Feuilleton
H5N1 : Douze choses à savoir avant la tempête (épisode 4)
Personne ne peut dire si l’épizootie de grippe A H5N1 qui sévit actuellement dans le monde animal deviendra une pandémie, mais on dispose déjà d’une série d’indices qui suggèrent que ce scénario a été anticipé de longue date.
1. La fondation Bill et Melinda Gates a financé les recherches ayant permis d’adapter le virus H5N1 à l’homme
En novembre 2009, la fondation Bill et Melinda Gates octroie une subvention de 9,5 millions de dollars pour une durée de cinq ans à l’Université du Wisconsin-Madison (UWM) afin qu’elle identifie les mutations nécessaires pour qu’un virus de la grippe H5N1 devienne hautement pathogène chez l’homme. Le chercheur principal pour ce projet est le Pr Yoshihiro Kawaoka.
L’objectif déclaré de ces recherches était de permettre aux scientifiques de repérer cette mutation au cas où elle se produirait dans la nature afin d’anticiper une pandémie mortelle, une configuration jugée récemment hautement improbable par le directeur des CDC lorsque le virus évolue naturellement.
2. Elle a également financé un projet de vaccin en prévision d’une pandémie de H5N1
En 2008, soit un an avant le financement des travaux sur le virus, la fondation Bill et Melinda Gates avait attribué une subvention de 8,6 millions de dollars à l’ONG Fraunhofer USA, pour concevoir une technologie permettant de développer et de produire des vaccins contre un virus pandémique de grippe aviaire H5N1 hautement pathogène. La subvention n’est déclarée que sur le site de la fondation Bill et Melinda Gates, qui ne propose pas de description détaillée de ses objectifs. Pourquoi a-t-elle financé un projet de vaccin avant d’évaluer le risque d’émergence naturelle d’une pandémie ?
3. Ces travaux ont abouti en 2012 à la création d’une chimère humaine de H5N1
En 2011, Yoshihiro Kawaoka et le virologue danois Ron Fouchier parviennent à modifier le virus H5N1, chacun de leur côté, pour le rendre transmissible par gouttelettes entre des furets, le modèle animal le plus proche de l’homme, aussi facilement qu’une grippe mais sans provoquer de décès. En 2012, les deux chercheurs s’associent et réussissent à modifier génétiquement le virus pour créer une souche transmissible entre humains, mais cette fois-ci potentiellement mortelle. L’article dans lequel cette découverte est publiée mentionne qu’elle a été financée par la fondation Bill et Melinda Gates et le NAID-NIH dirigé par le Dr Anthony Fauci.
4. La dangerosité de ces travaux est à l’origine du moratoire de 2012 sur les expériences de gain de fonction
La dangerosité de ces travaux est telle que les éditeurs sollicités par Kawaoka et Fouchier demanderont l’aval du Conseil scientifique consultatif américain pour la biosécurité (NSABB) avant d’en publier une version expurgée. Ils seront jugés suffisamment inquiétants par la communauté scientifique pour qu’elle réclame une pause de deux mois dans les recherches sur la grippe H5N1. Ces expériences sont considérées, y compris par leurs auteurs, comme des expériences de gain de fonction (GoF).
5. Deux accidents se sont produits en 2013 et 2019 dans le laboratoire de l’UWM
Le CDC et le NIH sont alertés en 2013 de la survenue d’un accident dans le laboratoire de l’UWM qui héberge les recherches de Kawaoka, révélant qu’il a menti au NIH sur les conditions de sécurité pour obtenir une subvention. Cet accident conduira à un second moratoire sur les expériences de GoF en 2014. Le financement du NIH sera officiellement réautorisé en 2017, les recherches reprendront deux ans plus tard. En 2019, un nouvel accident se produit dans le laboratoire de l’UWM, avec là encore des manquements graves aux consignes de sécurité.
6. Plusieurs éléments suggèrent que le virus pourrait avoir été manipulé en laboratoire, au Pays-Bas ou aux États-Unis
Le laboratoire national de recherche sur la volaille du sud-est (SEPRL) du ministère américain de l’Agriculture (USDA), basé à Athens, en Géorgie, a effectué des recherches de type GoF sur des virus H5N1 en 2008[1],[2]. En 2023, il rapporte des expériences de passage en série réalisées en 2021-2022 sur des canards colverts avec le clade du virus H5N1 qui correspond à la souche en circulation (clade2.3.4.4b)[3].
L’USDA ne référence pas le projet dans lequel a été conduite cette étude (pourquoi ?), mais on sait qu’il a également conclu un accord de collaboration (6040-32000-081-013-A) entre les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine le 1er avril 2021, d’une durée de cinq ans, pour des travaux qui s’apparentent explicitement à des expériences de GoF.
Le CDC a financé une étude en 2020[4] impliquant des chercheurs du Centre national de recherche avicole d’Athens (US National Poultry Research Center), Ron Fouchier (Rotterdam) et Yoshihiro Kawaoka (Wisconsin), visant à évaluer le potentiel pandémique de la souche H5N1 actuellement en circulation. Or celle-ci a été détectée pour la première fois au Pays-Bas en 2020.
Selon Hulscher et al., plusieurs mutations génétiques suggèrent également des liens possibles entre la souche en circulation et les expériences de passage en série réalisées en 2021-2022 en Géorgie. Ces éléments posent donc la question d’une fuite de laboratoire aux Pays-Bas ou en Géorgie, à l’origine de la résurgence de la grippe A en 2020-2021.
7. L’OMS exhorte le monde à se préparer à une pandémie malgré un risque jugé faible
L’OMS alerte depuis plus d’un an sur l’imminence d’une pandémie de grippe A H5N1. Un accord mondial visant à renforcer la collaboration entre les États et imposer des contre-mesures sanitaires en cas de pandémie est en gestation depuis février 2022. Il a été rejeté en mai dernier mais le Règlement sanitaire international (RSI), qui constitue le socle juridique de l’action de l’OMS, a été amendé au forceps le 1er juin, pour y inclure les articles controversés de l’Accord.
Le 18 avril 2024, le nouveau scientifique en chef de l’OMS, Jeremy Farrar, a fait part de son « énorme inquiétude » face à la propagation du virus H5N1 à de nombreuses espèces de mammifères, qui pourrait acquérir la capacité de se transmettre d’humains à humains. Ni Jérémy Farrar ni le directeur de l’OMS n’évoquent le risque d’échappement du virus d’un laboratoire, qui serait pourtant, selon l’ancien directeur des CDC, Robert Redfiled, qui a émis très tôt cette hypothèse concernant le COVID, la condition pour qu’une pandémie émerge prochainement.
8. L’actuel scientifique en chef de l’OMS est impliqué dans la tentative de dissimulation des origines du COVID
Jeremy Farrar a été promu au poste de scientifique en chef de l’OMS en 2020 mais n’a pris ses fonctions qu’en 2023. Il est l’un des destinataires d’un e-mail déclassifié adressé par Anthony Fauci le 1er février 2020 au lendemain de la découverte, dans le génome du SARS-CoV-2, d’une séquence incompatible avec une origine naturelle. Fauci y fait part de ses inquiétudes en raison de la proximité du marché de Wuhan avec le laboratoire P4 où l’on suppose aujourd’hui qu’il a financé des expériences de gain de fonction en lien direct avec la pandémie de COVID. Il propose dans ce mail d’alerter le FBI et le MI6 et de commander une étude démontrant que le virus ne peut pas avoir été créé en laboratoire.
Jeremy Farrar cosignera quelques mois plus tard la tribune du Lancet écrite en 2020 par une trentaine de scientifiques réfutant catégoriquement cette hypothèse. Elle cite notamment l’étude frauduleuse commandée par A. Fauci[5]. Sa nomination à la direction scientifique de l’OMS et l’immunité qu’elle lui confère de fait sont-elles la rétribution de son silence ? A-t-il été recruté pour être à l’avant-poste et déclaré une urgence pandémique le moment venu ?
9. Les concepteurs de la chimère de H5N1 sont affiliés à l’OMS
Yoshihiro Kawaoka et Ron Fouchier, les deux concepteurs de la chimère humaine de H5N1, figurent sur la liste des membres du Centre collaborateur de l’OMS pour la modélisation, l’évolution et le contrôle des maladies infectieuses émergentes de l’Université de Cambridge. Ils siègent au Conseil consultatif du Centre aux côtés de Jérémy Farrar. On peut donc s’étonner qu’il soit moins informé que nous.
10. La menace d’une nouvelle pandémie s’appuie sur les modélisations de McKinsey
La crainte d’une nouvelle pandémie repose en partie sur rapport rédigé en juin 2021 par un « panel indépendant de haut niveau » (HLIP) à partir des recommandations de la fondation Bill et Melinda Gates, du Forum économique mondial (WEF) et de l’Imperial College de Londres. On retrouve là encore le nom de Jérémy Farrar parmi la liste des conseillers du HLIP.
Leurs préconisations se fondent sur une modélisation réalisée par le cabinet de conseil McKinsey et une société de données affiliée au WEF, Metabiota, citée dans l’enquête du Congrès américain sur les origines du COVID pour ses liens avec l’ONG EcoHealth Alliance[6]. Bien que le rapport préconise des investissements de plusieurs milliards de dollars annuels pour contrer la menace de nouvelles pandémies, il ne fournit pas la source de ses données. Un collectif de chercheurs de l’université de Leeds a donc tenté de les reconstituer. L’étude démontre au contraire que le fardeau pandémique n’a cessé de diminuer au cours des cent dernières années, en termes de fréquence d’événements et de mortalité. L’une des contre-mesures phares est bien entendu un accès généralisé et plus rapide à des vaccins innovants.
11. L’Europe fait le plein de vaccins
L’Europe a déjà préempté plus de 150 millions de doses en prévision d’une pandémie, mais elle dispose déjà d’un arsenal de vaccins traditionnels. Sept ont été homologués depuis 2009, dont deux nouveaux en 2024 (Celldemic et Incellipan, du laboratoire CSL Sequirus), mais un seul (Aflunov/Sequirus) bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché standard, obtenue en 2010 sans données d’efficacité. C’est aussi le seul vaccin homologué pour une utilisation hors pandémie.
Aucun de ces sept vaccins n’a été testé chez les femmes enceintes, et la plupart n’ont pas été évalués chez les personnes immunodérpimées et/ou présentant des comorbidités. Les notices vaccinales mentionnent toutes des « risques potentiels importants », incluant des troubles neurologiques, immunitaires, vasculaires ou hépatiques (sclérose en plaques, syndrome de Guillain-Barré, paralysie de Bell…). La liste est vertigineuse. Hormis le vaccin nasal d’Astra Zeneca, tous contiennent du polysorbate 80, toxique pour la reproduction, ainsi qu’un adjuvant à base de squalène, le AS03 ou le MF59, soupçonné d’être à l’origine des cas de narcolepsies et cataplexies observés en 2009 avec le vaccin antigrippal Pandemrix.
Pfizer et Moderna ont chacun commencé à développé un vaccin ARNm. La phase 1/2 devrait s’achever fin juillet pour le vaccin Moderna, le laboratoire serait sur le point de conclure un accord avec le gouvernement américain pour le financement de la phase 3. Des pourparlers seraient en cours avec Pfizer dont les chercheurs ont publié des résultats préliminaires. L’objectif : pouvoir produire des doses en quantités industrielles et adapter le vaccin en temps réel à une nouvelle souche…
12. L’hydroxychloroquine a démontré il y a dix ans qu’elle était efficace contre le virus H5N1
L’efficacité de l’hydroxychloroquine contre le virus de la grippe aviaire H5N1 a été démontrée en 2013[7] par des chercheurs chinois, dans une étude sur des souris dont elle a réduit la mortalité de 70 % à 8 jours. Ils estimaient à l’époque que sa « très grande efficacité » en faisait un candidat prometteur pour un traitement et encouragaient à conduire des essais cliniques sur l’homme.
Les gouvernements oseront-ils reproduire la même folie que pour le COVID si une pandémie se déclare et priver à nouveau les patients d’un traitement parmi les plus sûrs au plus monde pour permettre l’homologation de produits expérimentaux, sans aucune donnée de sécurité ?
À suivre…
Références
[1] Wasilenko JL, Lee CW, Sarmento L, Spackman E, Kapczynski DR, Suarez DL, et al. NP, PB1, and PB2 viral genes contribute to altered replication of H5N1 avian influenza viruses in chickens. J Virol. 2008;82(9):4544-4553. https://doi.org/10.1128/jvi.02642-07.
[2] Hulscher N, Leake J, McCullough P. Proximal origin of epidemic highly pathogenic avian influenza H5N1 Clade 2.3.4.4b and Spread by Migratory Waterfowl. Preprints 2024, 2024060060. https://doi.org/10.20944/preprints202406.0060.v1.
[3] Youk S, Torchetti MK, Lantz K, Lenoch JB, Killian ML, Leyson C, et al. H5N1 highly pathogenic avian influenza clade 2.3.4.4b in wild and domestic birds: Introductions into the United States and reassortments, December 2021-April 2022. Virology. 2023 Oct;587:109860. https://doi.org/10.1016/j.virol.2023.109860.
[4] Yamaji R, Saad MD, Davis CT, Swayne DE, Wang D, Wong FYK, McCauley JW, Peiris JSM, Webby RJ, Fouchier RAM, Kawaoka Y, Zhang W. Pandemic potential of highly pathogenic avian influenza clade 2.3.4.4 A(H5) viruses. Rev Med Virol. 2020 May;30(3):e2099. https://doi.org/10.1002/rmv.2099.
[5] Andersen KG, Rambaut A, Lipkin WI, Holmes EC, Garry RF. The proximal origin of SARS-CoV-2. Nat Med. 2020 Apr;26(4):450-452. https://doi.org/10.1038/s41591-020-0820-9.
[6] Cette accusation se fonde sur un échange d’emails déclassifiés, et est officiellement portée par des membres du Congrès américain : https://usrtk.org/wp-content/uploads/2022/01/China-GenBank-sequences.pdf.
[7] Yan Y, Zou Z, Sun Y, Li X, Xu KF, Wei Y, et al. Anti-malaria drug chloroquine is highly effective in treating avian influenza A H5N1 virus infection in an animal model. Cell Res. 2013 Feb;23(2):300-2. https://doi.org/10.1038/cr.2012.165.