Jour sans fin
Nouvelle affaire de corruption en Ukraine impliquant potentiellement deux proches de Zelensky
Deux jours avant un déplacement crucial de Zelensky à Washington, un nouveau scandale vient d’être mis au jour par le Parquet ukrainien de lutte contre la corruption, impliquant plusieurs députés du parti présidentiel soupçonnés d’avoir perçu des pots de vin en échange de leurs votes à la Rada. Deux proches intimes de Volodymyr Zelensky sont cités dans le dossier, dont l’un a quitté précipitamment le pays la veille des perquisitions.
L’Agence nationale anticorruption ukrainienne (NABU) a annoncé vendredi sur son canal Telegram avoir mis au jour un système criminel d’achats de votes impliquant des députés en exercice au sein de la Verkhovna Rada, le Parlement ukrainien. Elle indique également avoir perquisitionné les bureaux du siège du parti présidentiel (Serviteur du peuple) et de la Commission parlementaire des transports et des infrastructures, dont les agents du Service national de sécurité auraient tenté de lui interdire l’accès afin de bloquer les perquisitions.
L’information a été révélée vendredi par Ouest France qui explique que plusieurs députés ukrainiens auraient perçu des pots de vin de manière systématique en échange de leur vote. Les médias ukrainiens (O57, ZN) révèlent aujourd’hui le nom de trois députés du parti présidentiel qui seraient cités dans le dossier : Yevhen Pivovarov, Ihor Negulevskyi et Yurii Kisel, le président de la commission des Transports, dont le bureau avait été placé sous écoute par le NABU il y a deux ans. C’est ici que les députés sont soupçonnés avoir reçu leurs enveloppes.
Selon le journaliste ukrainien Anatoli Sharij, Kysel est surtout l’un des plus proches amis de Volodymyr Zelensky et de Serhiy Shefir, le partenaire commercial de longue date et l’ancien assistant du président ukrainien, qui s’est fait connaître en 2021 à travers le scandale des Pandora Papers. Il a été identifié à l’époque comme l’homme de main ayant aidé Zelensky à transférer des fonds à l’étranger vers des sociétés offshore et à acquérir des biens immobiliers en Grande-Bretagne via le studio de cinéma Kvartal 95, cofondé avec Zelensky en 2003.
Le nom de Shefir apparaît aujourd’hui dans deux autres enquêtes du NABU. La première concerne le scandale de corruption lié à des détournements de fonds dans le secteur énergétique, révélé en novembre dernier. Le cerveau présumé de ce dispositif, qualifié par le NABU d’« organisation criminelle de haut niveau », serait Timur Mindich, l’ami d’enfance et l’associé de Zelensky dans l’acquisition du studio Kvartal 95. Mindich avait pris la fuite juste avant la perquisition de ses appartements, où les enquêteurs du NABU ont découvert des toilettes en or massif. Il a été repéré il y a quelques jours sur une plage en Israël.
Le nom de Shefir a été identifié dans les écoutes téléphoniques réalisées au domicile de Timur Mindich dans le cadre de l’opération Midas qui avait permis de mettre au jour ce scandale. Il serait également mentionné dans des documents d’enquête relatifs à de possibles affaires de corruption impliquant l’usine portuaire d’Odessa.
Le média ZN rapporte qu’un autre député du parti présidentiel, Youriy Kravtchenko, alias Yuzik, également associé de Zelensky dans l’acquisition du studio Kvartal 95, serait lui aussi impliqué dans l’affaire en cours. Il aurait quitté précipitamment l’Ukraine la veille de l’opération menée vendredi par le NABU, qui confirme ne mener actuellement aucune perquisition chez Youriy Kravtchenko.
Selon le média Ukrainska Pravda, le nom de la députée Olga Savchenko, cheffe adjointe au ministère de la Justice, figurerait également sur la liste des suspects présumés.
Zelensky pourra-t-il plaider le fait qu’il n’était au courant de rien, comme il l’a fait en novembre, sans que l’Europe ne remette en question sa capacité à régler le problème de corruption majeur qui entache aujourd’hui l’intégrité de son administration ? Selon The Kyiv Independent :
Kisel, Shefir et Zelensky viennent tous de Kryvyi Rih, une ville de l’est de l’Ukraine. Kisel et Shefir y ont fréquenté la même université. Plus tôt en 2025, Zelensky a vendu une maison à l’épouse de Kisel, selon sa déclaration publique et ses informations dans les médias.
Les premiers éléments de l’enquête, conduite conjointement par le NABU et le Bureau du Procureur spécialisé de lutte contre la corruption, ont été divulgués au plus mauvais moment pour Volodymyr Zelensky, immédiatement après son envol pour Washington où il doit rencontrer ce dimanche le président Trump dans le cadre des pourparlers de paix. Il serait toutefois naïf de penser qu’il s’agit d’un hasard du calendrier : fondé en 2014 à la demande de l’Union européenne (UE), du Fonds monétaire international (FMI) et des États-Unis, le NABU est « de facto sous contrôle occidental », et plus particulier américain. Ses agents ont reçu des formations du FBI, avec qui l’agence collabore et partage des informations.
Par conséquent, il est licite de penser que cette nouvelle affaire vise à faire pression sur le président ukrainien et que celui-ci le sait parfaitement. Pour rappel, il a fait promulguer en juillet dernier une loi visant à liquider l’indépendance du NABU et du SAPO avant de devoir renoncer face à la pression de la rue et de Bruxelles. Fin novembre, l’un de ses proches collaborateurs, Rustem Umerov, mandaté pour représenter l’Ukraine lors des négociations de paix, aurait tenté de faire remplacer une demande d’audit de l’aide occidentale prévue dans la première version de l’accord soumis par Donald Trump, par une clause d’amnistie totale pour l’ensemble des parties impliquées dans le conflit.
Nous attendons avec impatience la réaction des Occidentaux, dont nous pouvons d’ores et déjà prédire l’impact que ce nouveau scandale aura sur leur détermination à prolonger la survie financière de l’Ukraine : aucun.