Hystérie sanitaire
Extermination des bovins français, la « poussée d’irrationalité » des autorités sanitaires
Un millier de bovins ont été euthanasiés préventivement en France depuis le 29 juin pour tenter de juguler l’épidémie actuelle de dermatose nodulaire contagieuse. Plusieurs voix scientifiques s’élèvent contre cette stratégie barbare et alertent sur l’existence de mesures alternatives non létales.
Les élevages bovins français font face depuis un mois à une épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). La stratégie sanitaire mise en place le 16 juillet comprend la vaccination obligatoire des animaux et l’abattage de l’ensemble des troupeaux dès la détection d’un cas. La zone réglementée couvre quatre départements (Savoie, Haute-Savoie, Ain et Isère) et englobe environ 2 156 élevages, soit 225 000 bovins potentiellement concernés par ces mesures d’euthanasie.
L’objectif de la vaccination est de prévenir les pertes économiques engendrées par la maladie et par ces abattages afin d’obtenir rapidement l’éradication complète et rapide de la DNC. Le ministère explique pourtant que si un animal est vacciné en période d’incubation, il contractera la maladie avant que la protection ne soit effective, ce qui « impliquera alors le dépeuplement total du cheptel contaminé, bien que vacciné » si l’infection est confirmée par un test PCR.
La vaccination n’a pour l’instant pas produit les effets escomptés puisque le nombre de foyers (51 au 30 juillet) a augmenté de 50 % en une semaine, malgré l’abattage d’un millier de bêtes et la vaccination d’un tiers des 310 000 bovins ciblés.
Est-il encore possible de sauver les animaux condamnés par cette folie sanitaire ?
Nous avons cité récemment une étude démontrant que l’ivermectine était efficace à 100 % contre la maladie, avec un délai de guérison de 15 jours[1]. La généticienne Alexandra Henrion-Caude signale aujourd’hui deux autres éléments qui démontrent que la stratégie officielle du gouvernement ne répond à aucune logique sanitaire.
Elle dénonce sous la forme de questions-réponses une « nouvelle poussée d’irrationalité des autorités sanitaires et des médias », dont certains n’ont pas hésité à brandir le spectre de la maladie de la vache folle pour justifier les mesures barbares imposées aux éleveurs.
Question 1 : Où la maladie sévit-elle habituellement ?
La DNC est originaire d’Afrique australe[2]. Elle s’est propagée vers le nord au cours de la dernière décennie, notamment en Afrique où la maladie est endémique dans la plupart des pays. Elle a été identifiée pour la première fois en Europe en 2015, principalement dans les Balkans, mais le tout premier cas n’est apparu dans l’Hexagone que le 29 juin 2025, huit ans après l’éradication de la DNC en Europe.
L’OMSA précise que les mécanismes de contamination restent hypothétiques, la manière dont la DNC se transmet entre les animaux et les troupeaux étant actuellement inconnue. L’Organisation estime sa létalité entre 1 à 5 %, mais les autorités sanitaires communiquent sur un taux de 30 %.
Question 2 : Existe-t-il des solutions permettant de préserver les animaux ?
Oui, des traitements simples à base de propolis[3], de bicarbonate de sodium[4] ou d’huile essentielle de Lumpy-Nil[5] sont aujourd’hui documentés. Les données de la littérature montrent :
- une disparition des nodules en trois jours et un taux de guérison de 100 % avec un traitement à base d’alginate de propolis, connue pour ses propriétés antivirales, réépithélisantes et cicatrisantes, vs 13,38 % de guérison avec une antibiothérapie à la tétracycline ;
- une amélioration perceptible dans les deux heures suivant une perfusion intraveineuse de solution aqueuse à 5 % de bicarbonate de sodium à raison de 1 ml/kg, avec une augmentation progressive jusqu’à 72 heures après le début du traitement ;
- une disparition des symptômes (fièvre, léthargie, manque d’appétit) en 1 à 3 jours avec un spray à base d’huiles essentielles de Lumpy-Nil, assortie d’une cicatrisation progressive des plaies et une extinction des nodules en 15 jours, une récupération du rendement laitier entre 7 et 15 jours, et un arrêt de la formation de nouveaux nodules dans les 2 à 4 jours suivant l’initiation du traitement.
Un traitement combinant un antibiotique (gentamicine), un anti-inflammatoire (méloxicam), des antihistaminiques, un traitement multivitamines et des soins antiseptiques locaux a également été rapporté comme efficace par des chercheurs[6] :
- régression de la fièvre après 48 heures, avec reprise d’une alimentation normale ;
- disparition presque intégrale des nodules après 3 semaines ;
- guérison complète observée au bout de 21 jours.
Une autre étude rapporte également l’efficacité d’un cocktail associant un antibiotique (enrofloxacine), un anti-inflammatoire (méloxicam), un antihistaminique (phéniramine), de l’ivermectine, un répulsif (loraxine) et traitement de soutien (brotone)[7].
Un éleveur soutenu par la Coordination rurale avait contesté devant la justice administrative l’arrêté préfectoral imposant l’abattage de l’ensemble de son troupeau (123 bêtes, dont 2 contaminées). Il a été débouté ce mardi par le Conseil d’État qui a estimé qu’il n’excitait pas de « mesures d’atténuation » suffisamment probantes pour autoriser le report de cette mesure. La vaccination n’a donc été d’aucun secours ni pour l’éleveur ni pour ses bêtes.
La Confédération paysanne et la Coordination rurale du Gers s’attendent à être les prochains sur la liste. Ils ont toutefois fait savoir qu’ils ne laisseraient pas les autorités sanitaires procéder à l’abattage de leur cheptel, et demandent expressément à l’État de revoir son protocole sanitaire. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, n’a pas encore répondu à leur appel.
Il est peu probable qu’elle le fasse. Si l’épidémie actuelle est un drame absolu pour de nombreux éleveurs, elle est une bénédiction pour le Gouvernement auquel la Cour des comptes a demandé en 2023 de définir « “une stratégie de réduction” du cheptel bovin pour atteindre les objectifs climatiques de la France ».
Références
[1] Smriti S, Upasana V, Chitralekha D, Seema D, Surendra KK, Ritu G. Successful therapeutic management of lumpy skin disease. Pharm Innov J. 2023;12(8):S467-9. https://www.thepharmajournal.com/archives/2023/vol12issue8S/PartF/S-12-8-153-572.pdf.
[2] Datten B, Chaudhary AA, Sharma S, Singh L, Rawat KD, Ashraf MS, et al. An extensive examination of the warning signs, symptoms, diagnosis, available therapies, and prognosis for Lumpy Skin Disease. Viruses. 2023 Feb 22;15(3):604. https://doi.org/10.3390/v15030604.
[3] Farag TK, El-Houssiny AS, Abdel-Rahman EH Abou-Zeina HAA, Hegazi AG. A new approach to the treatment of lumpy skin disease infection in cattle by using propolis encapsulated within ALG NPS. Adv Anim Vet Sci. 2006;8(12):1346-55. http://dx.doi.org/10.17582/journal.aavs/2020/8.12.1346.1355.
[4] Vatsaev SV, Tchernykh OY, Lysenko AU, Pielva AM. Assessment of therapeutic efficacy of 5% sodium hydrocarbonate solution in case of nodular dermatitis of cattle. KnE Life Sci. 2019:754-63. https://doi.org/10.18502/kls.v4i14.5672.
[5] Arun HS Kumar AHS, Sagar V, Ravindranath BM. Evaluating the efficacy of LUMPY-NIL herbal powder, dermal Spray and dermal ointment in treating Lumpy Skin Disease (LSD) in Bovines. bioRxiv [Preprint]. 2025 May 13. https://doi.org/10.1101/2025.05.22.655490.
[6] Halder B, Seikh B. Susscessful management of lumpy skin disease in calf: A case study. J Fisheries Livest Prod. 2022 Mar04;10(2):329. https://doi.org/10.5281/zenodo.10677154.
[7] Rather MA, Mohmmad J. Lumpy skin disease and its clinical management under field conditions: A case report. Sci World. 2024;4(2):701-6. https://doi.org/10.5281/zenodo.10677155.