Confirmation

Équipe Le Point Critique | 05 décembre 2025

La presse allemande confirme la prise de Pokrovsk par l’armée russe

Dans son édition du 3 décembre dernier, le journal allemand Bild publie l’appel désespéré de soldats ukrainiens piégés dans la ville de Myrnohrad, voisine de Pokrovsk, dont il confirme la prise par l’armée russe.

Soldats russes dans les rues de Pokrovsk début décembre 2025

Le journal allemand Bild a confirmé mercredi la prise de la ville de Pokrovsk (Krasnoarmeysk) par l’armée russe, dans le Donbass, à l’issue de 14 mois de combats acharnés. Il accrédite donc les déclarations du Kremlin, présentées comme mensongères par Kiev et par une partie de la presse française, en raison des enjeux que représente cette avancée majeure.

L’article relaie également l’appel à l’aide de soldats ukrainiens piégés dans la ville de Myrnohrad (Dimitrov), voisine de Pokrovsk, où un chaudron serait en cours de formation rendant impossible toute exfiltration terrestre des combattants. Selon le journaliste Julian Roepcke, environ 1 000 hommes continueraient de défendre les ruines de la ville désormais presque totalement isolée, la Russie ayant « pratiquement complètement coupé la logistique terrestre pour les soldats ukrainiens à Myrnohrad ». L’un des soldats dont Bild a recueilli le témoignage décrit une situation désespérée :

La situation est honnêtement critique. La logistique est réalisée exclusivement par des drones et des complexes robotiques au sol. C’est même problématique d’y apporter de la nourriture. […]
Il faut soit retirer le contingent de Myrnohrad, soit garantir une logistique stable. Sortez-nous d’ici ou ravitaillez-nous ! Si ce n’est pas le cas, les défenseurs de la ville resteront là pour toujours.

Julian Roepcke a publié sur son compte X, en appui de l’article une série de vidéos confirmant l’assiègent de fait et la dévastation de la ville de Myrnohrad.

Le site ISW dément la prise de Pokrovsk et l’encerclement de Myrnohrad

L’Institut pour l’étude de la guerre (Institute for the Study of the War – ISW) réfute à la date du 4 septembre les affirmations du Kremlin concernant l’état du front dans cette zone. Il mentionne une source ukrainienne (Hromadske) corroborant l’encerclement de Myrnohrad, mais souligne (en gras) l’absence de preuves :

ISW n’a pas observé de preuves suggérant que les forces russes ont encerclé Myrnohrad (est de Pokrovsk) alors que certaines sources ukrainiennes continuent d’indiquer que les forces ukrainiennes maintiennent des lignes de communication terrestres limitées (GLOC) vers Pokrovsk et Myrnohrad. Le 3 décembre, le média ukrainien Hromadske a rapporté que les militaires ukrainiens ont déclaré que les forces russes avaient encerclé les forces ukrainiennes à Myrnohrad au 29 novembre, et l’une des sources a déclaré que les forces ukrainiennes dans la région n’avaient pas été relevées depuis le 12 novembre.

Le site précise, en se basant sur les déclarations du commandant en chef de l’armée ukrainienne, le général Oleksandr Syrskyi, que « les forces ukrainiennes opèrent toujours à l’intérieur de Pokrovsk alors que les forces russes poursuivent des missions d’infiltration dans la zone ».

Qui dit vrai, de Bild ou de l’ISW ?

L’article du Bild se base sur la représentation du front en temps réel (DeepStateMap.Live) fournie par le site Deep State UA, un média ukrainien qui a créé cette carte interactive le jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. C’est sur elle que se basent notamment les médias ukrainiens et internationaux, dont la BBC et Ukrainska Pravda, le premier site d’information en ligne ukrainien. Environ 100 personnes travailleraient au quotidien pour Deep State UA, dont 60 seraient dédiées à la vérification des sources. Wikipédia précise que la société a signé le 13 mars 2024 un protocole de coopération avec le ministère de la Défense de l’Ukraine afin d’améliorer la fiabilité de la carte :

Pour les informations recueillies uniquement par des personnes qui prétendent se trouver dans la région, la carte attend souvent que plusieurs rapports similaires soient faits si aucune preuve ou confirmation par l’état-major général des forces armées de l’Ukraine n’est disponible. En raison de la propagande antérieure et des affirmations exagérées, les sources russes ne sont pas prises en compte lors de la compilation de la carte.

L’ISW se présente comme « un organisme de recherche indépendant et à but non lucratif spécialisé dans les politiques publiques qui favorise une compréhension éclairée des affaires militaires grâce à des recherches fiables, des analyses dignes de confiance et des programmes éducatifs innovants ». C’est la source de référence de LCI et de nombreux autres médias français. Il propose des analyses et une carte statique de la situation sur le front, régulièrement mise à jour. Environ 30 personnes travailleraient au sein de l’ISW, dont l’activité s’étend au conflit au Moyen-Orient et aux relations entre la Chine et Taïwan, soit les théâtres d’opération ou les zones dans lesquelles les États-Unis ont des intérêts stratégiques.

Le site a été fondé en 2007 par la chercheuse militaire Kimberly Kagan, dont le beau-frère est l’historien et analyse Robert Kagan, considéré comme l’un des principaux architectes intellectuels du néoconservatisme en matière de politique étrangère. Il est marié à la diplomate américaine Victoria Nuland qui a joué un rôle actif en Ukraine lors de la révolution de l’Euromaïdan, qualifiée de « coup d’État fasciste » en raison de l’implication de formations néonazies, dont George Soros, Raphaël Glücksmann et François Hollande ont confirmé chacun qu’il avait été orchestré par l’Occident.

Précisons que l’héritier de l’empire Soros se présente sur les réseaux sociaux comme l’ami du bras droit de Volodymyr Zelensky, Yermak, contraint à la démission il y a quelques jours en raison de son implication dans le scandale de corruption qui frappe aujourd’hui le sommet de l’exécutif ukrainien.

La Rada, juge arbitraire de l’état du front ?

La députée Mariana Bezuhla accusait il y a un mois Volodymyr Zelensky d’induire la population en erreur sur la situation de Pokrovsk et Kupyansk, en se basant sur des rapports mensongers. Elle appelle aujourd’hui à la démission de Syrsky.

Ce constat est également relayé par plusieurs députés, y compris de la majorité, qui dénoncent la situation désespérée de l’armée ukrainienne et confirment l’effondrement du front :

Afin d’éteindre l’incendie, Volodomyr Zelensky a pris la parole il y a quelques jours pour annoncer un retrait des troupes ukrainiennes, dont il a déploré la perte de 120 hommes. Il est aujourd’hui lâché par l’ensemble de la presse étrangère, notamment anglo-saxonne, comme le confirme le titre accablant du Daily Mail, daté du 4 décembre : « La vérité sur la “sainte” Ukraine est maintenant claire. »

Dernièrement sur Le Point Critique

Aucun article actuellement disponible dans cette catégorie
Recevez gratuitement l’information du Point Critique, en continu sur vos écrans ! !