Chantage européen

Équipe Le Point Critique | 10 décembre 2025

« Nous avons de nombreuses cartes », la stratégie de la France pour faire échouer l’accord de paix porté par Trump

Guerre nucléaire ou chaos financier ? Retour sur la double lecture possible des mots prononcés ce lundi à Londres par Emmanuel Macron dans le cadre des négociations de paix en Ukraine.

Zelensky, Macron Starmer, Mertz, Londres, 10 Downing Street, 8 décembre 2025

Emmanuel Macron s’est exprimé lundi en marge d’une visite dans la capitale britannique où il a rencontré ses homologues anglais, allemand et ukrainien pour discuter de la stratégie des Européens dans le cadre des négociations de paix. Il a utilisé une formule ambiguë qui a été interprétée naïvement comme une provocation douce à l’encontre de Donald Trump, dont il a parodié les propos tenus en février dans le bureau Ovale, lorsque le président américain a expliqué à Volodymyr Zelensky qu’il « n’avait pas les cartes » pour négocier, ce qui est aujourd’hui le cas de l’Europe :

Je pense que nous avons de nombreuses cartes entre nos mains.

Qu’a voulu dire le chef de l’État ? Deux hypothèses sont aujourd’hui évoquées dans les médias.

La première a été formulée il y a quelques jours sur le réseau X par l’entrepreneur Kim Doctom, réputé ne s’exprimer qu’avec prudence et dont la probabilité que ses prédictions se réalisent est considérée comme exceptionnellement élevée. Selon lui, la France et le Royaume-Uni organiseraient clandestinement le transfert de leur technologie nucléaire en direction de l’Ukraine dans le but d’en faire une nation « dotée ». Si Volodymyr Zelensky devait acquérir l’arme atomique, il va de soi que l’ensemble de la planète courrait un danger majeur : un président sous l’emprise d’une drogue aux effets psychotropes puissants, connus pour induire un sentiment d’euphorie et de toute-puissance, dont on subodore qu’il a couvert ou mis en place un système de détournement massif de l’aide occidentale évalué à plusieurs dizaines de milliards d’euros, et qui s’est enfermé dans le déni d’une défaite inéluctable en sacrifiant plus d’un million de ses concitoyens.

La fin de la guerre ne signifie plus simplement celle du système sur lequel il continue de régner grâce à la loi martiale imposée il y a deux ans en Ukraine, elle symbolise aujourd’hui sa disparition, la paix n’est donc pas une option. Et le fait qu’un compte supposé appartenir à un ancien conseiller d’Emmanuel Macron ait relayé il y a quelques jours un appel à atomiser Moscou et Saint-Pétersbourg n’est pas un bon présage.

La seconde est probablement plus spéculative, mais elle relève du même niveau de nihilisme. Selon des rumeurs relayées dans la presse internationale, les Occidentaux menaceraient de liquider leur stock d’obligations du Trésor américain, soit environ 2 340 milliards de dollars détenus par l’UE et le Royaume-Uni, si Donald Trump conclut un accord de paix sur l’Ukraine dont ils seraient exclus.

Selon des responsables qui se sont entretenus avec le WSJ, les dirigeants européens ont commencé à envisager ce que certains qualifient d’« option nucléaire » : la liquidation massive des titres du Trésor américain détenus par les gouvernements européens.
Une vente coordonnée de cette ampleur pourrait ébranler le système financier américain, marteler la valeur du dollar américain et déclencher une crise de liquidité. Les économistes avertissent que l’impact pourrait être plus grave que le krach financier de 2008, ce qui pourrait entraîner une flambée des coûts d’emprunt et geler de larges parties du secteur bancaire.
Les pays européens disposent d’un levier considérable : en décembre 2024, le Royaume-Uni détenait environ 722,7 milliards de dollars de dette américaine, tandis que les États membres de l’Union européenne en détenaient collectivement environ 1 620 milliards. Ensemble, l’UE et le Royaume-Uni contrôlent environ 2 340 milliards de dollars de bons du Trésor américain, ce qui fait de l’Union l’un des plus grands détenteurs étrangers de dette américaine, selon le rapport de The Express.

https://economictimes.indiatimes.com/news/international/us/is-europe-ready-to-pull-the-trigger-officials-whisper-about-dumping-us-treasuries-if-trump-cuts-ukraine-deal/articleshow/125871003.cms?utm_source=contentofinterest&utm_medium=text&utm_campaign=cppst

Comme le commentent les analystes, « Il ne s’agit pas de diplomatie. Il s’agit d’une destruction financière mutuelle assurée ». Faute de dollars, les banques européennes utilisent les bons du Trésor américain comme garantie pour accéder aux marchés de financement de sa dette. Une vente coordonnée d’une telle ampleur commencerait par dévaluer les actifs européens ier et provoquerait une crise de liquidités presque immédiate, menaçant l’ensemble du système bancaire européen.

Il est donc raisonnable de penser qu’il s’agit plus d’un coup de bluff que d’une menace destinée à être exécutée si Trump refuse de se soumettre aux conditions fixées par les Occidentaux, du moins si la part du principe que le chaos et l’effondrement du continent européen sont un épouvantail, et non objectif ou une conséquence parfaitement assumée par ses dirigeants. Or brandir cette menace dans le contexte actuel suggère précisément le contraire.

Si ces rumeurs sont fondées, il s’agit en effet de la preuve la plus explicite que l’Europe ment sur son agenda, une paix extorquée par chantage, à contre-courant des rapports de force militaires ne peut en aucun cas prétendre être « juste et durable ». Elle est précisément la garantie du contraire.

Quoi qu’il en soit, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont démontré leur pouvoir de nuisance et leur détermination à faire échouer les négociations de paix, quitte à prendre le monde en otage. Le déplacement d’Emmanuel Macron à Londres a été une nouvelle fois l’occasion de chauffer à blanc Volodymyr Zelensky, qui a réaffirmé lundi qu’il ne céderait aucune partielle du territoire ukrainien. Le chef de l’État, que la presse française présentait il y a quelques années comme le « maître des horloges », a-t-il le pouvoir d’imposer autre chose que ces menaces ?

Les « cartes » de Macron ne sont que les illusions d’un joueur qui a vendu ses jetons il y a des années et qui s’obstine à vouloir encore jouer.
[…]
Washington a des options. L’Europe, non.
Voilà la géométrie implacable du pouvoir.
L’Europe s’est enchaînée à une guerre par procuration qu’elle ne peut ni diriger ni financer ni à laquelle elle ne peut survivre. Elle a misé son prestige sur des chimères d’effondrement russe, sacrifié ses industries sous des sanctions qui se sont retournées contre elle comme des éclats d’obus, et bâti sa politique sur des mises en scène morales qui se sont effondrées dès que Washington a embrassé le réalisme froid. Tout ce que l’Europe prétendait être un principe se révèle désormais n’être qu’une façade, et les Européens en ont assez de cette imposture.
L’histoire retiendra ce « sommet » comme le moment où l’Europe a réalisé que la guerre qu’elle avait applaudie, financée, moralisée et qu’elle avait catastrophiquement mal interprétée serait terminée par les adultes présents, tandis que l’Europe restait à l’extérieur, s’accrochant à ses illusions comme à des cartes qu’elle n’a jamais possédées.

La séquence londonienne juxtaposée à la proposition d’Ursula von der Leyen d’utiliser 210 milliards d’euros d’avoirs russes garantis par les États membres, qualifier de « folie » par l’ancien gouverneur de la Banque nationale d’Ukraine rend de plus en évidente la réponse à cette question : comment prétendre agir dans l’intérêt de l’Ukraine et des Européens lorsque les solutions préconisées éloignent le premier de la paix et précipitent le second vers la guerre et vers sa propre disparition ?

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