore rendu son jugement.

Même scène de crime mercredi, cette fois sans les forces de l’ordre, dans une exploitation à Prats-de-Mollo-la-Preste dans le Haut Vallespir : 42 vaches saines, 1 cas détecté, 24 heures pour décider de leur euthanasie. Orensie raconte comment sa vie s’est envolée en un claquement de doigts :

Je veux témoigner, je veux qu’on sache comment ils ont tué mes vaches !

Un cap dans l’horreur avait été franchi il y a trois semaines dans les Pyrénées-Orientales, où huit vaches terrorisées avaient réussi à prendre la fuite. Elles ont été achevées à coup de fusil, sans sédation contrairement à ce que prévoit le protocole. Fin novembre, un autre éleveur témoignait sur le réseau X de l’acharnement de l’administration qui lui interdit de rapatrier ses bêtes, bloquées sous la neige dans les alpages, sans nourriture et dans le froid, car l’exploitation serait située en « zone blanche ». Plusieurs éleveurs du Doubs seraient concernés par cette mesure, suscitant l’indignation de certains (rares) députés :

La communauté paysanne tente d’alerter la population, c’est pourquoi nous relayons leur appel.

Elle est aujourd’hui soutenue par plusieurs scientifiques qui dénoncent la folie des autorités : Jean-Marc Sabatier, Jean-François Lesgards, Alexandra Henrion-Caude… Le Dr Hélène Banoun, pharmacien biologiste, docteur d’État ès sciences pharmaceutiques, propose des éléments de réinformation qui permettent de comprendre pourquoi cette gestion sanitaire relève de l’hérésie.

La DNC est une maladie bénigne

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC), ou Lump Skin Disease (LSP) est une maladie virale dermatologique, peu symptomatique, non transmissible à l’homme et qui n’atteint que les animaux d’élevage. Lors de l’épidémie qui a touché La Réunion en 1992, la mortalité était de 1 cas sur mille (0,1 %). Elle se traduit par l’apparition de nodules potentiellement douloureux, une altération de l’état général accompagnée éventuellement d’une fièvre, et une baisse de l’appétit, de la production de viande, de lait et/ou de la qualité des peaux. Elle n’affecte pas la sécurité alimentaire des produits (lait, fromages, viande) qui restent consommables même si l’animal est malade.

Il existe un arsenal de traitements validés par la littérature

Nous avons publié, il y a plusieurs mois, une liste de traitements éprouvés, utilisés à l’étranger (Inde, Afrique) où la maladie est connue de longue date, contrairement à l’Hexagone où elle a fait son apparition seulement cette année, en Savoie. Il s’agit principalement de traitements de soutien (anti-inflammatoires, antibiotiques, antihistaminiques, antidouleurs), mais certains médicaments ont démontré leur efficacité sur la réduction des symptômes et de la durée de la maladie :

  • ivermectine ;
  • bleu de méthylène ;
  • complexes vitaminiques ;
  • propolis ;
  • mélanges de plantes.

Le Dr Banoun a recensé 20 études démontrant l’efficacité de ces différents traitements.

La stratégie sanitaire française a démontré son échec

Il existe des vaccins à virus vivant atténué utilisés depuis des décennies, notamment en Afrique du Sud et dans les Balkans, où ils semblent efficaces pour contrôler la maladie, c’est-à-dire empêcher qu’elle se propage.

La stratégie vaccinale utilisée en France repose sur la directive européenne 92/119/CEE de 1992, qui impose l’abattage systématique de l’ensemble du troupeau dès la confirmation d’un cas (article 5). Cette mesure dite de « dépeuplement » repose sur le postulat que les animaux asymptomatiques peuvent être contagieux, ce qui, selon Hélène Banoun, est paradoxalement infirmé par l’étude mise en avant par la directive.

Des dérogations sont toutefois prévues par cette directive lorsque les animaux sont vaccinés, ce qui est le cas en France depuis la mi-juillet, ou qu’il appartiennent à des races spécifiques.

Qu’en est-il sur le terrain ?

Les éleveurs se sont systématiquement vu refuser une dérogation à l’abattage de leurs bêtes, bien que celles-ci soient vaccinées. Pour quelle raison ?

La propagation de la maladie dans des cheptels vaccinés démontre que la vaccination ne fonctionne pas. Pourtant, elle n’est à aucun moment remis en cause.

L’abattage des troupeaux a démontré son inefficacité lors de précédentes épidémies, dans les rares cas où les pays ont eu recours à cette mesure. Ce fut le cas en Turquie, où l’éradication des troupeaux couplée à une vaccination systématique, basée sur un vaccin hétérologue inefficace rendu la maladie endémique. A contrario, l’abattage ciblé des animaux très malades couplé à une vaccination homologue a permis le contrôle de la maladie lors de l’épidémie de 2016-2017 de DNC de dans les Balkans.

Sur la base des données de la littérature, le Dr Banoun explique que la seule stratégie qui fonctionne repose sur ces trois piliers et en aucun cas sur l’abattage des cheptels :

  • la vaccination avec un vaccin homologue efficace ;
  • l’interdiction de transport des animaux infectés ;
  • le contrôle du transport des animaux.

Elle précise également que les experts européens, en particulier le Dr Eeva Tuppurainen ne recommandent pas les mesures préconisées par la directive européenne dans le cas de la DNC.

Comment expliquer la position des autorités sanitaires françaises ?

L’éradication des troupeaux n’est pas seulement un acte de cruauté gratuit traumatisant pour les éleveurs, elle les condamne économiquement à mort en les dépossédant de leur outil de travail. On sait que la Cour des comptes a recommandé en 2023 de réduire la taille du cheptel français de vaches de manière « importante » afin de lutter contre le réchauffement climatique. L’Association végétarienne de France a même fixé un objectif : – 30 % d’ici 2027. Si ce n’est pas la raison, c’est un moins un mobile.

L’une des conséquences directes de cette stratégie est que l’accord conclu avec le MERCOSUR, qui inondera demain le marché français de viande brésilienne ou argentine, sera vécu non comme une concurrence déloyale, mais comme chance pour un pays dont les éleveurs auront été préalablement éradiqués. Ce raisonnement était-il verbalisé dans les SMS échangés entre Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, et que la présidente a effacés en toute illégalité ?

Fin de cette folie sanitaire : l’appel aux éleveurs

Le Dr Banoun rappelle que le diagnostic de DNC, établi par les autorités sanitaires sur la base d’un test PCR, ne précise pas si les animaux sont contaminés par la souche sauvage ou vaccinale. Or les effets secondaires de la vaccination décrits par le ministère correspondent au tableau clinique de la maladie. Le règlement européen 2017/625 (§ 48) autorise les éleveurs à demander une contre-expertise pour tenter de sauver leur cheptel si le test établit que les symptômes sont induits par la vaccination. Le Dr Jean-Marc Sabatier signale à toutes fins utiles l’existence d’un kit commercialisé par la société Biosellal.

La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a tenté de justifier la politique sanitaire du Gouvernement sur son compte X, mais ses arguments sont parfaitement inaudibles lorsqu’on les confronte à la science et à l’éthique.

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