Avancée scientifique

Équipe Le Point Critique | 29 septembre 2025

Une étude relayée par Donald Trump établit un lien entre paracétamol et autisme

Le ministère américain de la Santé affirme avoir identifié la consommation de paracétamol pendant la grossesse comme une cause possible de l’autisme. Une thérapie prometteuse pour les enfants atteints de cette pathologie devrait être homologuée prochainement par la FDA.

L'utilisation de paracetamol pendant la grossesse augmenterait le risque d'autisme
© iStock/Saito Fam

Le 23 septembre dernier, lors d’une conférence de presse organisée en présence de son ministre de la Santé et des directeurs de trois agences sanitaires (FDA, NIH, Medicaid), Donald Trump a communiqué sur de nouvelles données scientifiques transmises par son administration.

L’annonce principale porte sur la découverte d’un lien possible entre l’autisme et une exposition prénatale au paracétamol (acétaminophène), dont il estime que les dangers ont été dissimulés pendant des décennies. À ce titre, il a publiquement demandé aux femmes enceintes d’arrêter de consommer du Tylenol, le nom sous lequel le paracétamol est commercialisé aux États-Unis, en attendant que de nouvelles recommandations soient émises.

Lors de la conférence, il a également pointé le rôle des vaccins dans l’« épidémie d’autisme » qui sévit aux États-Unis depuis cinquante ans, où son incidence est passée de 1 cas sur 10 000 en 1970 à 1/31 aujourd’hui.

Tout d’abord, à compter de maintenant, la FDA informera les médecins que l’utilisation de l’acétaminophène, communément appelé Tylenol, pendant la grossesse peut être associée à un risque très accru d’autisme. Donc, prendre du Tylenol n’est pas une bonne chose. […] C’est pourquoi ils recommandent vivement aux femmes de limiter leur consommation de Tylenol pendant la grossesse, sauf en cas de nécessité médicale, par exemple, en cas de fièvre extrêmement élevée.

https://www.youtube.com/watch?v=oWUPoQAeqIY&t=93s
Prévalence de l'autisme 1970-2020, données CDC

Le contexte de cette annonce

Cette déclaration fait suite à la publication le 14 août[1] d’une vaste revue de la littérature dirigée par Andrea A. Baccarelli, le doyen de l’École de santé publique de Harvard, qui établit un lien entre l’exposition au Tylenol et l’autisme. La revue Nature réfute la consistance des preuves avancées dans cette étude dont les conclusions ont été présentées le 23 septembre par Robert F. Kennedy Jr depuis le bureau ovale de la Maison-Blanche :

Nos recherches ont révélé qu’une carence en folates dans le cerveau d’un enfant peut conduire à l’autisme. Nous avons également identifié une thérapie prometteuse qui pourrait bénéficier à un grand nombre d’enfants autistes.

https://twitter.com/TheChiefNerd/status/1970234399062180193

En l’occurrence, la thérapie évoquée par RF Kennedy est la leucovorine, également connue sous le nom d’« acide folinique », une vitamine synthétique liée à l’acide folique. Les scientifiques qui s’insurgent contre les annonces de l’administration Trump après avoir présenté les vaccins anti-COVID comme sûrs et efficaces chez les femmes enceintes sur lesquelles ils n’avaient jamais été testés dénoncent les preuves limitées d’efficacité de cette nouvelle molécule, qui seraient fondées sur uniquement quatre petits essais cliniques contrôlés randomisés.

Les résultats de l’étude de Harvard

Les chercheurs de l’étude dirigée par Andrea A. Baccarelli ont examiné 46 études sur l’utilisation d’acétaminophène pendant la grossesse couvrant la période 1987-2025. Des millions de naissances ont ainsi été suivies de 1991 à 2019, faisant apparaître des liens cohérents avec le risque de trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et d’autisme, matérialisés par des décennies de recherche mondiale convergente.

Concernant les résultats, des associations positives ont été rapportées avec le TDAH, le trouble du spectre autistique (TSA) et d’autres troubles neurodéveloppementaux dans respectivement 14 études sur 20 (70 %), 5 études sur 8 (63 %) et 6 études sur 18 (33 %), avec une relation dose-réponse observée dans plusieurs études. Si l’on inclut les études ayant montré des résultats mitigés, les taux d’association positive ou probable s’élèvent à 80 % pour le TDAH, 75 % pour le TSA et 67 % pour les autres troubles neurodéveloppementaux. Les chercheurs ont également recensé les principaux biais susceptibles d’affecter les conclusions des études évaluées.

Concernant l’ancienneté de ces résultats, la chronologie montre que les premiers signaux sont apparus il y a quarante ans, avec la publication d’une étude américaine[2] signalant pour la première fois les effets comportementaux du paracétamol prénatal. Ils n’étaient pas encore étiquetés « trouble autistique » ou « trouble de l’attention », mais le fait qu’ils soient relatés dans la littérature bat en brèche la réponse officielle selon laquelle l’augmentation de leur incidence découlerait virtuellement d’un élargissement des critères diagnostiques et d’un dépistage plus précoce de la maladie.

L’année 2013 marque le début d’une épidémiologie forte, avec la parution d’une série d’études norvégienne, danoise, anglaise ou allemande documentant un lien entre l’exposition prénatale et l’apparition de retards de langage ou de troubles hyperkinétiques.

Le lien matérialisé par Baccarelli et al. est donc suspecté de longue date par la communauté scientifique qui a parfaitement analysé le mécanisme par lequel le paracétamol affecte le développement neurocomportemental du fœtus :

Le glutathion et l’acide folique sont tous deux étroitement liés au développement neurologique, bien que par des voies biochimiques différentes, mais interconnectées. L’acide folique alimente le cycle de méthylation et fournit des précurseurs au glutathion, tandis que le glutathion protège le cerveau en développement du stress oxydatif. Ensemble, ils forment un partenariat biochimique essentiel au bon développement neurologique.

Le Tylenol épuise les réserves de glutathion de l’organisme par les mécanismes décrits ci-dessus. À des doses suffisantes, cela peut entraîner la mort. À des doses sublétales chez les nourrissons et les fœtus en développement, la réduction du glutathion disponible peut entraîner des dommages au développement neurologique.

https://www.malone.news/p/tylenol-leucovorin-and-child-neurodevelopment

Interrogé sur la teneur des futures annonces de Robert F. Kennedy Jr, le Dr Malone précisait le 3 septembre dernier :

On pourrait entendre parler de l’interaction du Tylenol chez les très jeunes enfants avec des médicaments pro-inflammatoires, comme les vaccinations multiples.

https://twitter.com/TheChiefNerd/status/1963251904269394288

Les principales agences sanitaires (française, européenne, canadienne…) ont réagi à cette annonce en rappelant que le paracétamol est sûr pendant la grossesse. Or comme l’a rappelé le fabricant, le Tylenol n’a jamais été testé sur les femmes enceintes. En appliquant cette nouvelle recommandation, les États-Unis devraient donc permettre de combler cette lacune en offrant le plus vaste groupe contrôle pour évaluer l’impact du paracétamol sur l’incidence de l’autisme.


Références

[1] Prada D, Ritz B, Bauer AZ, Baccarelli AA. Evaluation of the evidence on acetaminophen use and neurodevelopmental disorders using the Navigation Guide methodology. Environ Health. 2025 Aug 14;24(1):56. https://doi.org/10.1186/s12940-025-01208-0.

[2] Streissguth AP, Treder RP, Barr HM, et al. Aspirin and acetaminophen use by pregnant women and subsequent child IQ and attention decrements. Teratology. 1987;35(2):211–9. https://doi.org/10.1002/tera.1420350207.

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