Révolution de couleur
X : La guerre secrète de Soros contre la liberté d’expression
L’eurodéputé Raphaël Glücksmann a revendiqué il y a quelques jours être à l’origine de l’initiative HelloQuitteX, une solution conçue pour aider les utilisateurs de X à quitter le réseau. Une enquête menée sur les acteurs de cette opération commando suggère qu’elle serait pilotée en sous-main par le milliardaire George Soros.

Quitter le réseau X (ex-Twitter) ou le faire interdire, c’est le dilemme cornélien qui divise aujourd’hui la gauche européenne au lendemain de la victoire de Donald Trump, remportée en partie grâce au milliardaire Elon Musk, l’actuel propriétaire du réseau. Accusé d’utiliser comme un « cheval de Troie pour déstabiliser les démocraties », Musk est devenu l’homme à abattre après la diffusion d’un entretien en ligne avec la députée Alice Weidel, codirigeant du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), estampillé d’extrême droite. Une enquête révèle des liens étroits entre les leaders de cette bronca idéologique et l’Open Society Foundations, un réseau tentaculaire d’ONG fondée par le milliardaire George Soros.
Interdire X pour sauver la démocratie, le combat de Place publique
Aurore Lalucq et Raphaël Glücksmann, les deux coprésidents du parti Place publique, ont multiplié les appels depuis le début de l’année pour faire censurer le réseau, en violation de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne qui sanctuarise la liberté d’expression et le pluralisme des opinions. Le 9 janvier dernier, peu avant l’interview d’Alice Veidel par Elon Musq, l’eurodéputée a déposé une plainte contre X auprès de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Elle évoque des « messages d’attaques de gouvernements et de dirigeants européens ou de soutien aux extrêmes droites du continent », ainsi qu’une manipulation de l’algorithme de la plateforme par le milliardaire visant à « favoriser la propagation de ses propres messages, au détriment des contenus de ses usagers ». HelloQuitteX semble être passée entre les mailles du filet, certains utilisateurs de X se plaignant aujourd’hui d’être incités par la plateforme à suivre son compte…
Le deuxième volet de la plainte est actuellement à l’étude au niveau européen et français, mais la Commission européenne s’est déjà prononcée sur le procès en ingérence intenté par Aurore Lalucq au propriétaire de X. Selon elle « rien dans la législation sur les services numériques (Digital Service Act – DSA) n’interdit au propriétaire d’une plateforme ou à quiconque d’héberger un live stream et d’exprimer ses opinions personnelles », ce dont relèverait de son point de vue le débat organisé avec Alice Veidel.
Le positionnement d’Aurore Lalucq dans ce débat pose en revanche plusieurs problèmes. Selon Le Point, c’est en tant qu’utilisatrice de X et résidente française que la coprésidente de la commission des Affaires économiques et monétaires au Parlement européen a saisi l’Arcom, comme l’autorise l’article 53 du règlement européen (DSA). On peut toutefois s’interroger sur la neutralité d’une telle démarche. L’eurodéputée est membre de l’European Council on Foreign Relations (ECFR), un think tank enregistré comme lobby sur le registre de la transparence de l’Union européenne, et dont la feuille de route correspond en tout point à la stratégie préconisée par Aurore Lalucq dans le domaine numérique. L’ECFR compte également dans ses rangs Amélie de Montchalin et Nathalie Loiseau, à la pointe du combat contre Elon Musk et Donald Trump, dont l’ECFR redoute qu’il veuille transformer l’Europe en « colonie numérique ». La victoire récente de Trump, supposée avoir été manipulée sur le réseau X, était d’ailleurs au cœur des préoccupations exprimées lors de son dernier congrès annuel.
Selon l’observatoire Influence Watch, le think tank est l’un des piliers de l’Open Society Foundations (OSF), un réseau tentaculaire d’ONG (20 fondations, 3,7 milliards de dollars d’actifs) fondé par le milliardaire George Soros. Influence Watch le présente plus précisément comme le cheval de Troie de l’OSF, qui a officiellement déserté le continent européen en 2023, un départ présenté par Le Monde comme « un moment critique pour la société civile européenne ».
Interrogé ce lundi par Jean-Jacques Bourdin sur l’imposture de l’offensive menée par son parti, Raphaël Glücksmann a pourtant réfuté toute comparaison entre l’ingérence notoirement agressive de George Soros, et les prises de position publiques d’Elon Musk, au motif que la politique se ferait aujourd’hui sur les réseaux sociaux.
L’exemple de l’élection présidentielle roumaine de décembre dernier, annulée en cours de vote pour contrer la percée inattendue de Călin Georgescu, un ancien haut fonctionnaire estampillé d’extrême droite en raison de ses positions antisystème, est d’une malhonnêteté confondante, puisque Raphaël Glücksmann justifie son annulation par une ingérence du gouvernement russe dans la campagne à travers le réseau social Tik-Tok. C’est la thèse défendue également par Emmanuel Macron, dont l’héritier de l’empire Soros a su capter l’attention, et plus généralement par l’ensemble de la gauche.
Or on sait depuis le 20 décembre dernier que c’est le parti au gouvernement, qui se maintient actuellement au pouvoir en toute illégalité, qui a manipulé le scrutin en finançant des influenceurs pour promouvoir la campagne de Călin Georgescu afin qu’il fasse « dégonfler » le score de la candidate Elena Lasconi, pressentie comme la véritable menace.
Cette approximation n’a toutefois rien d’étonnant compte tenu du passé de Raphaël Glücksmann. Il expliquait il y a neuf ans aux étudiants de Sciences Po comment organiser une révolution de couleur en se vantant d’avoir joué un rôle crucial dans celle de 2014 en Ukraine, avec le soutien revendiqué de George Soros, dont le beau-père de Raphaël Glucksmann, Ghassam Salamé, fut l’un des plus proches collaborateurs :
En Ukraine, George Soros déclare à la chaîne de télévision CNN en mai 2014 que sa fondation a pris une part importante dans les événements d’Euromaïdan entre l’automne 2013 et le printemps 2014. Il s’agit de l’International Renaissance Foundation créée en Ukraine en 1990.
https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Soros
HelloQuitteX, le bras armé de l’Open Society Foundation ?
Le projet HelloQuitteX se veut plus démocratique et apolitique, c’est du moins ce que revendiquent ses mentions légales et son code de conduite, qui n’est en réalité rien d’autre qu’un guide militant, avec une « mission », une date et une stratégie, adossées à un manifeste où les auteurs décrivent leur « plan » :
« Restez coordonnés », « Alignez vos actions avec les objectifs généraux de #HelloQuitteX » « Évitez de diffuser des fausses informations […] qui pourraient nuire à notre crédibilité », « Amplifiez les hashtags de la communauté », « Valorisez les plateformes éthiques », « Concentrez-vous sur des alternatives… »
https://helloquittex.com/MANIFESTO-HelloQuitteX.html
Le mode d’emploi d’une révolution de couleur numérique, en quelque sorte. En l’occurrence bleue, puisqu’il s’agit d’organiser la migration des utilisateurs de X vers les réseaux Bluesky ou Mastodon grâce à une application permettant de « transférer son audience », c’est-à-dire ses contacts et ses messages.
La promotion outrancière de la plateforme HelloQuitteX a poussé des journalistes et des lanceurs d’alerte à s’intéresser de plus près à la composition de sa communauté et à son financement. Parmi les principaux soutiens de la plateforme, on retrouve notamment trois personnes dont les liens avec l’Open Society de George Soros sont référencés sur le site de l’OSF :
- Benjamin Sonntag, membre du comité de pilotage et porte-parole du collectif HelloQuitteX, est le cofondateur de La Quadrature du Net (également co-fondatrice de HelloQuitteX), qui a perçu 450 500 euros de l’Open Society Foundations entre 2017 et 2023. Il expliquait le 20 janvier sur France Info le danger que X fait courir aux démocraties (source : Pierre Sautarel) ;
- Cécile Duflot est l’associée de Benjamin Sonntag au sein de la société Ocotopuce qui héberge le site HelloQuitteX. Elle est par ailleurs la directrice générale d’Oxfam – dont l’Open Society Foundations est l’un des principaux bailleurs de fonds –, l’un des partenaires de l’association On est Prêt, dirigée par Magali Payen, l’une des porte-parole du Collectif ;
- David Chavalarias, la caution scientifique de la bande, est probablement celui dont la présence au sein de ce collectif est la plus problématique. Directeur de recherche au CNRS, il fait aussi partie du Groupe de veille numérique à l’intégrité électorale, selon l’enquête menée par la journaliste citoyenne Amélie Ismaïl. Son nom est cité aux côtés de Rudy Reichstag, le fondateur du site Conspiracy Watch, dans les remerciements du rapport Élections 2022 : l’écosystème d’information sous pression, réalisé en partenariat avec l’Arcom « pour effectuer une veille sur les réseaux sociaux et signaler tout contenu qui pourrait s’apparenter à une “fausse information” ou “porter atteinte à l’intégrité du scrutin” ».
L’étude a été dirigée par l’Institute for Strategic Dialogue (ISD), un think thank cofinancé par l’Open Society Foundations, en partenariat avec deux autres entités également membres de la galaxie Soros :- Reset Tech, destinataire d’une subvention de 550 000 $ en 2023 de l’OSF ; et
- Alliance pour la garantie de la démocratie (ASD) affiliée au German Mashall Fund, dont le soutien financier reçu depuis 2017 s’élève à plusieurs millions de dollars.
Amélie Ismaïl rappelle également que l’ISD et Conspiracy Watch ont tous les deux bénéficié d’un financement par le Fonds Marianne dont l’attribution et l’utilisation des fonds sont jugées « polémique », pour reprendre le terme pudiquement employé par Le Parisien.
Parmi les organisations qui soutiennent ou qui ont fondé (et financent ?) HelloQuitteX, on retrouve également plusieurs satellites de l’Open Society Foundations :
- Corporate Europe Observatory : 1 210 000 * perçus depuis 2016 :
- Health Poverty Action : 1 200 000 $ depuis 2016 ;
- Les Amis de la Terre : 750 000 $ depuis 2017 ;
- Ligue des droits de l’homme (cofondatrice) : 383 000 $ en 2016-2027
D’autres leaders de gauche ont annoncé qu’ils resteraient sur X, probablement en se pinçant le nez et en se bouchant les oreilles, mais font malgré tout la promotion de la plateforme, à l’image de Najat Belkacem, directrice de ONE France, également cofinancée par l’OSF qui a versé plus de 11 millions de dollars depuis 2016 à son satellite ONE Action.
Notre ébauche d’enquête sur les ramifications de ce projet mériterait sans doute d’être approfondie pour comprendre ce à quoi nous avons affaire aujourd’hui, mais on ne peut à ce stade que poser a minima la question : sommes-nous ici au cœur de la « Soros connexion » ? Il est difficile d’en douter à la lecture du document édité par l’Open Society Foundations, qui y présente son action en Europe, notamment en partenariat avec le CNRS. La boucle semble donc bouclée au-delà de ce que nous imaginions en commençant l’écriture de cet article.
Conclusion
Lors de son interview sur Sud Radio, le 20 janvier 2025, Raphaël Glücksmann, qui se définit lui-même comme un « consultant en révolution » a reconnu être à l’origine du putsch de HelloQuitteX, contre la liberté d’expression. Si les liens de David Chavalarias, le porteur officiel du projet, avec le multimilliardaire hongrois semblent essentiellement indirects, ceux de Glücksmann sont en revanche mieux documentés. On peut donc s’inquiéter de la partialité de l’enquête qui sera conduite par l’Arcom, dont l’épouse du directeur, Laurence de Nervaux, est à la tête du think tank Destin commun, financé par l’Open Society Foundations, et membre du réseau d’ONG More in Common, également subventionné par l’OSF. Une ingérence très concrète dans la vie du pays puisque l’ONG a rendu en avril dernier un rapport hautement politisé, recommandant l’installation par l’État de migrants dans des communes rurales, comme en Bretagne où le projet Horizon a suscité de vives contestations locales.