Incantation
L’Élysée écrit aux Français pour leur demander de s’engager dans la réserve
Comment organiser sa survie en cas de crise ou de conflit armé ? Chaque Français recevra d'ici à cet été un manuel détaillant les conseils du Gouvernement. Ce guide devrait également contenir un mot d’ordre : s’engager dans la réserve pour participer à l’effort de guerre national.

Europe 1 a été choisie par l’Élysée pour relayer l’information : un « manuel de survie » détaillant les « bons gestes à adopter en cas de menace imminente », va être envoyé dans tous les foyers de France juste avant l’été. La date est sans doute la moins judicieuse si le but est que les Français s’organisent, mais c’est probablement la meilleure pour leur voler le peu d’insouciance qu’il leur resterait aux abords des vacances estivales.
L’inavouable obsession de la guerre
On y apprend comment s’organiser pour « faire face quelques jours en autonomie » et être sûr de capter les messages d’information du Gouvernement en cas de catastrophe climatique, de pandémie ou de guerre nucléaire. Il suffira notamment, indique le manuel, de fermer ses volets et sa porte lorsque l’ogre russe aura décidé d’atomiser la France en réalisant qu’en 2035, elle se sera dotée d’un missile hypersonique deux fois moins véloce que ceux qu’elle possède actuellement.
Selon LCI, le livret devait être présenté en grande pompe fin avril, mais on comprend que les avancées fulgurantes en faveur d’une solution de paix en Ukraine, obtenues au prix d’une mise à l’écart de l’Europe, jugée trop belliciste, rendaient incongrue la publication d’un tel document qui parie sur l’imminence de la guerre et se conclut par une invitation des Français à s’inscrire dans une réserve militaire.
L’embarras de l’Élysée le confirme puisqu’il n’assume que du bout des lèvres, et probablement par ego, que ce manuel concerne bien l’anticipation d’un conflit nucléaire. Il affirme toutefois le projet serait né à la fin de la pandémie de COVID-19, son objectif étant de « dire aux Français de se préparer à toute éventualité et non pas qu’à la guerre. La doctrine française étant la dissuasion, il serait contre-productif de se focaliser uniquement sur le conflit armé et de mettre uniquement cela dans la tête des Français ».
Une stratégie incantatoire
Cette nouvelle séquence médiatique intervient quinze jours après l’allocution du chef de l’État dans laquelle il a tenté de convaincre les Français de l’imminence de la menace russe. Il semble qu’il veuille rendre concrète cette menace en plongeant mentalement les Français dans ce moment dont il a de plus en plus de mal à cacher qu’il ne le redoute pas, mais au contraire qu’il le désire, voire le convoque ou l’organise.
Pour preuve, la loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030, déposée le 4 avril 2023 et promulguée le 1er août, prévoyait un renforcement des effectifs de la réserve nationale et la possibilité de réquisitionner sur simple décret ministériel « toute personne, physique ou morale, et tous biens et services nécessaires » pour parer à une menace réelle ou présumée :
Le Code de la défense est ainsi modifié :
1° Le premier alinéa de l’article L. 2171-1 est remplacé par les dispositions suivantes :
En cas de menace, actuelle ou prévisible, pesant sur les activités essentielles à la vie de la Nation, la protection de la population, l’intégrité du territoire, la permanence des institutions de la République ou de nature à justifier la mise en œuvre des engagements internationaux de l’État en matière de défense, la réquisition de toute personne, physique ou morale, et de tous biens et services nécessaires pour y parer peut être décidée par décret en conseil des ministres. Ce décret précise les territoires concernés et, le cas échéant, l’autorité administrative ou militaire habilitée à procéder à ces mesures.
Article 14. Projet de loi no 1033 relatif à la programmation militaire pour les années 2024 à 2030 et portant diverses dispositions intéressant la défense. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1033_projet-loi#D_Article_14
Ce texte a été rédigé avant le tournant belliciste de l’Élysée, amorcé dans la presse en février 2023, et marqué par deux déclarations tenues sur la scène internationale : lors du forum GLOBSEC de Bratislava, en juin 2023, où la posture de médiatrice incarnée par la France est définitivement enterrée, et lors de la réunion organisée à Paris en février 2024, où Emmanuel Macron explique que désormais rien ne doit être exclu. La suite de son action se résume à une série d’initiatives concertées avec le Royaume-Uni pour tenter de faire échouer le processus de paix en l’assortissant de conditions qui entraîneraient de facto la France dans une guerre avec la Russie, ce dont elle n’a à ce jour ni les moyens militaires ni les moyens humains.
La peur, l’éternel moyen de coercition
L’objectif de ce manuel anxiogène est-il précisément de combler le second déficit, ou uniquement de réintroduire le virus de la peur et de préparer les esprits à une opération de confiscation de l’épargne des Français, dont nous ignorons tout au plus pour l’instant la forme qu’elle prendra ? Dans une précédente séquence, Emmanuel Macron avait déjà demandé publiquement aux Français, à titre de faveur ou de service personnel, de s’engager dans la réserve militaire :
J’ai besoin de vous aussi tout de suite en termes plus concrets en expliquant, en portant la conscience que vous avez du défi. J’ai besoin de vous peut-être, si vous y êtes prêt, en rentrant dans la réserve – on a lancé un programme une réserve justement soit auprès de nos armées, soit auprès de notre police, de notre gendarmerie ou autres –, c’est mettre vos compétences au service de nos armées, mettre vos compétences au service de cette mission de défense et de sécurité nationale.
Son intervention se concluait par un message que certains qualifieront de subliminal :
Je reviendrai vers vous dans les semaines à venir pour vous mobiliser si je puis dire sur différents registres.
Nous n’y sommes pas encore, même si le chemin législatif a été balisé avec la modification de deux articles du Code de la défense (article L. 2171-1 et L. 2211-1), mais c’est bien à l’évidence la guerre plutôt que la paix qui obsède aujourd’hui Emmanuel Macron, dont les difficultés à convaincre le poussent à ressortir l’éternel joker de la peur et de la menace.
Il y a trois jours, il a tenté de réveiller ce sentiment en tendant un pont entre le contexte actuel et celui de la pandémie, marquée par sa fameuse déclaration : « Nous sommes en guerre ». Il y avait répondu en confinant le pays après avoir ouvert en grand les portes du pays au virus. Il invoque aujourd’hui l’unité de la nation durant cette période, à savoir, le retranchement synchronisé de l’ensemble des Français dans une bulle de solitude, parfois mortelle, qui a dévasté la santé mentale des plus fragiles, induite des retards de développement chez les tout-petits, et façonné le consentement aveugle, pavlovien à une vaccination expérimentale.
Seule l’outrance de cette provocation pourrait faire oublier aux plus naïfs qu’elle ne relève pas de la même forme de perversion barbare, qui a consisté, il y a cinq ans, à abaisser de manière critique le niveau d’humanité et d’intelligence de la société pour la transformer en un troupeau de brebis dociles ou de souris de laboratoire.
L’enquête réalisée récemment aux États-Unis sur les activités de l’Agence américaine de développement international (USAID) a révélé l’existence d’un contrat d’un montant de 9 147 532 dollars conclu avec le Pentagone dans le cadre de la pandémie, dont l’objet s’intitulait : « Tromperie sociale à grande échelle ». S’il n’est pas possible de réécrire l’histoire, espérons que les Français auront malgré tout compris la leçon, et qu’ils feront preuve cette fois d’un peu plus de discernement et de sang-froid en comprenant que l’actuelle séquence médiatique n’est rien d’autre qu’une nouvelle opération d’ingénierie sociale, comme le démontre l’éditorialiste Vincent Hervouet dans son décryptage de la dernière allocution d’Emmanuel Macron.