Riposte
Vladimir Poutine annonce la production en série du missile hypersonique Orechnik
Vingt-quatre heures après le succès du test expérimental d'Orechnik, Vladimir Poutine annonce le lancement de la production en série de ce nouveau missile balistique à vocation nucléaire, qu’aucun système de défense occidental n’est à ce jour en capacité d’arrêter.
La Russie a dévoilé ce 21 novembre la dernière pépite de son industrie militaire, Orechnik, un missile balistique hypersonique de portée intermédiaire (IRBM) pouvant être équipé d’ogives nucléaires et capable d’atteindre n’importe quelle cible en Europe. Elle a rappelé à plusieurs reprises que l’utilisation sur le territoire russe de missiles longue portée occidentaux constituait une ligne rouge de nature à provoquer une riposte nucléaire si elle était franchie, comme le prévoit sa nouvelle doctrine nucléaire entrée en vigueur le 19 novembre. Deux jours après les premiers tirs de missiles ATACMS (américains) et Storm Shadow (anglais) sur son territoire, respectivement les 19 et 20 novembre, elle a répondu en testant son missile expérimental Orechnik avec une charge conventionnelle, les mises en garde formulées le 19 novembre par le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, n’ayant pas été entendues. Un site militaro-industriel ukrainien basé à Dniepr a été totalement détruit par l’attaque.
L’Institut pour l’étude de la guerre, qui constitue la principale source d’information des médias occidentaux a relativisé cette annonce en expliquant qu’Orechnik « n’était pas intrinsèquement une nouvelle capacité russe », contrairement à ce qu’affirmait Vladimir Poutine le 22 novembre lors d’un conseil de défense associant les représentants du complexe militaro-industriel :
Le système Orechnik n’a rien à voir avec la modernisation des anciens systèmes soviétiques. Il est évident que nous avons tous été élevés en regardant fonctionner les différents systèmes de l’Union soviétique, nous avons tous été élevés sur la base de ce qui a été fait par les générations précédentes et, dans une certaine mesure, nous avons utilisé leurs résultats. Cependant, ce système est en fait le résultat principal de votre travail, du travail effectué à l’époque russe, dans les conditions de la nouvelle Russie, sur la base des développements les plus récents.
Agence TASS. 22/11/2024
Selon le Pentagone, Orechnik serait une simple adaptation du missile RS-26 Rubezh, dont les premiers essais s’étaient soldés en 2011 par un échec, provoquant la mise en pause de son développement jusqu’en 2027. La Direction générale du renseignement militaire (GUR) estime quant à elle qu’il s’agit en fait d’un missile Kedr, développé depuis 2018-2019 par la Russie, qui chercherait à attiser les inquiétudes de l’Occident afin de l’inciter à réduire son soutien à l’Ukraine. On ne sait pas si c’est l’objectif, mais la porte-parole du Pentagone affichait sa fébrilité au lendemain du tir russe, le chancelier allemand dénonçant quant à lui une « escalade terrible » :
Quoi qu’il en soit, l’État-major russe estime que cette première utilisation d’Orechnik dans des conditions de combat a atteint son objectif, suffisamment en tout cas pour que Vladimir Poutine décide d’industrialiser la production de ce missile de nouvelle génération, dont il affirme que le pays dispose d’ores et déjà d’un stock opérationnel :
Nous disposons d’un stock de tels produits, d’un stock de tels systèmes prêts à l’emploi. […] Il est nécessaire d’établir une production de masse ; nous supposerons que la décision de produire en série ce système a été prise. Oui, en fait, c’est pratiquement organisé.
Conseil de défense. Le Kremlin. 22/11/2024.
La veille, dans un discours destiné à sa population mais également à l’ensemble des pays de la coalition otano-ukrainienne, il a rappelé qu’aucun d’eux n’est actuellement en mesure d’intercepter les missiles hypersoniques russes, comme l’a confirmé le journal Le Monde ce 22 novembre :
Il n’existe actuellement aucun moyen de contrecarrer de telles armes. Les missiles attaquent des cibles à une vitesse de Mach 10, soit 2,5 à 3 kilomètres par seconde. Les systèmes de défense aérienne modernes disponibles dans le monde et les systèmes de défense antimissile créés par les Américains en Europe n’interceptent pas de tels missiles.
Vladimir Poutine. Agence TASS. 22/11/2024
L’Otan a-t-il sous-estimé les capacités de la Russie en matière d’armement conventionnel ? Pour Ralph Bosshard, lieutenant-colonel suisse à la retraite, ex-conseiller spécial du représentant permanent de la Suisse à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), personne ne connaît réellement l’éventail des capacités militaires de la Fédération de Russie qui incluent potentiellement, outre le missile Oreshnik, d’autres armes d’une efficacité redoutable, basées sur une technologie bien plus avancée. En 2018, Vladimir Poutine s’était en effet engagé à développer toute une palette d’équipements ultra-technologiques (missile balistique Sarmat, missiles hypersoniques Kinzhal, Iskander et Zircon, planeur hypersonique Avangard, torpilles Poséidon et Burevestnik…), dont certains ont été déployés sur le sol ukrainien.
En 2019, les États-Unis se sont malheureusement privés de tout droit de regard sur la progression des avancées technologiques de la Russie en sortant du traité de Washington sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI).