Piège sanitaire

Équipe Le Point Critique | 17 décembre 2025

Dermatose nodulaire contagieuse, le Gouvernement donne son feu vert pour une vaccination de masse

L’abattage récent de 208 vaches dans une ferme ariégeoise après la découverte d’un cas isolé de dermatose nodulaire contagieuse a mis le feu aux campagnes françaises. Les éleveurs dénoncent une gestion sanitaire inefficace, fondée sur une réglementation européenne barbare et exigent une vaccination massive de leurs cheptels.

Vaccination de bovin
© iStock/Elena Perova

Une réunion de crise était organisée lundi soir à Toulouse, à la préfecture de la Haute-Garonne, où la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Gennevard, a rencontré les fédérations d’éleveurs confrontés à une épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Deux points cristallisent aujourd’hui la colère du monde agricole : l’abattage total des troupeaux imposé dès la détection d’un cas, et le refus du Gouvernement de vacciner préventivement les cheptels. La réunion s’est soldée par un statu quo concernant la première mesure, le Gouvernement refusant de mettre en place le protocole alternatif soutenu par les éleveurs, qui préconise un abattage ciblé des animaux malades ou suspects, mais ils viennent d’obtenir gain de cause concernant le deuxième volet de leurs revendications.

Abattage, une exception française ?

Lundi, la ministre avait justifié son refus de déroger à l’abattage total des troupeaux en invoquant le succès de cette mesure :

Je ne peux pas abandonner une stratégie qui fonctionne sans savoir si les alternatives qu’ils proposent fonctionnent.

https://twitter.com/BFMTV/status/2000609807531717062?s=20

La maladie continue pourtant de se propager, le dernier cas en date ayant été confirmé le 14 décembre dans un élevage de la commune de Pomas (Aude), quelques heures après la déclaration solennelle d’Annie Gennevard selon laquelle il n’y aurait « aucun foyer actif » de maladie sur le territoire national.

Au-delà d’être factuellement faux, le discours ministériel est-il sincère ?

Bien que la ministre revendique le succès de la stratégie française, elle soutient que l’abattage total des troupeaux est imposé par Bruxelles et qu’il est donc impossible d’y déroger.

À sa décharge, la directive 92/119/CEE de 1992 (article 5) et le règlement 2020/687 (article 12) de la Commission européenne, qui vient compléter celui de 2016 (règlement 2016/429, ou Loi de santé animale européenne), imposent effectivement l’abattage systématique de l’ensemble du troupeau dès la confirmation d’un cas. Or selon les auteurs du rapport publié par l’association BonSens.org (Banoun et al.), l’abattage n’est que l’une des mesures préconisées par le règlement 2016/429 (art. 61, § 1), dont le choix est laissé à l’appréciation de l’autorité compétente. Il s’agit donc d’une décision ou d’un choix, pas d’une obligation.

Les auteurs précisent que la Commission européenne a imposé des mesures à la France à travers deux décisions d’exécution (l’une le 3 juillet 2025, l’autre le 20 juillet 2025), mais dont on ignore le contenu, puisqu’elles n’ont jamais été publiées. Or selon Banoun et al., on sait que l’abattage n’a pas été imposé en Italie, où une décision de même type, publiée le 27 juin, préconise uniquement « la mise en place d’une zone réglementée de protection et de surveillance, en Sardaigne ».

Le règlement européen 2017/625 (§ 48) prévoit par ailleurs la réalisation d’une contre-expertise en cas de doute sur un diagnostic. Or celle-ci n’est pas autorisée en pratique par les autorités françaises, alors qu’elle permettrait d’épargner des animaux sains si le résultat du test initial n’est pas confirmé ou en cas de contamination par une souche vaccinale vs sauvage.

Objectif, terroriser les éleveurs ?

La Gendarmerie nationale a officiellement démenti le 15 décembre, sur son compte X, le largage depuis un hélicoptère de grenades lacrymogènes sur les manifestants lors de la sécurisation d’un précédent abattage. Or les vidéos confirment sans la moindre ambiguïté que ces bombardements ont bien eu lieu. À quoi joue le Gouvernement ? Un gendarme a également été filmé sur les lieux équipé d’un fusil anti-drones. Que fallait-il cacher aux Français ?

La ministre dénonce aujourd’hui « la désinformation » concernant la gravité de la maladie et ses stratégies d’éradication. Or les arguments déployés par le Gouvernement ainsi que la manière dont l’épidémie est gérée interrogent sur la sincérité et la cohérence de son action.

  1. La DNC serait « horriblement contagieuse », en raison de sa vitesse de propagation qualifiée de « foudroyante » par la ministre. Or la propagation de la maladie se faisant par le biais exclusif d’insectes piqueurs et non par contact entre animaux, la DNC est de fait saisonnière et beaucoup moins contagieuse que de nombreuses maladies animales. Elle ne se transmet pas non plus à l’homme. L’abattage total systématique est-il sur ce principe une mesure indispensable ? À titre de comparaison, cette mesure a été assouplie en 2002 pour l’encéphalopathie spongiforme bovine, responsable de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
  2. La ministre a qualifié il y a dix jours la DNC de « maladie redoutable », « mortelle dans 10 à 15 % des cas » et menaçant de disparition « 10 % du cheptel français » si l’abattage total n’est pas maintenu. Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé animale (WHOA) estimait en juillet dernier que « les taux de mortalité sont généralement faibles (1 à 5 %) ». Le taux évoqué par la ministre et l’extrapolation en termes de nombres d’animaux qui pourraient succomber à la DNC, qui n’a pour l’instant causé aucun décès dans l’Hexagone, semblent donc surestimés.
  3. L’un des piliers de la stratégie nationale de lutte contre la DNC consiste à limiter le transport des animaux contaminés, et donc également des carcasses des animaux euthanasiés. Or, lors de l’intervention en Ariège, les carcasses ont stationné pendant 48 h sur place, créant des conditions idéales pour la diffusion de la maladie, avant d’être transportées dans le Nord pour y être détruites, alors qu’il existe deux centres agréés à proximité de l’exploitation, l’un dans le Cantal, l’autre dans le Lot-et-Garonne. Le même scénario s’est produit cet été, où les carcasses de vaches euthanasiées en Savoie avaient été acheminées dans le Cantal ainsi que vers d’autres régions, en vue de leur équarrissage.
https://twitter.com/womandream/status/2000518511664193904?s=20

De deux choses l’une, soit les capacités d’incinération nationales ne sont pas adaptées à la réglementation européenne, qui devrait pouvoir être assouplie si l’objectif est de limiter la propagation de la maladie, soit l’objectif n’est pas sanitaire.

Le chemin vers la vaccination

Les abattages systématiques de troupeau auront eu pour l’instant une conséquence concrète : ce sont aujourd’hui les éleveurs qui demandent à cor et à cri que leur cheptel soit vacciné. La multiplication des appels au blocage semble avoir « porté ses fruits » puisque les fédérations agricoles ont obtenu du Gouvernement qu’il organise une vaccination massive, rejetée hier, mais présentée aujourd’hui comme « la protection la plus efficace ». Ce sont des vétérinaires militaires qui réaliseront les injections, dont on apprend qu’elles ont déjà été commandées. Il ne leur manquait que le feu vert…

https://twitter.com/InfosFrancaises/status/2000999923807076663?s=20

Or dans la mesure où la vaccination est susceptible d’entraîner des symptômes correspondant au tableau clinique de la maladie, il n’est pas exclu de penser qu’elle provoquera de nouveaux abattages, comme ce fut le cas dans le Doubs au début du mois, d’une ampleur bien plus grande si elle est généralisée. En outre, est-on sûr que les consommateurs soient prêts à consommer de la viande issue d’animaux vaccinés ? Peu importe, le mal est déjà fait de toute façon, puisque la vaccination interdira aux éleveurs de pouvoir exporter leurs animaux et leurs produits pendant huit à quatorze mois. Mais on retiendra que c’est eux qui l’ont voulu, comme les victimes de la vaccination contre le COVID, qui sont allées se faire injecter librement.

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