Provocation

Équipe Le Point Critique | 28 décembre 2025

Le gouvernement allemand confirme que Jacques Baud a été sanctionné pour créer un climat de terreur

Le gouvernement allemand a exprimé son soutien aux sanctions infligées par Bruxelles à l’encontre du colonel Jacques Baud accusé d’être un agent du Kremlin. Il a également lancé un avertissement à l’ensemble des citoyens qui diffuseraient des théories sur l’origine de la guerre en Ukraine que l’UE ne partage pas.

Johann Wadephul, ministère des Affaires étrangères allemand, forum de Berkin, 26/11/2025

Le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Giese, a commenté les récentes sanctions prononcées par le Conseil de l’Union européenne à l’encontre de l’ex-colonel de l’armée suisse, Jacques Baud, en raison de ses analyses du conflit russo-ukrainien. Ces mesures de rétorsion incluent le gel de l’ensemble de ses avoirs, l’interdiction de bénéficier d’un soutien financier de la part d’une entité physique ou morale relevant de la juridiction de l’UE et de franchir ou survoler les frontières intraeuropéennes.

Interrogé par le journaliste Florian Warweg (NachDenkSeiten) lors d’une conférence de presse, le porte-parole du ministère a confirmé que l’ensemble des chefs d’État avait approuvé cette décision qu’ils estiment parfaitement justifiée compte tenu de la gravité des faits. En l’occurrence, il est reproché à Jacques Baud de véhiculer des théories conspirationnistes concernant le conflit en Ukraine qu’il accuserait Kiev d’avoir provoqué en contrepartie d’une adhésion à l’OTAN.

Bien que cette théorie ait été formulée publiquement par le conseiller de Volodymyr Zelensky en mars 2019, Martin Giese estime que les sanctions votées par le Conseil de l’Europe sont parfaitement justifiées. Lors de la conférence, il a également formulé un avertissement d’une clarté exemplaire à l’encontre de tout ressortissant de l’UE dont Bruxelles considère qu’ils diffusent de fausses informations : « Tous ceux qui sont actifs dans ce domaine doivent s’attendre à ce que cela puisse leur arriver aussi. » Comprendre : toute personne qui remet en cause le narratif occidental concernant la guerre en Ukraine s’expose lui aussi à une mort sociale.

— Florian Warweg : Monsieur Giese, l’Allemagne a approuvé le 15 décembre au Conseil de l’Union européenne le placement sur la liste des sanctions de l’UE de l’analyste militaire suisse et auteur de plusieurs best-sellers de non-fiction en Allemagne, Jacques Baud. La seule justification avancée, sans aucune preuve supplémentaire, est qu’il est régulièrement invité dans des programmes télévisés et radiophoniques prorusses et qu’il diffuse des théories sur l’origine de la guerre en Ukraine que l’UE ne partage pas. Cela m’intéresse de savoir : correspond-il vraiment à la position actuelle du gouvernement fédéral allemand de sanctionner de manière exhaustive des analystes militaires renommés comme Baud et d’intervenir massivement dans leurs droits fondamentaux, simplement parce qu’on ne partage pas le contenu de leurs analyses sur la guerre en Ukraine ?

— Martin Giese : Vous n’étiez malheureusement pas là vendredi dernier, lorsque nous avons discuté assez longuement de ce qui se passe lorsque l’on diffuse de la désinformation. […] Je ne veux pas rouvrir le sujet maintenant, mais il est apparu clairement que les personnes qui se livrent à de tels agissements peuvent être sanctionnées si les motifs juridiques sont réunis et si le Conseil de l’Union européenne prend une décision en ce sens. C’est ce qui s’est passé ce lundi, c’est ce qui continuera de se passer, c’est ce qui s’est produit par le passé, et tous ceux qui sont actifs dans ce domaine doivent s’attendre à ce que cela puisse leur arriver aussi.

— Florian Warweg : Le seul reproche concret formulé dans l’ordonnance de sanctions est que Jacques Baud propagerait la théorie du complot selon laquelle l’Ukraine aurait provoqué sa propre invasion afin d’adhérer à l’OTAN. Il ne s’agit toutefois pas d’une déclaration originale de M. Baud, mais d’une référence à la déclaration de l’ancien conseiller en chef de Zelensky pour la communication stratégique dans le domaine de la sécurité nationale, Oleksiy Arestovych, qui a déclaré en 2019 dans une interview qu’il y avait une probabilité de 99,9 % que le prix à payer pour l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN soit une grande guerre avec la Russie. Dans ce contexte, je serais curieux de savoir si le représentant allemand au vote du Conseil de l’Union européenne a réellement vérifié au préalable la véracité des motifs invoqués pour justifier les sanctions ou s’il a simplement donné son accord sans vérifier les faits et les sources. Car le reproche central n’est pas fondé en l’état.

— Martin Giese : Je pourrais me contenter de dire : « C’est une décision qui a été prise à Bruxelles. » Mais je peux aller un peu plus loin et dire : « Oui, nous en sommes également convaincus. C’est pourquoi cette décision a été prise à l’unanimité. »

Tous ceux qui ne sont pas d’accord avec cette sanction disposent de tous les moyens juridiques possibles pour la contester. Ils peuvent saisir le Conseil et ils peuvent également saisir la Cour de justice européenne.

— Florian Warweg : Avec des comptes bloqués, super.

Comprendre : toute personne qui remet en cause le narratif occidental concernant la guerre en Ukraine s’expose elle aussi à une mort sociale.

Cette déclaration intervient dans le sillage de trois décisions inquiétantes, qui confirment la tentation belliciste de l’Occident, et plus particulièrement de Berlin. La première concerne le plan massif de réarmement de l’Allemagne, voté en mars dernier sous l’impulsion du chancelier Merz et la réintroduction il y a quelques semaines du service militaire sur la base pour l’instant du volontariat. La seconde porte sur l’utilisation des avoirs russes gelés, soutenue activement par le chef du gouvernement allemand, soit 210 milliards de fonds souverains destinés à financer la poursuite de la guerre. La troisième concerne les projets imaginaires d’invasion de l’Europe par la Russie évoqués par les Occidentaux que la directrice du Renseignement national américain a publiquement accusés, il y a quelques jours, de saboter le processus de paix en Ukraine et de mentir à leur population pour arracher son consentement à uue guerre contre la Russie.

Il faut donc comprendre les menaces du ministère allemand des Affaires étrangères comme une mesure d’intimidation adressée à l’ensemble des journalistes, des chercheurs et des citoyens s’exprimant sur les réseaux sociaux, qui formuleraient une opinion ou développeraient une analyse en faveur de la paix. En d’autres termes, une criminalisation arbitraire, sans procès ni possibilité de recours, de toute tentative visant à éviter une guerre contre la Russie.

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