Il était une fois dans l'Est
Slovaquie, Géorgie, Roumanie… la trilogie maudite ?
Au lendemain de l’inculpation de Călin Georgescu en Roumanie, plusieurs éléments soulèvent la question d’un modus operandi similaire à celui utilisé récemment en Slovaquie et en Géorgie.

La journée du 26 février a été marquée en Roumanie par un événement politique majeur que certains n’hésitent pas à qualifier de « coup d’État » : l’arrestation suivie de l’inculpation de Călin Georgescu, le candidat souverainiste à l’élection présidentielle de 2024 dont il avait remporté le premier tour. Des suspicions d’ingérence russe impliquant le réseau social TikTok avaient conduit la Cour constitutionnelle à annuler le second tour et à reporter les élections (voir notre précédent article).
Le journaliste roumain Libiu Mateescu qualifie cette arrestation d’« acte diabolique, qui a précédé le dernier, l’annihilation de Georgescu ». Mateescu estime également qu’il est impossible de ne pas voir derrière cette arrestation la main de George Soros et de son maléfique réseau d’influence, l’Open Society Foundations, que Călin Georgescu a promis de chasser de Roumanie le premier jour de son mandat.
Les citoyens les plus optimistes se réjouiront que l’annihilation de Georgescu ne soit que politique. Certains se souviennent peut-être de la tentative d’assassinat du Premier ministre slovaque, Robert Fico, dont les combats, notamment celui ciblant les ingérences étrangères sont alignés sur ceux de Călin Georgescu. L’enquête qui a conduit à la fermeture de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a récemment confirmé la réalité et l’ampleur de ce problème.
La tentative d’assassinat de Fico fut imputée à un « loup solitaire », mais elle a été suivie d’un second événement. Au lendemain de cet attentat, le Premier ministre géorgien, Irakli Kobakhidze, avait en effet relaté avoir reçu des menaces de la part d’un commissaire européen, Olivér Várhelyi, à la veille du vote d’une loi anti-ingérences calée sur le modèle slovaque : « Vous avez vu ce qui est arrivé à Fico ? Vous devriez être très prudent. »
Olivér Várhelyi s’est expliqué depuis. Dans une déclaration rapportée par le site Euractiv, il assure avoir simplement tenté de prévenir le Premier ministre géorgien « de ne pas envenimer davantage une situation déjà fragile en adoptant cette loi qui pourrait conduire à une polarisation accrue et à d’éventuelles situations incontrôlées dans les rues de Tbilissi ».
Entre-temps, l’Europe a inventé le bouclier démocratique pour « lutter contre “l’ingérence malveillante” dans les processus démocratiques et plus particulièrement les élections ». Il n’est pas encore opérationnel, mais on sait déjà que la commission spéciale chargée de piloter les travaux sera dirigée par Nathalie Loiseau (Renew) dont les liens avec George Soros sont notoirement documentés et pleinement assumés par l’eurodéputée.
Le dispositif ne sera actif que dans douze mois et ni lui ni a fortiori le cadre actuel ne confèrent aux instances européennes le pouvoir de faire annuler une élection. Quel fut donc le rôle de l’Europe évoqué par Thierry Breton le 9 janvier lorsqu’il menaçait de « refaire en Allemagne » ce que l’Europe avait « fait en Roumanie ».
L’élection roumaine a officiellement été annulée sur la base d’un rapport des services de renseignement roumains qui n’ont jamais apporté la preuve d’une ingérence étrangère. A contrario, une enquête indépendante basée sur les données du fisc romain a démontré que c’était le parti au gouvernement qui avait manipulé le scrutin. La France a de son côté produit un rapport qui évoque de prétendues cyberattaques ayant pesé de manière critique sur l’élection, mais ce rapport a été produit par le service Viginum, qui est une entité nationale et non européenne.
La journaliste roumaine Iosefina Pascal détaille aujourd’hui sur son compte X comment s’effectue l’infiltration politique de la Roumanie, via l’ONG Internews Network et le financement vertigineux de l’USAID dont elle bénéficie depuis des années. En particulier, Internews supporte le projet Expanding Production of Independent Content (EPIC) en se proposant de former des journalistes via le Centre pour un journalisme indépendant (CIJ) qui cite l’Open Society Foundations dans la liste de ses « partenaires » :
[Le projet EPIC] réunira des partenaires de contenu en Roumanie avec l’équipe d’experts d’Internews afin que leur contenu collaboratif puisse atteindre un public plus large.
Le CIJ développera également un plan éditorial spécifique à la Roumanie, qui définira les objectifs du projet en termes de production de contenu et servira de guide à chaque partenaire produisant du contenu. […] Ce plan éditorial sera un document évolutif, considéré comme une ligne directrice et un point de départ, car 2023 et 2024 seront deux des années les plus compliquées pour la Roumanie : 2024 est une année électorale, avec des élections locales, parlementaires, présidentielles et européennes qui se dérouleront la même année.
L’Europe a-t-elle encore besoin d’inventer des lois pour encadrer virtuellement son action ?