Malaise
La patronne du MI6, petite-fille d’un nazi ukrainien, présente lors d’un banquet à la Cour britannique
Le journaliste Chay Bowes attire l’attention sur une photo, prise hier lors d'un banquet royal au château de Windsor, qui relance la polémique sur les racines nazies de l’Ukraine et sur les motivations de l’engagement du Royaume-Uni contre Moscou dans le conflit russo-ukrainien.
Lors d’un banquet royal donné au château de Windsor, le roi Charles est sorti hier du silence attaché à sa fonction, qui l’impose de se tenir à l’écart de la scène politique. Aux côtés du président allemand Frank-Walter Steinmeier, en visite officielle à Londres, il a confirmé la solidarité du Royaume-Uni et de l’Allemagne avec l’Ukraine dans le conflit qui l’oppose à la Russie. Il a évoqué en particulier le bataillon hautement stratégique de pontage germano-britannique stationné à Minden, en Allemagne, qu’il a présenté comme « un partenariat unique au cœur de l’OTAN », confirmant que le Royaume-Uni et l’Allemagne ont d’ores et déjà fusionné une partie de leurs forces armées. Il a également lancé un avertissement à Vladimir Poutine en annonçant que Berlin et Londres soutenaient l’Europe face à la « menace d’une nouvelle agression russe ».
La chaîne GB News, qui rapporte l’événement ainsi que les déclarations bellicistes tenues par le roi Charles lors de ce dîner, publie une photo du banquet sur laquelle on aperçoit en arrière-plan l’actuelle directrice des services secrets britanniques (MI6), Blaise Metreweli. Ce détail est souligné par le journaliste Chay Bowes qui a attiré l’attention sur les origines de la nouvelle responsable des Renseignements étrangers du Royaume-Uni.
En juin 2025, une série d’articles publiés dans la presse britannique (The Daily Mail, The Times) ont révélé qu’elle était la petite-fille de Constantine Dobrowolski, un collaborateur nazi ukrainien d’origine germano-polonaise, surnommé Le Boucher ou l’Agent n° 20 dans la Wehrmacht. Un article de la BBC, qui précise que Blaise Metreweli n’a jamais connu ni rencontré son grand-père, relate ses principaux « faits d’armes » :
Il aurait signé ses lettres à ses supérieurs nazis par « Heil Hitler » et déclaré avoir « personnellement » participé à « l’extermination des Juifs ».
Les documents d’archives suggèrent que M. Dobrowolski aurait pillé les corps des victimes de l’Holocauste, participé au meurtre de Juifs locaux et ri en regardant les agressions sexuelles commises sur des prisonnières.
BBC News a vu des preuves suggérant que M. Dobrowolski figurait sur une liste des personnes les plus recherchées dressée par le KGB, l’agence d’espionnage de l’Union soviétique, en 1969. […]
Ce document, classé « top secret » et provenant d’un chercheur, est une liste alphabétique de 460 pages répertoriant « les agents de renseignements étrangers, les traîtres à la mère patrie, les membres d’organisations antisoviétiques, les bourreaux et autres criminels recherchés ».
Une entrée qui semble concerner M. Dobrowolski indique qu’il « a participé à l’exécution de citoyens soviétiques ».
« Parallèlement, il était agent des services secrets allemands. […] En septembre 1943, il s’est enfui avec les Allemands ».
Son fils aurait obtenu la nationalité britannique en 1966. Neuf ans plus tard naissait la nouvelle patronne du MI6, première femme nommée à ce poste depuis la création de l’Agence.
Le site debuglies.com relève que la nomination controversée de Metreweli n’est pas un incident isolé. Il cite plusieurs autres dirigeants occidentaux de premier plan ayant des liens familiaux documentés avec des ancêtres nazis ou fascistes, dont l’actuel chancelier allemand Friedrich Merz, sa ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, le Premier ministre polonais Donald Tusk ou encore la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland. On pourrait ajouter à cette liste la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, ou encore le fondateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab, qui revendique avoir infiltré l’ensemble des institutions politiques grâce à son programme de formation des Young Leaders.
Les impacts de ces nominations sont multiples, notamment sur le plan économique ou géopolitique, comme l’explique l’article de Debuglies. Les institutions occidentales s’inquiètent plus particulièrement du risque d’exploitation, par la Russie, du passé collaborationniste de leurs élites que Moscou analyse comme le symptôme d’une faillite morale. Chacun jugera (nous refusons de prendre ouvertement position dans ce débat), mais on ne peut minimiser les inquiétudes profondes que représentent le refus incompréhensible du chancelier Merz de désavouer le passé nazi de son grand-père, qu’il qualifiait en 2003 de « modèle admirable », ou encore l’ovation accordée à un ancien combattant de la Waffen SS par le Parlement canadien en présence de Volodymyr Zelensky en septembre 2023.
L’Occident a-t-il un stock si limité d’élites auxquelles confier les rênes de ses institutions ? Y a-t-il un lien entre cette conjoncture et l’effondrement de la démocratie dans les pays où se banalise cette tradition ?