Un jour en Europe

Équipe Le Point Critique | 27 février 2025

Le rideau de fer s’abat sur la Roumanie

Călin Georgescu, le candidat à l’élection présidentielle roumaine de novembre 2024 dont la percée inattendue avait provoqué l’annulation du suffrage a été arrêté le 26 février par la police. Il a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire quelques heures plus tard. Cet acte d’une gravité inouïe est un message adressé à l’ensemble des Européens : l’Union européenne est morte, bienvenue en UERSS.

Parlement de Bucarest
© Helena GH

L’ancien haut fonctionnaire roumain Călin Georgescu, aujourd’hui honni par l’establishment pour ses positions anti-sysème, a été arrêté ce mercredi par la police. Au lendemain de sa performance historique, en novembre dernier, il s’était vu brutalement couper le chauffage et ses accès internet. L’avertissement semble s’être concrétisé ce 26 février. Il a finalement été relâché en fin de journée, mais sa remise en liberté n’ôte rien à la gravité de cette affaire, où la France pourrait avoir joué un rôle actif.

Premier coup d’État : l’élection de décembre 2024

Le 24 novembre dernier, le premier tour de l’élection présidentielle roumaine a été marqué par la percée inattendue du candidat Călin Georgescu arrivé en tête du scrutin devant la candidate proeuropéenne, Elena Lasconi. Rapporteur spécial des Nations unies pendant 17 ans, ancien représentant de son pays au Comité des Nations unies pour l’environnement, Georgescu est passé depuis de l’autre côté du miroir.

Il dénonce aujourd’hui le bellicisme de l’Union européenne et de l’OTAN, ainsi que le soutien de son pays à l’Ukraine, dont la Roumanie constitue l’un des contributeurs les plus généreux. Lors de sa campagne, il a décrit « l’agenda mondialiste », soit le processus d’infiltration assumé des gouvernements par des oligarques, dont le fondateur et directeur du Forum économique mondial (WEF).

Entretien de C. Georgescu avec l’avocat Reiner Fuellmich

À la veille de l’ouverture de la plus grande base militaire de l’Alliance en Europe, ce résultat a été présenté comme un véritable « sésisme politique » avant d’être imputé à une ingérence de la Russie, soupçonnée d’avoir financé des influenceurs sur le réseau social TikTok pour promouvoir « son » candidat. Un sondage publié le 1er décembre le créditait de 57,8 % des intentions de vote face à la candidate Renew.

La Cour constitutionnelle a dans un premier temps validé le scrutin après avoir ordonné le recomptage des voix, celui-ci n’ayant selon elle « pas révélé de fraudes susceptibles d’altérer le résultat des élections ». Elle est finalement revenue sur sa décision le 6 décembre en prononçant l’annulation pure et simple de l’élection, alors que la diaspora roumaine avait déjà commencé à voter. Le gouvernement a-t-il paniqué en découvrant les premières estimations ?

Présenté par Le Monde comme un illustre inconnu, devenu « une star du réseau social chinois TikTok, dans des conditions troublantes », Georgescu a expliqué dans un entretien pourquoi il dérange autant les institutions européennes.

The Shawn Ryan Show, Ep. 158

Cette annulation, inédite en Europe, est intervenue au lendemain de la déclassification d’une série de documents issus des agences de renseignement roumaines, détaillant des opérations frauduleuses susceptibles d’expliquer l’ascension fulgurante de Călin Georgescu. Est évoqué le recours à l’intelligence artificielle, suggérant une attaque coordonnée pilotée par un État.

Pour autant, l’enquête diligentée par le gouvernement n’établit pas la preuve d’une ingérence russe, e président Klaus Iohannis, maintenu illégalement en fonction après le 22 décembre l’a lui-même reconnu lors d’une conférence de presse. A contrario, une enquête indépendante, basée sur des registres fiscaux, a démontré fin décembre que cette manipulation a été orchestrée par le Parti national libéral (PNL) au gouvernement, pour faire « dégonfler » le score de la candidate Elena Lasconi, pressentie comme la véritable menace.

Début janvier, les avocats de Călin Georgescu ont porté plainte contre l’État roumain pour faire annuler la décision de la Cour constitutionnelle qui, au terme de la loi, ne peut pas interrompre une élection en cours et qui aurait dû « ordonner la répétition du tour de scrutin frauduleux, le deuxième dimanche suivant l’annulation des élections ». Rien n’y a fait, pas même la démission du président actuel, intervenue début février.

Deux nouvelles dates ont été fixées pour le premier et le deuxième tour de scrutin, qui auront lieu les 4 et 18 mai prochain.

L’ingérence de George Soros et de l’Union européenne dans la campagne roumaine

Les regards se sont immédiatement tournés vers l’Union européenne qui s’est ruée sur la thèse de l’ingérence russe dans le premier tour de l’élection roumaine, sans rectifier cette version après son démenti. Deux mois plus tard, Emmanuel Macron continue à exploiter cette fausse nouvelle dont il est l’un des propagateurs les plus zélés.

L’aveu de Thierry Breton

La confirmation a été donnée par l’ancien commissaire européen Thierry Breton qui menaçait, début janvier, d’utiliser la même méthode pour faire annuler l’élection allemande si le parti d’extrême droite AFD devenait une menace concrète.

Gardons notre sang-froid et faisons appliquer nos lois en Europe lorsque celles-ci restent d’être circonvenies et qu’elles peuvent, si on ne les applique pas, conduire à des interférences. On l’a fait en Roumanie, il faudra évidemment le faire si c’est nécessaire en Allemagne.

Thierry Breton, RMC, 10 janvier 2025

La connexion Soros

Le journaliste Mario Nawfal a enquêté sur la fameuse « méthode » soupçonnée avoir été utilisée par l’État roumain pour neutraliser Călin Georgescu. Il pointe les liens d’intérêts entre trois potentiels acteurs de cette affaire : la conseillère d’État Sandra Pralong, actuellement en poste au sein du département des Relations avec des Roumains de l’étranger, l’avocate Laura-Iuliana Scântei, ancienne sénatrice du PNL, qui siège depuis juin 2022 à la Cour consitutionnelle romaine, et le milliardaire George Soros.

Sandra Pralong a travaillé à la direction de l’hebdomadaire Newsweek à New York avant de fonder l’Open Society dans les années 1990 en Roumanie. C’est donc une intime de Soros, dont la stratégie de conquête de la Roumanie est abondamment documentée, ici par l’Observatoire du journalisme. Il renvoie vers un dossier en huit parties du Capital Research Center, où l’on apprend que Sandra Pralong a publié en 1999 un livre en hommage à George Soros : Popper’s Open Society after Fifty Years: The Continuing Relevance of Karl Popper. Elle était en première ligne le jour du vote pour observer le scrutin de la diaspora roumaine.

Laura-Iuliana Scântei fait partie de l’ONG RePatriot, propriétaire du média Newsweek Romania, et dont le fondateur est l’ancien ministre de la Communication, Marius-Raul Bostan, également issu du Parti national libéral. Selon le journal 7est.ro, elle assure n’avoir participé qu’à une manifestation caritative organisée par l’ONG en 2021, mais elle entretiendrait en réalité des liens beaucoup plus étroits avec cette dernière.

George Soros, enfin, est considéré par Călin Georgescu comme un ennemi intérieur de la Roumanie, qu’il assume, comme Klaus Schwab, avoir infiltrée via son réseau d’ONG pour y imposer son agenda politique personnel. Georgescu s’est engagé durant sa campagne à le chasser de son pays dès le premier jour de son mandat :

La journaliste roumaine Iosefina Pascal signale aujourd’hui une nouvelle connexion via le journaliste italien Edoardo Anziano, qui s’est récemment illustré par un reportage imputant à Călin Georgescu des liens avec la mafia. Edoardo Anziano est affilié au journal Irpi Media, qui revendique dans sa documentation officielle un partenariat avec l’Open Society Fondations (OSF). L’un de leurs projets phares, le projet OASIS, bénéficie en particulier depuis 2018 d’un « financement structurel » de l’OSF.

Une intervention de la France ?

Iosefina Pascal a relaté il y a quelques jours une série de rencontres, prétendument mentionnées dans un rapport des services secrets français, qui suggère une intervention directe de la France dans l’élection roumaine :

  • 18 septembre 2024 : rencontre secrète entre la candidate Elena Lasconi (Renew) et le député roumain Iulian Bulai (président du groupe ALDE) à l’ambassade de Roumaine en France ;
  • 11 novembre 2024 : rendez-vous d’Elena Lasconi avec le ministre français des Affaires étrangères pour solliciter un « soutien direct de la France pour garantir un scrutin électoral honnête », la France étant considérée comme un « allié fiable pour contrer des menaces hybrides » (ce n’était donc pas une ingérence russe ?) ;
  • 4 décembre : vidéoconférence avec Emmanuel Macron, dans laquelle il réitère son total soutien à la candidate de son groupe au Parlement européen. Il aurait affirmé qu’« une victoire de Georgescu transformerait le destin de la Roumanie et la sécurité en Europe » ;
  • 4 décembre, après le déjeuner : déclaration du ministre français des Affaires étrangères, particulièrement précoce : « C’est merveilleux que les élections aient été annulées, car nous savons de façon certaine que les Russes sont intervenus sur la base d’un rapport déclassifié du CSAT », le Conseil suprême de la défense nationale roumain. Le rapport du 4 décembre, mais il n’a été divulgué que le 5 décembre.

Cette hypothèse est censée avoir été confirmée début février par le rapport du service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum), qui dénonce des cyberattaques critiques sur des infrastructures roumaines le jour de l’élection :

Ces manœuvres informationnelles ont également été accompagnées d’un nombre important de cyberattaques visant les systèmes informatiques liés au processus électoral, témoignant du déploiement d’un dispositif d’ampleur destiné à déstabiliser un grand rendez-vous démocratique.
Après la Géorgie et la Moldavie, la Roumanie est le troisième pays européen touché par des
manipulations d’ampleur en contexte électoral en fin d’année 2024.

Viginum. Manipulation d’algorithmes et instrumentalisation d’influenceurs : Enseignements de l’élection présidentielle
en Roumanie & risques pour la France
. Février 2025. p. 3

Or selon Iosefina Pascal, ces cyberattaques critiques n’ont été confirmées par aucune agence. Les services secrets roumains assurent de leur côté avoir déjoué ces attaques avant qu’elles ne perturbent le processus électoral. Le rapport précise par ailleurs qu’il n’a été retrouvé aucune implication d’un État étranger.

Second coup d’État : l’arrestation du 27 février, suivie de l’exécution politique

Les observateurs qui ont suivi l’élection roumaine s’attendaient à un rebondissement d’ici le 4 mai. Il y en a eu deux le 27 février, avec l’arrestation de Călin Georgescu, alors qu’il projetait de se rendre au bureau de l’Autorité électorale permanente pour y déposer sa candidature à la prochaine élection présidentielle, et sa libération quelques heures plus tard, sous la pression de la population.

Libération de Călin Georgescu, 26/02/2025

Son arrestation a été officiellement justifiée par une série de découvertes. Selon le média roumain activenemws.ro, les autorités auraient perquisitionné le domicile de son directeur de campagne en début de mois ainsi que celui de 47 personnes ou associations liées à Călin Georgescu. Ils auraient découvert des documents et des armes détenues illégalement. Son domicile a également été perquisionné ce jeudi.

Călin Georgescu est désormais poursuivi pour six infractions :

  • Incitations à des actions menaçant l’ordre constitutionnel ;
  • Diffusion de fausses informations « continues » ;
  • Fausses déclarations concernant les sources de financement de sa campagne électorale ;
  • Instauration, adhésion, soutien ou mise en place d’une organisation de nature fasciste, raciste ou xénophobe, l’adhésion ou le soutien, sous quelque forme que ce soit, d’un tel groupe ;
  • Promotion en public de personnes coupables de crimes de génocide contre l’humanité et de crimes de guerre, d’idées ou de doctrines fascistes, racistes ou xénophobes ;
  • Lancement, adhésion, soutien ou création d’une organisation antisémite.

Sa libération, accueillie momentanément comme une victoire, a été assortie d’un placement sous contrôle judiciaire strict pour une période de 60 jours, soit jusqu’au 28 avril. Parmi les restrictions imposées figurent l’interdiction de quitter le pays sans le consentement des autorités judiciaires, de créer ou d’utiliser un compte pour publier des contenus légionnaires, fascistes, antisémites, racistes ou xénophobes sur les réseaux sociaux, de se rendre à des convocations judiciaires chaque fois qu’il sera appelé, et de ne pas porter d’arme. Un programme de surveillance doit également être établi par la police.

La durée du contrôle judiciaire arrivant à échéance six jours avant le premier tour de scrutin, elle compromet très probablement une nouvelle candidature de Călin Georgescu, qui assure néanmoins vouloir se représenter, mais qui de fait ne pourra de fait pas faire campagne. Il est par ailleurs passible d’une peine d’emprisonnement de vingt ans.

Le journal Infobrassov.net qualifie cette arrestation d’« acte diabolique qui a précédé le dernier, l’annihilation de Georgescu » et s’autorise à y voir l’ombre, ou plus exactement la main de George Soros :

La machinerie complexe de l’organisation paraétatique appartenant à George Soros, le conglomérat d’ONG et d’individus occupant des postes clés dans l’État achetés par l’Open Society Foundation du conspirateur planétaire contre les nations, a démontré sa force dans le cas de la détention aujourd’hui de Călin Georgescu, prouvant qu’il a l’herbe dans la barbe pour faire sauter les verrous du pouvoir d’État en Roumanie.

Libiu Mateescu, Infobrassov.net, 27 février 2025

Comment peut-on ne pas exclure cette hypothèse ?

Une enquête sous surveillance européenne

L’enquête sera conduite par le procureur général Marius Iacob, l’ancien adjoint de Laura Codruța Kövesi, la première cheffe du parquet européen créé en 2022 pour lutter contre la corruption au sein de l’Union européenne.Il a bénéficié le 25 février, soit deux jours avant l’inculpation de Călin Georgescu, d’une promotion remarquablement opportune à la Section des poursuites pénales du Bureau du procureur général. Autrement dit, s’il reste des juges indépendants en Roumanie, il est difficile de penser qu’ils ne seront pas « convaincus » de suivre les ordres de Bruxelles pour éliminer définitivement la menace mortelle qu’incarne Călin Georgescu pour le projet européen.

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