Injonction paradoxale
Fin de la vaccination des femmes enceintes contre le COVID-19 en Australie (ou presque)
Le saviez-vous ? En Australie, la vaccination contre le COVID-19 n’est plus recommandée de manière systématique pour les femmes enceintes depuis novembre 2023. En France, aucune inflexion similaire n’a été apportée aux recommandations vaccinales. C'est en fait un peu plus compliqué.
Cette information a été publiée en toute discrétion le 27 novembre 2023 et mise à jour le 13 mars 2024 : la vaccination contre le COVID-19 n’est plus recommandée de manière systématique aux femmes enceintes, sauf si elles présentent des facteurs de risque personnels, indépendants de la grossesse. Pour autant, la vaccination n’est pas considérée comme une contre-indication, les femmes déjà vaccinées étant invitées – c’est le sens de cette recommandation – à « discuter de l’opportunité de recevoir une nouvelle dose » si elles ont déjà été vaccinées.
Le message diffusé par le Gouvernement se veut donc une sorte de démenti plutôt qu’une mise en garde contre les dangers de la vaccination pour la santé des femmes et de leur bébé. La comparaison entre les versions successives de cette recommandation démontre pourtant que le Gouvernement australien sait pertinemment que les vaccins COVID-19 représentent des risques pour la grossesse et qu’il a donc incité les femmes enceintes à se faire vacciner sur la base d’allégations infondées. Il recommandait par exemple un schéma à trois doses en mars 2023 (p. 3) et estimait que l’administration d’un second booster (4e dose) pendant la grossesse ne posait aucun problème de sécurité (p. 4).
- Octobre 2023 : les boosters ne sont plus recommandés de manière systématique, mais au cas par cas. La recommandation évoque un « grand nombre de preuves à l’appui de l’innocuité des vaccins à ARNm monovalent pendant la grossesse ». Elle reconnaît que les vaccins bivalents n’ont pas été « officiellement étudiés chez les femmes enceintes », mais estime qu’ils sont néanmoins « appropriés et sûrs pour une utilisation chez les femmes enceintes ». Idem pour les nouveaux vaccins ciblant le variant Omicron. La primo-vaccination des femmes enceintes est par ailleurs explicitement recommandée dans une seconde recommandation.
- Novembre 2023 : la primo-vaccination (une dose) n’est plus recommandée de manière systématique, mais les femmes enceintes sont invitées à se rapprocher de leur médecin pour évaluer si la balance bénéfices-risques de la vaccination est positive dans leur cas. De manière schizophrénique, la recommandation concernant la primo-vaccination des femmes enceintes est toujours en vigueur.
- Mars 2024 (dernière version) : les femmes enceintes ne sont plus « invitées » (should) à recevoir une nouvelle dose, mais « peuvent » (can) si elles le souhaitent solliciter une nouvelle injection. Le schéma vaccinal à trois doses est discrètement expurgé, de même que le « grand nombre de preuves à l’appui de l’innocuité des vaccins à ARNm monovalent pendant la grossesse ». La recommandation concernant la primo-vaccination est en revanche explicitement maintenue.
1 : Rétropédalage
Officiellement, la mise à jour de novembre 2023 concerne le remplacement de l’ancienne formule vaccinale par une nouvelle formule ciblant spécifiquement la souche Omicron. Aucune allusion n’est faite à la vaccination des femmes enceintes, qui n’est donc pas un sujet.
Pourtant, en mai 2023, le Gouvernement avait tenu à expliquer pourquoi les femmes enceintes devaient recevoir 3 injections. Il avait alors admis que les vaccins n’ont jamais été testés sur les femmes enceintes et que les précédentes recommandations ne reposaient donc sur aucune donnée (il parle de « premiers essais cliniques » et de « données limitées », chacun en tirera ses propres conclusions).
Pourquoi le conseil a-t-il changé ?
https://web.archive.org/web/20231210125920/https://www.health.gov.au/our-work/covid-19-vaccines/who-can-get-vaccinated/pregnant-women (date de capture : 10/12/2023)
Les premiers essais cliniques pour les vaccins contre la COVID-19 n’ont pas inclus les femmes enceintes. Les données disponibles au cours des premières étapes du déploiement du vaccin ont été limitées.
Le risque de maladie sévère due à des variantes de COVID-19 d’Omicron chez la femme enceinte est maintenant considéré comme étant inférieur à celui des conseils de rappel du régulateur [ATAGI] précédents. Cela est dû au nombre élevé de personnes porteuses d’une immunité hybride contre l’infection et la vaccination.
La grossesse n’est actuellement pas considérée comme un facteur de risque de maladie grave chez les femmes qui :
• ont déjà suivi un cycle de vaccination primaire et reçu un rappel
• ne présentent aucune condition médicale à risque.
En réalité, c’est bien un rétropédalage embarrassé que le Gouvernement australien a effectué en novembre 2023 en maintenant deux recommandations contradictoires pour ne pas avoir à justifier le virage scientifique qu’il est aujourd’hui contraint d’opérer.
2 : Suppression des preuves
La découverte de cette recommandation intervient en effet alors que le Régulateur australien a été pris en flagrant délit de suppression de messages erronés concernant la sécurité des injections. La page https://www.health.gov.au/our-work/covid-19-vaccines/who-can-get-vaccinated/pregnant-women a été supprimée en décembre 2023, mais la dernière mise à jour remonte au 24 mai 2023.
La vaccination des femmes enceintes n’est plus abordée sur le site dédié aux vaccins COVID-19
Elle est aujourd’hui redirigée vers le Service national de conseil en matière de santé en Australie, qui redirige lui-même vers un organisme gouvernemental affilié, qui offre un soutien et des informations aux futurs parents. Le Gouvernement ne communique donc plus sur les risques vaccinaux pendant la grossesse.
Idem pour la page racine (www.health.gov.au/our-work/covid-19-vaccines) qui permettait d’accéder aux informations sur la vaccination des femmes enceintes.
Mais surtout, cette page donnait accès à une sous-page dédiée à la sécurité des vaccins et aux effets secondaires.
La sécurité des vaccins n’est plus brandie comme un argument commercial
La page « Sécurité et effets secondaires des vaccins COVID-19 » était accessible jusqu’à 25 avril 2024 (dernière mise à jour le 25 août 2023), avec le texte d’accueil d’accueil :
Sécurité et effets secondaires des vaccins COVID-19
Les vaccinations contre la COVID-19 sont sûres et sauvent des vies. Ils sont surveillés de près dans le plus grand déploiement mondial de vaccins de l’histoire. La plupart des effets secondaires sont légers et disparaissent en quelques jours. En Australie, la Therapeutic Goods Administration (TGA) surveille l’innocuité et les effets secondaires des vaccins.
La nouvelle navigation est plus fruste et plus laborieuse, moins triomphante. Le Gouvernement ne communique plus frontalement sur la sécurité des injections (exit le message « Les vaccins sont sûrs et sauvent des vies »), qui est abordée marginalement dans la foire aux questions : https://www.health.gov.au/our-work/covid-19-vaccines/is-it-true#are-covid19-vaccines-safe-.
Question : Les vaccins sont-ils sûrs ?
Le discours porte dorénavant exclusivement sur les efforts mis en œuvre par le régulateur australien (Therapeutic Goods Administration, TGA), le fonctionnement de l’institution et sa « bonne volonté » à garantir des vaccins dont la balance bénéfice-risque soit positive. On est donc passé d’une obligation de résultat à une obligation de moyens :
La Therapeutic Goods Administration (TGA) emploie les scientifiques et les experts médicaux qui réglementent et approuvent les vaccins, les médicaments et les autres produits médicaux destinés à être utilisés en Australie. La TGA vérifie la qualité, la sécurité et l’efficacité de tous les vaccins COVID-19 avant d’approuver leur utilisation en Australie. Il s’agit du même processus que pour tous les vaccins en Australie.
https://www.health.gov.au/our-work/covid-19-vaccines/is-it-true#are-covid19-vaccines-safe-
Les experts médicaux de la TGA vérifient continuellement tous les vaccins pour s’assurer qu’ils sont sûrs. L’utilisation des vaccins n’est approuvée en Australie qu’après une évaluation montrant que les avantages du vaccin l’emportent sur les risques.
Des millions de personnes dans le monde ont reçu les vaccins COVID-19, ce qui nous permet de disposer de preuves et de données réelles à l’appui de l’utilisation des vaccins.
Question : Les vaccins contre la COVID-19 provoquent-ils l’infertilité ?
C’est dans cette rubrique que sont données les rares informations sur la sécurité des injections pendant la grossesse. Là encore, le Gouvernement ne se prononce pas sur cette question, il se contente d’affirmer qu’il n’existe pas de preuves de toxicité pour la grossesse et le développement du fœtus. Il avait pourtant l’occasion de le faire puisqu’il explique que la vaccination est sans danger pour les femmes qui allaitent ou qui souhaitent tomber enceintes :
Il n’y a actuellement aucune preuve que les anticorps formés par la vaccination contre la COVID-19 causent des problèmes de grossesse, y compris le développement du placenta.
https://www.health.gov.au/our-work/covid-19-vaccines/is-it-true#do-covid19-vaccines-cause-infertility
Les personnes qui essaient de tomber enceintes maintenant ou qui prévoient d’essayer à l’avenir peuvent recevoir tous les vaccins et doses COVID-19 recommandés.
La vaccination contre la COVID-19 est sans danger pour les femmes qui allaitent et les femmes qui prévoient une grossesse.
Conclusion
Je ne sais pas comment une Australienne comprend ces recommandations paradoxales ni si elle interprète ces informations comme une garantie que les vaccins ne nuiront pas à sa grossesse. On peut toutefois s’interroger sur les motivations scientifiques du Gouvernement australien à soutenir l’efficacité des vaccins COVID-19 chez les femmes enceintes. Il évoquait en mars 2023 « les premiers essais cliniques » sans préciser quels étaient les seconds, en l’occurrence la vaccination sauvage de milliers de femmes induites en erreur par le « manque de transparence » des autorités sanitaires. Il est dommage qu’il n’explique pas le plus simplement du monde aux jeunes Australiennes qu’il s’est très lourdement trompé en présentant les résultats de l’essai clinique que Pfizer a finalement été contraint de publier en juillet 2023. Nous avons détaillé le volet des risques et de la sécurité dans un précédent article, mais nous n’avions pas communiqué le taux d’efficacité obtenu par Pfizer. Cette efficacité est, selon les propres termes du laboratoire, de 3,8 %.
Au-delà du contexte australien, nous aimerions comprendre sur la base de quels arguments l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) et la Haute Autorité de santé (HAS) continuent de recommander, au 1er juillet 2024, la vaccination des femmes enceintes.