Santé publique

Mathilde Debord | 30 juillet 2023

Vaccination du bétail avec des injections ARNm, quels risques pour la santé humaine ?

En avril dernier, l’avocat Thomas Renz révélait que la vaccination des porcs d’élevage à l’ARN messager avait débuté en 2018 aux États-Unis, sans que les consommateurs en soient informés. Un syndicat d’éleveur de bétail indépendant dénonce aujourd’hui publiquement les risques que ces injections pourraient faire courir aux consommateurs de viande et relance le débat sur la nécessité de rendre obligatoire l’étiquetage des produits carnés.

Troupeau de vaches dans un pré

Les nombreuses inconnues qui persistent autour ces injections, notamment leur impact à moyen et long terme sur la santé, sont-elles de nature à inquiéter les scientifiques et les consommateurs de viande ? Ce sont essentiellement trois questions que soulève aujourd’hui la vaccination des bovins d’élevage, suspectée d’être anticipée par les laboratoires et l’industrie agroalimentaire :

  • Quel est l’impact de ces injections pour la santé animale ?
  • Cet ARNm vaccinal peut-il être à l’homme via la consommation de produits carnés ?
  • Le cas échéant, quel serait le risque d’une vaccination passive ?

La vaccination des animaux basée sur des injections d’ARNm a commencé il y a près d’un an dans les zoos (Oakland, Chicago, Dallas…), mais leur déploiement n’avait inquiété à l’époque qu’une poignée de citoyens. Depuis cette annonce, plusieurs lanceurs d’alerte dont le Pr M. Crispin Miller (université de New York) ou le journaliste Igor Chudov, ont signalé des décès inexpliqués survenus sur les animaux en captivité. De façon moins spéculative, la divulgation des résultats des études précliniques conduites par Pfizer et Moderna a confirmé l’impact catastrophique des injections ARNm sur les animaux et leur progéniture.

Un article de The Defender, édité par l’association Children Health Defense, revient aujourd’hui sur cette question au lendemain de la diffusion d’un communiqué de presse, publié le 20 avril 2023 par le Fonds juridique américain d’action des éleveurs de bétail (Ranchers-Cattlemen Action Legal Fund United Stockgrowers of America — R-CALF USA). Il réclame dans ce texte l’étiquetage obligatoire du pays d’origine (MCOOL) de la viande afin de garantir la liberté de choix des consommateurs et exprime une série de craintes étayées par les données récentes de la littérature :

  • l’ARNm pourrait être présent dans la viande destinée à la consommation en raison de sa persistance dans l’organisme ;
  • il pourrait notamment être absorbé via le tractus gastro-intestinal ;
  • les effets à long terme de la consommation de viande d’animaux ayant subi des injections d’ARNm sont à ce jour inconnus. L’article cite notamment une étude ayant débuté en octobre 2021 visant à évaluer un système de vaccin à ARNm bovin contre l’infection par le virus respiratoire syncytial bovin (VRS), mais dont la date de fin est établie au 30 septembre 2026.

L’article du Defender cite un document publié quelques jours après ce communiqué, dans lequel un professeur agrégé de recherche en génétique fonctionnelle (Pr Penny Riggs, Texas A&M University) rappelle le consensus vaccinal sur lequel repose la décision de vacciner le bétail, et pointe plusieurs études, dont nous avons complété la liste, qui remettent en question ce paradigme.

Sophisme vaccinal

  • La moitié de l’ARNm d’un vaccin disparaît en 20 heures environ et est complètement détruite en quelques jours. Les messages délivrés sont détruits dans la cellule après la fabrication d’une quantité suffisante de protéines (de quelques minutes à quelques heures).
  • Les cellules vivantes « n’excrètent pas l’ARNm au fil du temps » ;
  • Il n’existe aucun risque pour la sécurité alimentaire concernant la viande d’animaux ayant reçu une injection de vaccin ARNm.
  • L’ARNm d’un vaccin ne peut pas être transmis à l’homme via la viande ou le lait.
  • Il ne pénètre pas dans le noyau des cellules et ne modifie donc pas le génome de son hôte.

Ces arguments sont notamment détaillés dans un article diffusé le 16 juin 2023 par Tri-State Livestock News (TSLN), un journal professionnel à destination des éleveurs.

État de la littérature

L’article de TSLN est pourtant démenti par une série d’études publiées depuis deux ans qui définissent le nouveau paradigme vaccinal, aux antipodes de celui revendiqué par les autorités sanitaires et les laboratoires.

  • L’ARNm vaccinal pénètre dans la circulation sanguine où il est retrouvé 15 jours après l’injection (Fertig et al.[1].
  • Des séquences vaccinales complètes de la protéine Spike vaccinale ont été détectées dans le sang jusqu’à 28 jours après l’injection, sous forme de traces ou de séquences complètes (Castruita et al.[2].
  • De la protéine de pointe a été retrouvée en quantité abondante dans les centres germinaux des ganglions lymphatiques 16 jours après la deuxième dose, avec un antigène de pointe toujours présent jusqu’à 60 jours après l’injection (Röltgen et al.[3]. Selon d’autres chercheurs, elle persiste dans le sang de personnes vaccinées plus de 3 semaines après l’injection (Yonker et al.[4] ; elle aurait été détectée dans le corps (en l’occurrence, les exosomes) jusqu’à 4 mois post vaccination dans une étude de novembre 2021 (Bansal et al.[5], jusqu’à 15 mois dans une autre étude en janvier 2022 (Patterson et al.[6] et pendant au moins 12 mois selon une publication datée de février 2023 (Swank et al.[7].
  • L’ARNm pourrait potentiellement être absorbé via le tractus gastro-intestinal, notamment après avoir consommé de la viande avariée (Abramson et al.[8]. Les auteurs à l’origine de cette découverte déclarent en conclusion de leur recherche :

« Les preuves d’études sur de petits et grands animaux démontrent que cette forme d’administration permet à la fois l’absorption et la transfection gastriques et systémiques. »

  • L’ARNm pourrait, selon l’état actuel des connaissances, se transmettre de vacciné à non-vacciné selon un procédé appelé shedding (Banoun) [9]. L’auteur, biologiste, pharmacienne, ancienne chercheuse à l’Inserm précise :

« Il a été démontré que les nanoparticules lipidiques (ou leur équivalent naturel, les exosomes ou vésicules extracellulaires VEs) sont capables d’être excrétées par les fluides corporels (sueur, expectoration, lait maternel) et de passer la barrière transplacentaire. Ces VEs sont également capables de pénétrer par inhalation et à travers la peau (saine ou lésée) ainsi que par voie orale via le lait maternel (et pourquoi pas lors des rapports sexuels via le sperme, car cela n’a pas été étudié). Il est urgent de faire respecter la législation sur la thérapie génique qui s’applique aux vaccins à ARNm et de mener des études sur ce sujet alors que la généralisation des vaccins à ARNm est envisagée. »

  • Les injections ARNm (en l’occurrence, celles du vaccin Pfizer) peuvent pénétrer dans le noyau de la cellule et se convertir in vitro en ADN dans les cellules du foie humain selon des chercheurs suédois(Aldén et al. [10]), confirmant les résultats de deux études précédentes (Chandramouly et Zhang et al.[11,12] :
  • L’intégration génomique est considérée aujourd’hui comme un risque majeur en raison de la présence massive de plasmides d’ADN bactérien retrouvé dans l’ensemble des vaccins Pfizer et Moderna. Si ces injections destinées à l’homme et inoculées à 7 milliards d’humains ont pu échapper aux contrôles de leur chaîne de production prévus par les agences sanitaires, peut-on imaginer qu’il en soit autrement pour des vaccins à destination du bétail ?

Des injections d’ARNm déjà utilisées chez les porcs

Quoi qu’il en soit, ce débat ne serait qu’une tempête dans un verre d’eau selon l’Association nationale des bovins de boucherie (National Cattlemen’s Beef Association) qui a tenu à rassurer la population, via un communiqué de presse assurant, le 6 avril 2023, qu’« il n’existe actuellement aucun vaccin à ARNm autorisé pour une utilisation chez les bovins de boucherie aux États-Unis ». Peut-on redouter au contraire que cette situation perdure longtemps ?

  • Le projet est en cours si l’on en croit les auteurs de l’étude conduite à l’université d’État de l’Iowa, qui annoncent vouloir « tester les corrélats potentiels de protection à examiner chez les vaches éventuellement atteintes ».
  • Plusieurs pays s’apprêtent à vacciner ou ont déjà commencé à injecter les bovins avec des injections d’ARNm(Australie, Nouvelle-Zélande, Chine).
  • Bien que les États-Unis n’aient pas homologué les injections d’ARNm chez les bovins, elles seraient utilisées par les producteurs de porc depuis 2018 sans que le consommateur en soit informé, selon l’avocat américain Thomas Renz.
  • Le lobby national des éleveurs milite aujourd’hui activement contre un projet de loi (Missouri House Bill 1169) visant à rendre obligatoire l’étiquetage des produits susceptibles d’altérer les gènes, et affirmant qu’un consentement pleinement éclairé doit être donné pour tous les vaccins, thérapies géniques et interventions médicales, obligeant les entreprises « à partager des informations sur la transmissibilité potentielle des interventions de modification génétique ».

Faut-il s’inquiéter si ce projet voit le jour, notamment en Europe, où « l’hésitation vaccinale » inquiète au plus haut point les autorités qui ne se cachent pas de vouloir la contourner à tout prix ? La déclaration faite le 28 avril 2023 par le PDG de R-CALF, Bill Bullard, concernant la vaccination des vaches en Chine y invite en tout cas :

« Nous comprenons que l’ARNm est utilisé ou sur le point d’être utilisé chez les bovins dans des pays étrangers. L’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Chine ont été mentionnées. Nous comprenons que la Chine injecte de l’ARNm codé pour la protéine de pointe du virus COVID-19 à des vaches laitières dans le but d’exposer les consommateurs de produits laitiers à l’ARNm. »


Références

[1] Fertig TE, Chitoiu L, Marta DS, et al. Vaccine mRNA can be detected in blood at 15 days post-vaccination. Biomedicines. 2022 Jun 28;10(7):1538. DOI: https://doi.org/10.3390/biomedicines10071538.

[2] Castruita JAS, Schneider UV, Mollerup S. SARS-CoV-2 spike mRNA vaccine sequences circulate in blood up to 28 days after COVID-19 vaccination. APMIS. 2023 Mar;131(3):128-32. DOI: https://doi.org/10.1161/10.1111/apm.13294. L’étude a été publiée en janvier 2023.

[3] Röltgen K, Nielsen SCA, Silva O, et al. Immune imprinting, breadth of variant recognition, and germinal center response in human SARS-CoV-2 infection and vaccination. Cell. 2022 Mar 17;185(6):1025-1040.e14. DOI: https://doi.org/10.1016/j.cell.2022.01.018.

[4] Yonker LM, Swank Z, Bartsch YC, et al. Circulating Spike protein detected in post-COVID-19 mRNA vaccine myocarditis. Circulation. 2023 Mar 14;147(11):867-876. DOI: https://doi.org/10.1161/CIRCULATIONAHA.122.061025.

[5] Bansal S, Perincheri S, Fleming T, et al. Cutting edge: Circulating exosomes with COVID Spike protein are induced by BNT162b2 (Pfizer-BioNTech) vaccination prior to development of antibodies: A novel mechanism for immune activation by mRNA vaccines. J Immunol. 2021 Nov 15;207(10):2405-2410. DOI: https://doi.org/10.4049/jimmunol.2100637.

[6] Patterson BK, Francisco EB, Yogendra R. Persistence of SARS CoV-2 S1 protein in CD16+ monocytes in post-acute sequelae of COVID-19 (PASC) up to 15 months post-infection. Front Immunol. 2022 Jan 10;12:746021. DOI: https://doi.org/10.3389/fimmu.2021.746021.

[7] Swank S, Senussi Y, Manickas-Hill Z. Persistent circulating severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 spike is associated with post-acute coronavirus disease 2019 sequelae. Clin Infect Dis. 2023 Feb 8;76(3):e487-e490.  DOI: https://doi.org/10.1093/cid/ciac722.

[8] Abramson A, Kirtane AR, Shi Y, et al. Oral mRNA delivery using capsule-mediated gastrointestinal tissue injections. Matter. 2022 Mar 2;5(3):975-87 DOI: https://doi.org/10.1016/j.matt.2021.12.022. Traduction de l’étude en français : https://www-sciencedirect-com.translate.goog/science/article/pii/S2590238521006809?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=wapp.

[9] Banoun N. Current state of knowledge on the excretion of mRNA and spike produced by anti-COVID-19 mRNA vaccines; possibility of contamination of the entourage of those vaccinated by these products. 2022 Nov. Inf Dis Res;3(4):22. DOI: https://doi.org/10.53388/IDR20221125022.  https://www.tmrjournals.com/article.html?J_num=4&a_id=2402. Traduction de l’étude en français : https://www.researchgate.net/publication/365233482_Etat_actuel_des_connaissances_sur_l’excretion_de_l’ARNm_et_de_la_spike_produite_par_les_vaccins_a_ARNm_anti-Covid-19_possibilite_de_contamination_de_l’entourage_des_personnes_vaccinees_par_ces_produit

[10] Aldén M, Olofsson Falla F, Yang D, et al. Intracellular reverse transcription of Pfizer BioNTech COVID-19 mRNA vaccine BNT162b2 in vitro in human liver cell line. Curr Issues Mol Biol. 2022 Feb 25;44(3):1115-26. DOI: https://doi.org/10.3390/cimb44030073.

[11]  Chandramouly G Zhao J, McDevit S, et al. Polθ reverse transcribes RNA and promotes RNA-templated DNA repair. Sci Adv. 2021 Jun 11;7(24):eabf1771. DOI: https://doi.org/10.1126/sciadv.abf1771.

[12] Zhang L, Richards A, Barrasa MI, et al. Reverse-transcribed SARS-CoV-2 RNA can integrate into the genome of cultured human cells and can be expressed in patient-derived tissues. PNAS. 2021 May 25;118(21):e2105968118. DOI: https://doi.org/10.1073/pnas.2105968118.

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