Fil d’actualité
Niger, le sommet d’Abuja annonce-t-il une tempête internationale ?
Le président nigérian Bola Tinubu, actuellement à la tête de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a annoncé hier « le déploiement des forces armées en attente » en vue de la restauration de « l’ordre constitutionnel ». Aucun détail n’a cependant été communiqué sur les modalités dudit déploiement.
L’organisation réaffirme cependant dans son communiqué sa volonté de « parvenir à une solution pacifique » et, ajoutant que « tout n’était pas perdu », exprime son optimisme relatif face à la situation.
À son retour dans la capitale ivoirienne, le président Alassane Ouattara a quant à lui énuméré les interventions d’ores et déjà effectuées par la CEDEAO visant à « restaurer l’ordre constitutionnel » au Liberia, en Guinée-Bissau, Sierra Leone et Gambie avant de confirmer que les chefs d’États ouest-africains avaient donné leur aval pour un lancement des opérations « dans les plus brefs délais ».
Par la voix du ministre des Affaires étrangères, la France réitère de son côté « son plein soutien à l’ensemble des conclusions » de la CEDEAO et condamne à nouveau « fermement » les putschistes de Niamey.
Depuis le 26 juillet dernier, une certaine synchronisation des éléments de langage semble de rigueur, tant sur la scène internationale que régionale.
Emmanuel Macron, les présidents Biden, Outtara et Tinubu en ont ainsi tour à tour appelé au « retour à l’ordre constitutionnel », ravivant ainsi parfois gênes et tensions internes liées aux récentes dérives de leurs propres politiques intérieures.
De leur côté, le Mali et le Burkina Faso ont d’ores et déjà annoncé leur soutien au changement de régime de Niamey alors que l’Algérie, redoutant sans doute à sa frontière sud une guerre par procuration pouvant mener à un embrasement régional, se dit encore défavorable à toute action militaire extérieure.
À Paris, l’échec militaire au sahel, lourdement ressenti après les coups d’État de 2020 et 2022 au Mali et au Burkina Faso, rend à l’évidence impossible tout engagement direct au côté de la CEDEAO, mais le rythme effréné des communiqués officiels semble toutefois indiquer que l’Élysée, cherchant à préserver ses intérêts géostratégiques au Niger, est bien à la manœuvre.
Avec plus de 25 % de la production mondiale d’uranium, le géant d’Afrique de l’Ouest est en effet le 3e fournisseur du précieux métal pour une France décidément bien mal en point sur le plan énergétique.
Alors que l’arrivée du groupe Wagner est de plus en plus évoquée dans un pays en proie à d’incessants mouvements jihadistes, les heures à venir pourraient être décisives pour un Niger en passe de devenir le nouveau point chaud d’une Afrique en pleine mutation géopolitique.