Il était une fois un virus
Quel rôle a joué l’Institut Pasteur dans les origines de la pandémie ?
Les auteurs du livre Les Juges et l’Assassin ont récemment fait fuiter une note confidentielle du ministère de la Santé, publiée en interne le 5 janvier 2020, mais passée totalement inaperçue. Ont-ils divulgué sans le savoir la preuve d’une implication de la France dans la conception du virus à l’origine de la pandémie de COVID-19 ? Une seconde note plus ancienne relance cette hypothèse.

Il y a trois ans, nous mettions en avant les liens ambigus unissant l’Institut Pasteur, le PDG de Moderna, également membre du Conseil d’administration de la Fondation Mérieux USA en 2019, et l’Institut de virologie de Wuhan, où le SARS-CoV-2 est convaincu d’avoir transité en amont de la pandémie. Nous rappelions ces trois dates :
- Octobre 2011 : Stéphane Bancel prend la tête de Moderna mais reste membre du Conseil d’administration de la Fondation Mérieux USA. Il participe au comité de pilotage supervisant la construction du labo P4 de Wuhan adossé à l’Institut de virologie de Wuhan ;
- Février 2015 : Moderna s’associe à l’Institut Pasteur pour un projet de développement de vaccins à ARN messager ;
- Novembre 2017 : l’Institut Pasteur, l’Académie chinoise des sciences et la Fondation Mérieux signent un accord de coopération pour « mener des recherches innovantes dans le domaine des maladies infectieuses, tropicales ou négligées en lien avec le laboratoire P4 de l’institut de virologie de Wuhan ».
Deux nouveaux éléments relancent les interrogations que nous soulevons dans cet article.
Note du 5 janvier 2020 de la direction générale de la Santé
Le premier est un événement discrètement relaté dans la dernière enquête de Fabrice Lhomme et Gérard Davet, Les Juges et l’Assassin, publiée fin janvier. On découvre à la page 34 du livre l’existence d’une note confidentielle de la direction générale de la Santé (DGS) « à diffusion restreinte », publiée le 5 janvier 2020, dans laquelle la DGS évoque le laboratoire P4 de l’institut de virologie de Wuhan au lendemain de l’alerte lancée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à destination de ses États membres :
D’après nos informations, la fondation Mérieux finance, avec l’Institut Pasteur, un chercheur dans ce laboratoire, sans qu’il soit possible, pour l’État, de connaître précisément ce que fait ce chercheur. Celui-ci a été formé au P4 du Manitoba (Canada), alors même que nous soupçonnons des transferts de souches en provenance de ce laboratoire effectués au mépris de toutes les règles de sécurité internationalement reconnues.
Les auteurs se contentent de commenter, avec une curiosité un peu « molle » qui trahit leur méconnaissance des derniers développements de l’enquête américaine sur les origines de la pandémie : « Intéressant lorsqu’on sait que l’origine du virus reste, aujourd’hui encore, inconnue. » ils précisent : « Mais l’appareil diplomatique n’est pas mobilisé. » Pourquoi ?
Précisons que ce n’est pas la première fois que l’Institut Pasteur est soupçonné d’avoir laissé fuiter des souches virales potentiellement mortelles : en octobre 2015, une chercheuse de l’antenne coréenne de l’Institut avait transporté clandestinement dans ses bagages trois tubes d’échantillons contenant des souches du virus MERS-CoV responsable de 19 morts en 2015. L’Institut Pasteur précise que le premier cas avéré de MERS-CoV a été identifié en Corée du Sud le 20 mai 2015.
Revenons à la pandémie de COVID. Il est peu probable que l’Institut Pasteur n’ait pas été informé de la teneur des expériences conduites dans le laboratoire P4 de l’institut de virologie de Wuhan après en avoir remis les clés à la Chine. Il est également surprenant que la ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, dont le mari a inauguré le labo P4 à Wuhan, n’ait pas fait preuve d’un peu plus de curiosité. Sa réaction, d’un cynisme total : « Merci, et à surveiller. C’est une région assez francophone avec des relations avec la France. » Or le Washington Post a publié en mars 2022 un document qui répond potentiellement à la question de la DGS.
Note de 2014 de Rosemont Seneca Technology Partners
Dans cet article, sont exposés les liens entre trois entreprises : Metabiota, une société qui conseille officiellement les gouvernements et les entreprises sur la gestion des menaces biologiques, le cabinet de conseil Rosemont Seneca Partners cofondé en 2009 par Hunter Biden, le fils du président américain sortant, et Rosemont Seneca Technology Partners (RSTP), une société d’investissement spécialisée dans les entreprises technologiques émergentes.

Selon le Washington Post, RTSP a joué un rôle essentiel dans le financement de Metabiota, mais le journal réfute toute implication de Metabiota dans des activités biologiques. Après le coup d’État de Maidan en 2014, RTSP a été officiellement financée par le Pentagone pour rechercher des coronavirus de chauves-souris et exploiter des laboratoires en Ukraine, via le projet PREDICT (voir notre précédent article), dont on subodore aujourd’hui qu’il a servi de cadre aux expériences de gain de fonction conduites au sein de l’institut de virologie de Wuhan dont le SARS-CoV-2 serait issu.
La grâce du président Biden accordée in extremis à son fils pour des activités potentiellement criminelles couvrant la période 2014-2024, alors qu’il n’est à ce jour convaincu que d’avoir commis des délits postérieurs à 2019, puis celle accordée au Dr Anthony Fauci pour la même période peuvent difficilement être interprétées autrement que comme un aveu.
Quoi qu’il en soit, RTSP a procédé à une première levée de fonds de 25 millions de dollars pour l’entreprise Metabiota en octobre 2014. Dans son article, le Washington Post publie une note confidentielle de 2014 dans laquelle RSTP détaille les investissements nécessaires pour accélérer la croissance de Metabiota. L’article précise que ces investissements ne visent pas à financer des recherches dans des laboratoires biologiques militaires, mais « des assurances pour protéger les entreprises contre une pandémie mondiale » :
Ces investissements n’étaient pas liés aux laboratoires financés par les États-Unis en Ukraine. Au lieu de cela, des investisseurs comme le RSTP parient sur une nouvelle idée – vendre des assurances pour protéger les entreprises contre une pandémie mondiale.
C’est ainsi que RTSP justifie cette nouvelle levée de fonds (p. 1), mais cette interprétation a été démentie par de nombreux documents, notamment une série d’e-mails qui démontrent l’engagement en Ukraine de Metabiota, dont le fondateur et président, le Dr Nathan Daniel Wolfe, constitue le chaînon manquant entre deux acteurs clés de la pandémie :
- EcoHealth Alliance, dont il siège depuis 2004 au comité éditorial et, depuis 2008, à celui de la revue d’EcoHealth ;
- la DARPA, l’agence du Pentagone à laquelle le président d’EcoHealth Alliance, Peter Daszak a soumis en 2015 un projet (DEFUSE), qui contient une séquence génétique unique retrouvée dans le SARS-CoV-2.
La note de RTSP mentionne que Nathan Wolfe a fait partie du comité éditorial d’EchoHealth, dont la responsabilité dans la création du SARS-CoV-2 a été pointée par l’enquête du Congrès américain, mais qu’il a également siégé à partir de 2008 au Conseil de recherche scientifique pour la défense (DSRC) de la DARPA (p. 37).
La page 30, quant à elle, contient une information troublante. RTSP met en avant le sérieux du projet, en détaillant les soutiens institutionnels dont bénéficient Metabiota. Est souligné le fait – aujourd’hui accablant – qu’EchoHealth et l’Université de Californie Davis bénéficiaient dans le cadre du programme PREDICT de l’aide de l’Agence américaine de développement international (USAID), dont l’implication a provoqué une réaction en chaîne conduisant à son démantèlement. Mais surtout, est décrite la proximité de l’Institut Pasteur avec EcoHealth Alliance et Metabiota :
L’Institut Pasteur et EcoHealth Alliance sont des organisations à but non lucratif qui travaillent en partenariat avec Metabiota sur des projets de biosurveillance. L’université de Californie à Davis, le centre médical de l’université de Pittsburgh et l’hôpital pour enfants de Boston à Harvard sont trois grands instituts de recherche sur la biosurveillance qui collaborent également avec Metabiota sur de nombreux projets.
Observations du RSTP :
Ces organisations à but non lucratif et de recherche ont une grande expérience dans le domaine de la biosurveillance et des capacités scientifiques similaires à celles de Metabiota. […]
L’Institut Pasteur entretient un bon partenariat avec Metabiota. L’un de ses directeurs de recherche, Jean Paul Gonzalez, travaille actuellement avec Metabiota sur un appel d’offres pour un nouveau contrat gouvernemental.
EcoHealth Alliance, UC Davis et Metabiota sont tous des partenaires contribuant au projet PREDICT.
Jean-Paul Gonzalez est-il l’inconnu de Wuhan dont le Gouvernement ignorait la teneur des activités ? Est-ce pour protéger cette information que la gestion de la pandémie a été placée depuis le premier jour sous le sceau du secret-défense ?
En savoir plus
- La note publiée en 2022 par le Washington Post a été republiée dans un article récent : The Sovereign Mind (pseudo). USAID funded EcoHealth and Wuhan Lab bat virus experiments. 2025 Feb 12. https://thesovereignmind.substack.com/p/usaid-funded-ecohealth-and-wuhan
- L’association U.S. Right to Know enquête depuis quatre ans sur les origines du COVID-19. Ils viennent d’obtenir le prix de la liberté d’information pour leur enquête sur les origines de la COVID-19 qui peut être consultée ici : https://usrtk.org/category/covid-19-origins/