International

Équipe Le Point Critique | 19 mai 2024

Confusion médiatique autour de l’attentat du Premier ministre slovaque

Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a été victime d’une tentative d’assassinat le 15 mai 2024. Ce drame succède à plusieurs prises de position contraires aux intérêts de Bruxelles, de l’OMS et de l’OTAN. La presse mainstream récuse tout lien avec ce drame, mais sa partialité pose question.

Bâtiment du Parlement à Bratislava, Slovaquie, illustration
Bâtiment du Parlement à Bratislava, Slovaquie, illustration | © iStock/Vrabelpeter1

Plusieurs voix se sont immédiatement élevées pour dénoncer une tentative d’assassinat politique, commise par un homme isolé. L’auteur présumé des faits, Juraj Chintula, a été dépeint par la presse comme un écrivain de gauche, fondateur du mouvement Hnutie proti nasiliu (Mouvement contre la violence) et membre du parti pro-européen Slovaquie progressiste. Les motivations de son geste demeurent inconnues, mais selon le journal Le Monde, ce drame est « une leçon pour l’ensemble des démocraties en butte au fléau de la polarisation politique croissante ».

À contre-courant de cette thèse, Courrier international rapporte la réaction de Margarita Simonyan, rédactrice en chef du media RT qualifié de « chaîne de propagande du Kremlin », qui a spontanément pointé l’implication du gouvernement ukrainien  :

Le Premier ministre slovaque est blessé. Celui qui disait que l’opération spéciale avait commencé à cause des néonazis ukrainiens et que Poutine n’avait pas d’autre choix. C’est comme ça qu’ils fonctionnent.

Margarita Simonyan, 15/05/2024

Le trublion « prorusse » qui inquiète l’Europe

Ces accusations font écho aux précédentes déclarations de Robert Fico selon lesquelles la guerre en Ukraine aurait débuté en 2014 dans le Donbass au lendemain de la Révolution de Maïdan, décrite par certains analystes comme un « coup d’État fasciste soutenu par l’Occident ». Cette chronologie revendiquée par la Russie et contestée par les pays membres de l’OTAN est confirmée par le rapport de la Rand Corporation[1] de 2019, commandé par le Pentagone, qui propose une analyse de la manière la plus efficace d’« exploiter les vulnérabilités et les inquiétudes  » de la Russie :

L’armée ukrainienne saigne déjà la Russie dans la région du Donbass (et vice versa). Fournir davantage d’équipements militaires et de conseils américains pourrait amener la Russie à accroître son implication directe dans le conflit et à accroître le prix qu’elle en paie. La Russie pourrait réagir en lançant une nouvelle offensive et en s’emparant davantage du territoire ukrainien. […] La plupart de ces mesures – que ce soit en Europe ou au Moyen-Orient – risquent de provoquer une réaction russe qui pourrait imposer des coûts militaires importants aux alliés des États-Unis […]. L’augmentation des conseils militaires et des livraisons d’armes à l’Ukraine est la plus réalisable de ces options, avec le plus grand impact, mais toute initiative de ce type devrait être soigneusement calibrée pour éviter un conflit largement étendu.

Dobbins J, et al. Extending Russia: Competing from advantageous ground. Rand Corporation; 2019 Apr 24.

Elles sont néanmoins jugées peu crédibles par The Daily Telegraph, dans la mesure où la Slovaquie est un État membre de l’UE et de l’OTAN – deux organisations auxquelles l’Ukraine souhaite elle-même adhérer –, mais le média conservateur anglais omet de préciser que Robert Fico s’oppose fermement à la seconde proposition qui devrait être débattue en juillet prochain à Washington. Ce serait bien évidemment excessif d’y voir un mobile, mais il est profondément malhonnête d’exclure cette hypothèse au prétexte que l’Ukraine souhaite devenir un membre de l’OTAN.

La chaîne LCI a également largement commenté cette hypothèse, en rappelant la décision prise il y a quelques mois par le gouvernement slovaque de mettre un terme aux livraisons d’armes en Ukraine et de ne pas voter de nouvelles sanctions contre la Russie contraires aux intérêts de son pays, une  position anti-belliciste[2] qui a valu à la Slovaquie d’être exclue de la conférence ministérielle organisée le 7 mars par la France. La revue Conflits parle ouvertement du « problème Fico » pour décrire le casse-tête que représenterait ce leader « prorusse » pour ses partenaires européens et l’agacement qu’il suscite outre-Atlantique.

Une indignation de la presse à géométrie variable

Deux autres éléments de contexte ont été apportés par LCI le soir de l’attentat visant à dresser le portrait d’un dirigeant populiste, dont le projet politique pourrait expliquer le climat de haine reflété par cet attentat.

Loi sur les ONG : le dispositif slovaque n’est qu’une pâle copie du dispositif américain

Le premier concerne une modification législative, similaire à un projet de loi adopté transitoirement en Hongrie en 2017 et en 2012 en Russie, visant à identifier les ONG bénificiant d’un financement international (plus de 5 000 euros par an) et obligeant chaque association à publier la liste de l’ensemble de ses donateurs.

L’approbation du texte par le Parlement, fin avril, a provoqué un tollé dans le monde associatif, Amnesty International dénonçant une « attaque frontale contre la société civile ». Parmi ces détracteurs figure Fedor Blaščák, directeur de l’Open Society Foundation (OSF), un réseau tentaculaire d’ONG créé en 1979 par le milliardaire américain George Soros, qui ne s’est jamais caché de vouloir peser de tout son poids sur l’avenir de l’Ukraine. Au point de s’agacer des critiques de Robert Fico critiques à l’encontre de l’alignement pavlovien de l’Europe sur l’agenda de Washington et de la corruption du gouvernement ukrainien ?

En mars 2022, il affirmait vouloir y investir 100 milliards de dollars via son satellite local, l’International Renaissance Fondation (IRF), cofinancé par l’OSF et le Congrès américain. Selon le site Le Dialogue, le pays serait « la plus grande fierté » de George Soros, qu’il est accusé d’avoir préparé à la guerre depuis 1990 à travers quelque 9 000 projets, dont 400 pour la seule année 2023 :

La révolution de l’Euromaïdan a été planifiée, financée et exécutée avec l’aide d’ONG financées par les USA. Les Américains, qui veulent impérativement éloigner la Russie de l’Europe, n’ont pas attendu la fin de la République socialiste soviétique pour s’ingérer dans les affaires internes ukrainiennes.

Mirkovic N. Ces ONG américaines qui ont préparé l’Ukraine à la guerre depuis les années 1990 [2-2]. Le Dialogue. 2023 Aug 10.

Le milliardaire financerait également plusieurs organisations militant pour des « réformes systémiques » en Slovaquie, notamment celle dont serait issue la présidente sortante de la République slovaque, Zuzana Čaputová :

L’IREX a financé un certain nombre de bourses pour des militants libéraux du pays, dont au moins un qui a continué à travailler pour Aktuality.sk – l’un des médias que Fico a accusés d’avoir attisé la haine politique en Slovaquie et qui, selon lui, pourrait conduire à un assassinat politique juste un mois avant la fusillade de mercredi.

Brainless Partisans. Robert Fico était-il la prochaine cible de la « révolution de couleur » de l’Occident ? 2024 May 18.

Dans ce contexte, la loi sur le financement des ONG étrangères est-elle aussi choquante que le suggère la presse française ? Étonnamment, celle-ci s’est gardée de rappeler que le dispositif mis en place par le gouvernement Fico n’est en réalité qu’une pâle copie du Foreign Agents Registration Act (FARA) américain qui impose depuis 1938 l’enregistrement de l’ensemble des personnels travaillant pour le compte d’une entité étrangère dans le but de mener des actions politiques aux États-Unis ou d’influencer un fonctionnaire ou le public américain – ce qui est le but déclaré de l’OSF ou de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), dont la Slovaquie est officiellement revendiquée comme une cible.

La législation américaine est en réalité beaucoup plus stricte que celle visée par le projet de loi slovaque, puisque cette inscription doit être réalisée dans les dix jours suivant l’accord conclu avec le mandant étranger, avant le démarrage de toute activité et quel qu’en soit le montant.

Deux autres lois viennent renforcer ce dispositif : le Lobbying Disclosure Act (LDA) et le Federal Election Campaign Act (FECA) qui interdit les contributions financières, donations et dépenses émanant directement ou indirectement d’un ressortissant étranger non résident ou d’un mandant étranger en lien avec des élections fédérales, étatiques ou locales.

Loi sur l’audiovisuel : quid du modèle français ?

La seconde réforme concerne le service public audiovisuel, que l’opposition slovaque accuse le gouvernement de vouloir transformer en outil de propagande. En cause, la création d’un nouvel organe de diffusion et le renforcement du droit de regard de l’État sur les modalités de désignation de son directeur général (et donc des contenus diffusés).

Le texte de loi slovaque, voté le 26 avril 2024, a provoqué un tollé dans la presse française, le journal Le Monde fustigeant la volonté de la majorité parlementaire de n’« autoriser qu’une seule voix sur le COVID et l’Ukraine ». Une indignation qui contraste avec son mutisme face aux récentes déclarations de la nouvelle directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, également épouse de Raphaël Enthoven, éditorialiste à l’hebdomadaire Franc-Tireur[3] et présenté en avril 2023comme le « dernier soutien d’Emmanuel Macron ». Nommée à quelques semaines de la dernière élection présidentielle par Sibyle Veil, ancienne camarade de promotion du chef d’État, elle a scandalisé une partie des Français le 21 avril dernier en annonçant que France Inter ne donnerait la parole qu’à des personnalités dont la ligne de pensée est conforme au corpus idéologique de la direction, notamment sur la question climatique. Elle a confirmé à cette occasion que c’est cette ligne de conduite qui a été observée durant la pandémie de COVID-19.

On peut donc s’étonner que le projet de loi slovaque soit dépeint avec autant de virulence par la presse française, voire qu’il soit présenté par Radio France comme un mobile de la tentative d’assassinat du Premier ministre slovaque.

Le volet sanitaire pudiquement occulté par les médias

Le contexte politique de cet attentat a été abondamment commenté, mais aucun média mainstream n’a rappelé le double engagement du Premier ministre slovaque sur le front sanitaire : enquêter sur la manière dont la précédente majorité a géré la réponse sanitaire durant la période COVID, et ne pas signer le traité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les pandémies.

Le « complot Leyen-Pfizer »

Concernant le premier point, la détermination de Robert Fico est totale. Dès 2021, il s’était violemment opposé à la vaccination « expérimentale » contre le COVID, notamment des enfants. En janvier 2024, il s’est engagé solennellement devant la nation à conduire un audit sur les conditions d’achats de vaccins contre le COVID-19, qu’il accuse d’être responsables du décès de 20 000 concitoyens.

Le public slovaque a simplement besoin d’une réponse. Il a besoin d’une réponse sur la vaccination, ce qu’elle était en réalité. Pourquoi les gens ont-ils été vaccinés avec divers vaccins expérimentaux. Pourquoi toutes sortes de drogues ont été imposées aux gens.
Nous avons décidé de créer un Bureau plénipotentiaire du Gouvernement pour examiner ces questions. Nous publierons et dirons au public slovaque ce qui s’est réellement passé pendant cette période de COVID.

Wilson R. Slovakia: Prime Minister launches investigation into the “whole covid circus” and chooses an “anti-vaxxer” to lead it. 2024 Jan 30.

Les conclusions de cette enquête, qui pourrait déboucher sur une investigation au sein du Parlement européen visant la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont été divulguées le 25 avril 2024. Elles confirment la démesure des contrats et la présence de clauses léonines en faveur des laboratoires, qui obligent la Slovaquie à commander de nouvelles doses jusqu’en 2026.

La Slovaquie n’est pas le seul pays à contester le piège que constituent ces contrats, mais Robert Fico est le seul homme politique d’un tel rang à avoir abordé la question de l’opacité des contrats et des décès postvaccinaux à la tribune d’un Parlement.

Le refus de se soumettre à l’OMS

Concernant le second point, la Slovaquie a confirmé le 10 mai 2024 au siège de l’OMS qu’elle ne signerait « aucun document affaiblissant la position de la Slovaquie en tant qu’État souverain ». Cette annonce confirme l’engagement pris solennellement par Robert Fico il y a quelques mois, devant son parti, de s’opposer au viol de la souveraineté de son pays par l’OMS organisée par ce traité (traduit en en anglais par global vaccine treaty) et par la révision du Règlement sanitaire international, en cours de négociation actuellement.

Là encore, la Slovaquie n’est pas le seul État[4] à s’opposer à ce projet sanitaire, qui pourrait permettre demain à des groupes pharmaceutiques d’imposer des injections délétères aux concitoyens du monde entier sur simple décision du directeur de l’OMS, mais là encore, Robert Frico est l’un des rares dirigeants européen à dénoncer l’influence des laboratoires sur la politique sanitaire de l’OMS et à considérer le traité sur les pandémies comme un projet criminel.

La piste ukrainienne corroborée par de nouveaux éléments

Qui veut la peau de Robert Fico ? La question reste entière, mais une chose est sûre, il ne fait pas bon faire campagne pour la paix et contre le lobby pharmaceutique en 2024. L’analyse de la presse française et sa promptitude à écarter toute ingérence étrangère dans ce projet d’attentat laissent en tout cas perplexe. On apprenait en effet il y a quelques jours, via les réseaux sociaux, que l’assaillant aurait participé le 24 avril dernier à une manifestation en faveur de la guerre en Ukraine dont sa compagne serait originaire. Selon une nouvelle indiscrétion, la police slovaque aurait reçu des captures d’écran de la correspondance entre l’épouse du terroriste et les services de renseignement ukrainiens. Enfin, selon le dernier point de situation du quotidien Pravda, les messages postés par le tireur depuis son compte Facebook auraient été intégralement supprimés deux heures après l’attentat, ce qui contredit la thèse officielle du loup solitaire.

Margarita Simonyan aurait-elle vu juste depuis le début ?


Notes

[1] Institution américaine de recherche et de conseil créée par l’Armée de l’air américaine afin d’épauler le gouvernement américain dans ses choix stratégiques. Son champ de compténces et sa clientèle se sont élargis depuis à d’autres domaines et d’autres types d’acteurs, publics ou privés (France Science).

[2] La Slovaquie n’a pas suspendu son soutien humanitaire et civil à l’Ukraine. Elle n’interdit pas non plus aux entreprises d’armement d’exporter des armes en Ukraine. Robert Fico a également qualifié l’intervention de la Russie en Ukraine de « violation flagrante du droit en Ukraine » (Euractiv), mais il estime que cette guerre ne concerne pas la Slovaquie. Le 26 octobre dernier, il a déclaré que l’Union européenne « devrait passer du statut de fournisseur d’armes à celui d’artisan de la paix » (Euractiv), une voie sur laquelle il souhaitait engager concrètement son pays en organisant au plus vite des pourpalers avec l’Ukraine (TV5Monde).

[3] Franc-Tireur est un hebdomadaire créé en 2021 et dont l’actionnaire majoritaire est le milliardaire tchèque Daniel Křetínský.  Cité dans le scandale des Panama papers aux côtés du ministre macroniste Sylvain Maillard, il est présenté par Wikipedia comme un libéral, soutien de l’OTAN. Wikipedia rappelle également la polémique provoquée le 19 avril 2022, dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle, par son « intervention directe » dans la ligne éditoriale du magazine Marianne, dont il aurait fait modifier la une pour afficher un soutien à la candidature d’Emmanuel Macron.

[4] L’Estonie, les Philippines, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et tout récemment le Royaume-Uni ont confirmé qu’ils rejetaient le traité, les Pays-Bas demandent des garanties pour le maintien de leur souverainte.

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