Ingénierie sociale
Polémique autour de la déclaration du chef d’état-major des armées
Le 11 juillet dernier, le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, a tenu une conférence de presse qualifiée de « rare » par l’ensemble des médias. Une déclaration anxiogène prononcée à cette occasion a été particulièrement commentée sur les réseaux sociaux. Décryptage.
À la veille du 14 juillet, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées depuis 2021, a présenté son analyse de l’environnement stratégique de la nation lors d’une conférence de presse. Il a détaillé les principales menaces qui pèseraient selon lui sur la vie des Français, en s’attardant plus particulièrement sur le risque d’un affrontement direct avec la Russie. Une déclaration attribuée à cinq reprises à Vladimir Poutine a provoqué un tollé sur le réseau X, plusieurs abonnés affirmant que de tels propos n’ont jamais été tenus par le locataire du Kremlin.
La question a été posée au robot d’intelligence artificielle Grok, qui ne retrouve aucune citation de cette nature :
Cette affirmation a été largement relayée par des médias français tels que Midi Libre, Le Monde, France Info, et d’autres. Cependant, il existe une controverse autour de cette déclaration. Certains posts sur X et un article de Pravda FR affirment que Poutine n’a jamais explicitement tenu ces propos. Ils soulignent l’absence de citation directe, de discours ou de preuve concrète attribuant cette déclaration à Poutine, suggérant qu’il pourrait s’agir d’une interprétation ou d’une exagération visant à justifier une posture plus offensive de la France ou à préparer l’opinion publique à un réarmement.
Analyse critique : Bien que le général Burkhard ait attribué cette désignation à Poutine, aucune source officielle russe (discours, communiqué du Kremlin, etc.) ne semble confirmer cette citation exacte dans les informations disponibles. Il est possible que cette affirmation repose sur des analyses de l’état-major français basées sur des actions russes (comme des opérations hybrides : cyberattaques, désinformation, espionnage) plutôt que sur une déclaration publique explicite de Poutine. La France, en tant que puissance nucléaire et acteur clé dans le soutien à l’Ukraine, est logiquement une cible stratégique pour la Russie, ce qui pourrait expliquer pourquoi elle est perçue comme un adversaire prioritaire par Moscou, même sans une déclaration formelle.
Conclusion : Il n’y a pas de preuve directe et publique que Poutine ait explicitement déclaré que la France est son « principal adversaire en Europe ». L’affirmation semble être une interprétation des autorités françaises, basée sur le contexte géopolitique et les actions hostiles de la Russie envers la France. Pour confirmer ou infirmer cette déclaration, il faudrait une source russe officielle ou un discours précis de Poutine, ce qui fait défaut pour l’instant.
Grok ne retrouve pas non plus de déclarations belliqueuses du président russe à l’endroit de la France. Fin juin, lors du 28e Forum économique international de Saint-Pétersbourg, présenté par Le Monde comme le « Davos poutinien », le président russe a tout au plus commenté le souhait de l’OTAN de porter à 5 % de leur PIB les dépenses des pays membres de l’Alliance :
Nous ne considérons aucun réarmement de l’OTAN comme une menace pour la Fédération de Russie, car nous sommes autosuffisants en matière de sécurité.
https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250618-poutine-affirme-que-le-r%C3%A9armement-de-l-otan-n-est-pas-une-menace-pour-la-russie
Il a précisé qu’une telle augmentation des dépenses de l’OTAN n’avait « aucun sens » pour les pays concernés, puisque la Russie contrerait « toutes les menaces qui se dresseront. Cela ne fait aucun doute », ce qui semble être le point culminant de l’agressivité exprimée à l’encontre de l’Occident. Une table ronde France-Russie impliquant au moins quatre hommes d’affaires français était au contraire inscrite au programme du Forum.
Interrogé par une journaliste du Wall Street Journal, visiblement septique quant à l’authenticité des propos attribués au chef du Kremlin, le général Thierry Burkhard a maintenu ses affirmations :
En fait, c’est pas moi qui le dis, c’est Poutine qui a dit « La France est mon adversaire principal en Europe ».
Il semble en l’état que ce soit une fausse nouvelle, ce qui est gênant lorsqu’on la confronte aux déclarations de son auteur, qui a fustigé dans sa conférence l’utilisation de la désinformation par la Russie pour fragiliser la cohésion nationale en France.
D’où nos interrogations : quel était l’objectif d’un tel mensonge ? N’y avait-il pas d’autres moyens de l’atteindre ?
La réponse est sortie le 13 juillet de la bouche du chef de l’État. Il a expliqué que la mission qu’il avait personnellement confiée au chef d’état-major des armées en amont de cette conférence était de sensibiliser les Français à la gravité des menaces qui pèsent sur la France. Nous l’avions bien compris, mais là encore, le général Thierry Burkhard s’est déshonoré par un mensonge :
Je pense que les Français sont assez bien conscients de ça. Ce qu’il faut, c’est quand même en tout cas leur parler très clairement et pas faire peur. Juste dire ce qu’il en est.
L’explication donnée par Emmanuel Macron est-elle l’alpha et l’oméga de ce mensonge coordonné ? Cette déclaration intervient en effet quelques heures avant la présentation des orientations du budget 2026 dont le Premier ministre a laissé entendre qu’elles seraient marquées par une annonce historique.
François Bayrou osera-t-il aller jusqu’à surfer sur les déclarations du chef d’état-major des armées et d’Emmanuel Macron, qui a d’ores et déjà préparé les esprits à la nécessité d’un réarmement massif de la nation lors de son discours du 13 juillet, pour tenter de convaincre les parlementaires de voter une augmentation massive des dépenses militaires (64 milliards d’euros) dont la France, déjà exsangue, ne se relèvera pas ?
Les paris sont ouverts.